Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/545

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J’ai autant d’envie de vous plaire, monsieur, que de vous voir, de vous faire ma cour, de vous dire combien vos bontés me pénètrent. Il n’y a pas d’apparence que j’abandonne mes ermitages et un établissement tout fait dans deux maisons qui conviennent à mon âge et à mon goût pour la retraite. Je sens que, si je pouvais les quitter, ce serait pour vous, après toutes les offres que vous me faites avec tant de bienveillance. Je crois avoir renoncé aux rois, mais non pas à un homme comme vous.

Permettez-moi de présenter mes respects à Mme la comtesse de Tressan, et recevez les tendres et respectueux remerciements du Suisse Voltaire.

Je m’intéresse à Panpan[1] comme malade et comme ami.


3099. — À M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.
À Monrion, près Lausanne, ce 13 janvier.

Vous me proposez, monsieur, les plus belles étrennes du monde ; je les accepte d’un grand cœur. Il n’y a point de Suisse dans les Treize Cantons[2] qui aime mieux l’histoire de France que moi ; et c’est vous qui me l’avez fait aimer. Vous avez la bonté de m’annoncer votre cinquième[3] édition ; soyez sûr que vous verrez la trentième. Vous avez rendu un très-grand service au public, en augmentant d’un tiers un ouvrage si utile. Vous êtes d’ailleurs fort heureux qu’on ne vous vole point vos manuscrits, et qu’on ne vous les défigure pas.


J’en connais de plus misérables[4].


Vous me demandez comment on peut m’envoyer mes étrennes ; très-aisément, en les mettant à la poste avec le contre-seing d’un de vos amis, et en me les adressant en droiture à Genève. Il est vrai que je passe mon hiver dans mon ermitage auprès de Lausanne ; mais tout me vient par Genève, c’est la grande route.

Après le don de votre excellent livre, le plus grand plaisir que vous puissiez me faire, c’est de dire à Mme du Deffant com-

  1. Devaux.
  2. Depuis 1815 la Confédération helvétique est composée de vingt-deux cantons.
  3. Cette édition (1756, 2 vol. in-8°) de l’Abrégé chronologique, dont la huitième parut du vivant de Hénault, était dédiée à Marie Leckzinska, et portait, pour la première fois, le nom du président.
  4. Dernier vers du sonnet de Benserade sur Job.