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troisième volume de l’histoire universelle, en attendant que je puisse publier à mon aise les deux premiers, qui demandaient toutes les recherches que j’ai faites à Senones ; et je publie exprès ce troisième volume pour confondre l’imposture qui m’a attribué ces deux premiers tomes si deffectueux. J’ai dédié exprès à l’électeur palatin ce tome troisième, parce qu’il a l’ancien manuscrit des deux premiers entre les mains ; et je le prends hardiment à témoin que ces deux premiers ne sont point mon ouvrage. Cela est, je crois, sans réplique, et d’auranr plus sans réplique que monseigneur l’électeur palatin me fait l’honneur de me mander[1] qu’il est bien aise de concourir à la justice que le public me doit.

Je rends compte de tout cela à mon héros. Mon excuse est dans la confiance que j’ai en ses bontés. Je le supplie de mander comment je peux faire pour lui envoyer ce troisième volume par la poste. Il aime l’histoire, il trouvera peut-être des choses assez curieuses, et même des choses dans lesquelles il ne sera point de mon avis. J’aurai de quoi l’amuser davantage quand je serai assez heureux pour venir me mettre quelque temps au nombre de ses courtisans, dans son royaume de Théodoric. Mme Denis, ma garde-malade, voulait avoir l’honneur de vous écrire. Elle joint ses respects aux miens. Nous disputons à qui vous est attaché davantage, à qui sent le mieux tout ce que vous valez, et nous vous donnons toujours la préférence sur tout ce que nous avons connu.

Vous êtes le saint pour qui nous avons envie de faire un pèlerinage. Je crois que six semaines de votre présence me feraient plus de bien que Plombières. Adieu, monseigneur ; votre ancien courtisan sera toujours pénétré pour vous du plus tendre respect et de l’attachement le plus inviolable,


2779. — À M. LE COMTE D’ARGENSON[2].
À Colmar, le 13 août.

Permettez, monseigneur, qu’on prenne la liberté d’ajouter un volume à votre bibliothèque. Voici un petit pavillon d’un bâtiment immense, dont les deux premières ailes, qu’on a données très-indignement, ne sont certainement pas de mon architecture. Si je vis encore un an, je compte bien avoir l’honneur

  1. Voyez sa lettre du 27 juillet, n° 2773.
  2. Et non au marquis de Paulmy. — Voyez Mémoires du marquis d’Argenson. éditeur, P. Jannet, tome V, page 56.