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ACTl- I, SCÈNE IV. 195

Plus aveuglé que lui, plus faible à votre tour. Je vous connais assez ; mais, quoi qu’il en arrive. J’ai rayé Lucius, et je prétends qu’il vive.

À MOI NE.

Je n’y consentirai qu’en vous voyant signer L’arrêt de ces proscrits qu’on ne peut épargner.

OCTAVE.

Je vous l’ai déjà dit, j’étais las du carnage

Où la mort de César a forcé mon courage.

Mais, puisqu’il faut enfin ne rien faire à demi,

Que le salut de Rome en doit être affermi,

Qu’il me faut consommer l’horreur qui nous rassemble ;

(Il s’assied, et signe.)

Je cède, je me rends… j’y souscris… Ma main tremble. Allez, tribuns, portez ces malheureux édits :

(À Antoine, qui s’assied et signe.)

Et nous, puissions-nous être à jamais réunis !

ANTOINE.

Nous, Aufide, demain vous conduirez Fulvie ; Sa retraite est marquée aux champs de l’Apulie : •Que je n’entende plus ses cris séditieux.

OCTAVE.

Écoutons ce tril)un qui revient en ces lieux ; 11 arrive de Rome, et pourra nous apprendre •Quel respect à nos lois le sénat a dû rendre.

SCÈNE IV.

OCTAVE, ANTOINE, AUFIDE, un tribun, licteurs.

ANTOINE, au tribun.

A-t-on des triumvirs accompli les desseins ? Le sang assure-t-il le repos des humains ?

LE TRIBUN.

Rome tremble et se tait au milieu des supplices.

11 nous reste à frapper quelques secrets complices,

Quelques vils ennemis d’Antoine et des Césars,

Restes des conjurés de ces ides de Mars,

Qui, dans les derniers rangs cachant leur haine obscure,

Vont du peuple en secret exciter le murmure.