Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/567

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SUPPLÉMENT AUX OEUVRES EN PROSE.

Un livre doit être, connue un homme sociable, fait pour les besoins des hommes.

Quand un homme se porte bien, il a loutes les passions, c'est un vaisseau à toutes voiles. Dans la maladie, il n'a que la pas- sion de guérir, tant la nature est sage.

Les politiques ne sont pas les inventeurs de la religion. Ceux qui ont mis les taureaux au joug ont trouvé leurs cornes toutes faites.

Il n'y a que les ouvriers qui sachent le prix du temps ; ils se le font toujours payer.

Il semble que les Européans soient tous médecins : tout le monde demande comment on se porte.

Trois fameux scoliastes ne sont pas d'accord sur la forme de

la manche des Dacier, Grœvius, Saumaise. On se demande

si c'étaient trois tailleurs.

Ln simple mécanicien comme l'abbé Nollet, qui ne sait autre chose que les expériences nouvelles, est meilleur physicien que Démocrite et Descartes ; il n'est pas si grand homme, mais il sait plus et mieux.

Les grandes affaires entre les princes, les guerres, les révo- lutions, sont des orages dont on sent les coups sans connaître les vapeurs qui les ont formés.

Les bienfaits font sur le cœur le même effet que le feu sur nos corps : il échauffe, et, quand il est éteint, on sent encore un peu de sa chaleur, qui s'évanouit bientôt.

Suite des Contradictions.

L'empereur est assez puissant pour faire la guerre aux Turcs ; il ne l'est pas assez pour faire venir un vaisseau à Ostende.

La reine d'Espagne a conquis Oran et la Sicile, donné des lois à l'Amérique, et ne peut jouir de la ville de Gibraltar.

Jésus-Christ envoya ses apôtres pour chasser les démons expressément, et les ordonnances de France et d'Angleterre em- pêchent de croire aux démoniaques.

En France, les femmes sont régentes, et non reines ; ailleurs, reines, et non régentes.

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