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CORRESPONDANCE
7351. — À M. HENNIN.
À Ferney, lundi matin, 2 octobre.

Puisque vous mettez, monsieur, ce pauvre malade dans la nécessité de mettre un habit et des souliers, et de recevoir un duc de Bragance, il est juste que ce soit vous qui fassiez les honneurs du pays, et qui le receviez dans ma chaumière. J’avais pris le parti de le prier pour mardi ; mais comme malheureusement mardi est jour de casse, je lui demande en grâce, à lui comme à vous, que ce soit pour mercredi. Ayez la charité de réussir dans cette négociation. Je vous remercie de tout mon cœur de vos recommandations en faveur des pestiférés de Versailles[1]. V.

7352. — À M. HENNIN.
Lundi au soir, 2 octobre.

Vous daignez venir sans doute, monsieur, chez le vieux malade entre une ou deux heures, mercredi. Connaissez-vous M. de Menon, le nouveau contrôleur général ? Ah ! que la Riforma d’Italia[2] est un bon livre ! Qu’on laisse faire les Italiens, ils iront à bride abattue. Que vous êtes heureux ! vous verrez le jour de la révolution[3] dont je n’ai vu que l’aurore, et cela sera fort plaisant.

7353. — DE M. HENNIN.
Mardi, 3 octobre

J’avais dit, monsieur, à votre commissionnaire, qui me trouva sur le pont de Saint-Gervais, que ce que vous proposiez était décidé, et serait comme il vous plaisait. Nous nous rendrons demain à votre invitation à l’heure indiquée.

M. le baron de Swieten, ci-devant résident de l’empereur à Varsovie, a cru s’apercevoir que, dans tout ce que vous avez écrit ici, il n’est fait nulle mention de lui ; il en a conclu qu’à vos yeux les iniquités des pères retombaient sur les enfants. Je n’ai vu ce procédé autorisé dans aucun de vos

  1. Voyez lettres 7346 et 7355.
  2. Di una riforma d’Italia, osia dei mezzi di riformare i più cattivi costumi e le più perneciose leggi d’Italia, Villa-Franca, 1767, in-12. Il en existe une traduction incomplète, par Lebrun, sous le titre de l’Italie réformée, 1769, in-12, et une traduction complète par J. Manzon, sous le titre de Projet d’une réforme à faire en Italie, 1769, in-8°. L’auteur italien est Pilati de Tassulo.
  3. Voltaire ici a été prophète. Hennin n’est mort qu’en 1807.