Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
BERTHE.

Eh ! pourquoi tant s’effaroucher ? La chose
Est bonne au fond, quoique le monde en cause,
Et notre honneur ne peut s’en tourmenter.
J’en fis l’épreuve ; et je puis protester
Qu’à mon devoir quand je me fus rendue,
On s’en alla dès l’instant qu’on m’eut vue.

COLETTE.

Je le crois bien.

BERTHE.

Je le crois bien. Cependant la raison
Doit conseiller de fuir l’occasion,
Hâtons la noce, et n’attendons personne.
Préparez tout, mon mari, je l’ordonne.

MATHURIN.

(À Colette, en s’en allant.)

C’est très-bien dit. Eh bien ! l’aurai-je enfin ?

COLETTE.

Non, tu ne l’auras pas, non, Mathurin.

(Ils sortent.)


CHAMPAGNE.

Oh ! oh ! nos gens viennent en diligence.
Eh quoi ! déjà le chevalier Gernance ?


Scène VI.



LE CHEVALIER, CHAMPAGNE.


CHAMPAGNE.

Vous êtes fin, monsieur le chevalier ;
Très à propos vous venez le premier.
Dans tous vos faits votre beau talent brille ;
Vous vous doutez qu’on marie une fille ;
Acanthe est belle, au moins.

LE CHEVALIER.

Acanthe est belle, au moins. Eh ! oui, vraiment,
Je la connais ; j’apprends en arrivant
Que Mathurin se donne l’insolence
De s’appliquer ce bijou d’importance ;
Mon bon destin nous a fait accourir
Pour y mettre ordre : il ne faut pas souffrir