Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

98 REMARQUES SUR NICOMÈDE.

Vers 83. Si j'ai besoin de vous de peur qu'on me contraigne, J'ai besoin que le roi, qu'elle-même vous craigne.

Il faudrait, pour que la phrase fui exacte, la négation m qu'on ne me contraigne. En général, voici la règle. Quand les Latins emploient le ne, nous remployons aussi. Vereor ne cadat, je crains qu'il ne tombe; mais quand les Latins se servent d'w. utrum, nous supprimons ce ne. Dubito utrum ras, je doute que vous alliez; opto ut riras, je souhaite que vous viviez. Quand je doute est accompagné d'une négation : je ne doute pas, on la redouble pour exprimer la chose : Je ne douU pas que vous ne l'aimiez. La suppression du ne dans le cas où il est d'usage est une licence qui n"est permise que quand la force de l'expression la fait pardonner.

Vers 88. S'ils vous tiennent ici, tout est pour eux sans crainte

n'est pas français, et n'a de sens en aucune langue. Il veut dire : tout est sûr pour eux ; ils n'ont rien à craindre; ils sont maîtres de tout; Us peuvent i<>ui .■ tout 1rs rassure.

Vers 89. Et ne vous flattez point, ni sur votre grand cœur, Ni sur l'éclat d'un nom cent et cent fois vainqueur.

Un nom n'est pas vainqueur, à moins qu'on n'exprime que la terreur seule de ce nom a tout fait. On dit alors noblement son nom seul a vaincu. Il ne faut jamais se servir de ces mots inutiles,

cent et cent fois.

Vers 91. Quelque haute valeur que puisse être la vôtre

Ce vers est défectueux. Il est vrai qu'il n'était pas facile ; mais ce sont ces mêmes difficultés qui, lorsqu'elles sont vaincues, rendent la belle poésie si supérieure à la prose.

Vers 92. Vous n'avez en ces lieux que deux bras comme un autre.

Voilà de ces vers de la basse comédie qu'on se permettait trop souvent dans le style noble.

Vers tOt. Deux 'assassins) s'y sont découverts, que j'amène avec moi, Afin de la convaincre et détromper le roi.

Il faut, pour l'exactitude, et de détromper. Mais cette licence est souvent très-excusable en vers ; il n'est pas permis de la prendre en prose.

Vers 105. Trois sceptres, à son trône attachés par mon bras, Parleront au lieu d'elle, et ne se tairont pas.

��i

�� �� �