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ANNÉE 1753. 95

2621. — RAPPORT DU BARON DE FREYTAG

DU 7 JUILLETl.

Unser weiHiiuftiger Rapport vom gestrigcn Dato wird zweifolsohno richlig ubcrk’omincn und oin guter Gebrauch davon gcniacht worden sein. Gleidiwie nun dcr von VoUaire seino Gcldor niclit selbslcu abholcn

qu’il profère contre moi, le conseiller Schmid, oui, mOmc contre Sa Majesté, il vaut mieux les oublier que d’y penser.

Nous n’avons pas reçu de réponse à nos lettres, l’une adressée à vous le 23 juin, l’autre adressée à Sa Majesté le 2G du même mois. En même temps estarrivé ici un ordre de Sa Majesté qui, à notre grande douleur, ne semble pas approuver du tout notre conduite, bien que nous n’ayons d’aucune façon manqué au zèle le plus dévoué, à l’exactitude, à la prudence.

Dans le premier ordre du roi du 11 avril, il est question de beaucoup de lettres et de manuscrits^ et ce que nous trouvâmes ne faisait qu’un modique paquet. Dans le second ordre du 29 avril on prescrivait que Voltaire devait faire venir à Francfort tous ses ballots , donc nous ne devions pas le laisser jmrtir sans avoir vérifié si ce paquet contenait toutes les lettres et nombreux manuscrits du roi. Notre attention n’était pas tant dirigée sur la clef et l’ordre, que sur les manuscrits, qui sont souvent estimés plus qu’argent et biens, d’autant plus qu’ils devaient être de la main auguste de Sa Majesté ; c’est pourquoi nous n’avons pas voulu ouvrir le ballot do Leipsick pour ignorer si le livre y était ou non.

Afin que Voltaire restât plus tranquillement prisonnier sur parole, je ne lui avais pas encore parlé du tout du retour des ballots de Hambourg et de Paris ; et si Sa Majesté n’avait pas été justement en Prusse, sa réponse serait arrivée avant le ballot de Leipsick, et alors il n’aurait pas pu abuser de mon billet donné simplement 2}i’0 forma (je puis le prouver par deux témoins) et en faire le prétexte de sa fuite. Mais s’il ne s’était pas servi de cela, il aurait inventé autre chose : car il avait tellement peur de la réponse du roi attendue de Berlin qu’on ne peut s’em. pécher de penser qu’il a commis ou qu’il a l’intention de commettre quelque énormité.

Donc il s’échappa contre parole et serment, après avoir quelques jours auparavant essayé en vain de se retirer dans l’asile des Johannites* et après avoir fait partir sa grande cassette et ses meilleurs effets. De plus, vous (très-haut et très-bien né) nous aviez mandé en date du 11 juin de ne pas nous préoccuper de l’impatience de Voltaire, mais de continuera agir comme auparavant, jusqu’à l’arrivée des nouveaux ordres du roi, qui devait revenir à Berlin sous peu de jours.

Comment alors était-il possible de le relâcher ? Qui a fait le « coup d’éclat » ? Nous aurions risqué corps et vie plutôt que de le laisser aller ; et si moi, le conseiller de guerre, je l’avais rattrapé non sous la barrière, mais déjà en pleine campagne, et qu’il eût refusé de retourner, je ne sais pas si je ne lui aurais pas envoyé une balle à travers la tête, tant les lettres et manuscrits du roi me tenaient à cœur.

Cependant quand nous avons reçu le dernier ordre du roi, enjoignant expressément de le lâcher, nous avons aussitôt retiré les deux hommes de garde, et nous lui avons fait remettre les deux paquets déposés chez moi, en lui faisant dire que nous viendrions en personne pour terminer le reste.

Sur ces entrefaites, il avait remué ciel et terre auprès du magistrat pour faire enlever la garde, s’était plaint de nous, avait remis mémoire sur mémoire, notam-

1. Éditeur, Varnhagen von Ense.

• Détail curieux, qu’on u’a point rolovo.