Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

272 PRÉFACE.

11 faut (lo plus ronsidrrcr (|iu\ dans presque toutes les pièces nouvelles, il y a des vers (lu’on ne récite point d’abord sur la scène, soit par des convenances qui n’ont qu’un temps, soit par crainte de fournir un prétexte à des allusions malignes. Nous trouvons, i)ar exemple, dans notre exemplaire, ces vers de Sozame à la troisième scène du premier acte :

Ali ! crois-moi ; tous ces exploits affreux,

Ce grand art d’opprimer, trop indigne du bra\ e, D’être esclave d’un roi pour faire un peuple esclave, De ramper par fierté pour se faire obéir, M’ont égaré longtemps, et font mon repentir.

Il y a dans l’édition de Paris :

Ah ! crois-moi ; tous ces lauriers affreux,

Les exploits des tyrans, des peuples les misères, Des États dévastés par des mains mercenaires. Ces honneurs, cet éclat, par le meurtre achetés, Dans le fond de mon cœur je les ai détestés.

Ce n’est pas à nous à décider lesquels sont les meilleurs ; nous présentons seulement ces deux leçons différentes aux amateurs qui sont en état d’en juger : mais sûrement il n’y a personne qui puisse avec raison faire la moindre application des conquêtes des Perses et du despotisme de leurs rois avec les monarchies et les mœurs de l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui.

L’auteur des Scythes nous apprend ^ qu’on retrancha à Paris, dans rOrphelin de la Chine, des vers de Gengis-Kan, que l’on récite aujourd’hui sur tous les théâtres.

On sait que ce fut Lien pis à Mahomet, et ce qu’il fallut de peines, de temps, et de soins, pour rétablir sur la scène française cotte tragédie unique en son genre, dédiée à un des plus vertueux papes que l’Église ait eus jamais.

Ce qui occasionne quelquefois des variantes que les éditeurs ont peine à démêler, c’est la mauvaise humeur des critiques de profession qui s’attachent à des mots, surtout dans des pièces simples, lesquelles exigent un style naturel, et bannissent cette pompe majestueuse dont les esprits sont sul)j ligués aux premières représentations dans des sujets plus importants.

« 

1. Voyez VAvis au lecteur, à la fin des Scythes, et dans l’Orplielin de la Chine (tome IV, du Tltéâlre, page 320), la scène v de l’acte 11,