Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/544

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MÉGATISE

Crains tes emportements ; j’en connais la furie.

LE JEUNE ARZÉMON

Arzame va mourir, et tu crains pour ma vie !

MÉGATISE

Arrête ; je la vois.

LE JEUNE ARZÉMON

C’est elle-même.

MÉGATISE

Hélas !
Elle est loin de penser qu’elle marche au trépas.

LE JEUNE ARZÉMON

Écoute, garde-toi d’oser lui faire entendre
L’effroyable secret que tu viens de m’apprendre ;
Non, je ne saurais croire un tel excès d’horreur.
Iradan !


Scène II


Le Jeune Arzémon, Mégatise, Arzame.

ARZAME

Cher époux, cher espoir de mon cœur !
Le dieu de notre hymen, le dieu de la nature,
A la fin nous arrache à cette terre impure…
Quoi ! C’est là Mégatise !… en croirai-je mes yeux ?
Un ignicole, un Guèbre, est soldat en ces lieux !

LE JEUNE ARZÉMON

Il est trop vrai, ma soeur.

MÉGATISE

Oui, j’en rougis de honte.

ARZAME

Servira-t-il du moins à cette fuite prompte ?

MÉGATISE

Sans doute il le voudrait.

ARZAME

Notre libérateur
Des prêtres acharnés va tromper la fureur.

LE JEUNE ARZÉMON

Je vois… Qu’il peut tromper.

ARZAME

Tout est prêt pour la fuite.