Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/293

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ACTE I, SCÎwNE III. 283

Indigne successeur do son auguste père ;

Echatane, du Mède autrefois le séjour,

Cacha mes cheveux hhnics à sa nouvelle cour : Mais son frère Smerdis, gouvernant la Médie,

Smerdis, de la vertu persécuteur impie,

De mes jours honorés empoisonna la fin.

Un enfant de sa sœur, un jeune homme sans frein,

(lénéreux, il est vrai, vaillant, peut-être aimable.

Mais dans ses passions caractère indomptable.

Méprisant son épouse en possédant son cœur.

Pour la jeune 0])éide épris avec fureur,

Prétendit m’arracher, en maître despotique.

Ce soutien de mon âge et mon espoir unique.

Athamare est son nom ; sa criminelle ardeur

M’entraînait au tond)eau couvert de déshonneur.

HERMODAN.

As-tu par son trépas repoussé cet outragé ?

SOZAME.

J’osai l’en menacer. Ma fille eut le courage De me forcer à fuir les transports violents D’un esprit indomptable en ses emportements : De sa mère en ce temps les dieux l’avaient privée ; Par moi seul à ce prince elle fut enlevée. Les dignes courtisans de l’infâme Smerdis, Monstres par ma retraite à parler enhardis, Employèrent bientôt leurs armes ordinaires. L’art de calomnier en paraissant sincères ; Ils feignaient de me plaindre en osant m’accuser. Et me cachaient la main qui savait m’écraser ; C’est un crime en Médie, ainsi qu’à Babylone, D’oser parler en homme à l’héritiei’du trône.

HERMODAX.

de la servitude effets avilissants !

Quoi ! la plainte est un crime à la cour des Persans !

SOZAME.

Le premier de l’État, quand il a pu déplaire, S’il est persécuté, doit souffrir et se taire.

HERMODAN,

Comment recherchas-tu cette basse grandeur ?

(Les deux vieillards se lèvent.)

1. La censure laissa passer c ; ; s vers. <i La police a juge sagement, écrivait Voltaire, que ces choses-là n’arrivaient qu’en Perse. »