Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la Sarre, où les Français commençaient à sortir de leur inaction.

Ils avaient laissé s’écouler, sans en tirer parti, des journées précieuses, pendant lesquelles ils eussent pu mettre à profit leur concentration précipitée : l’état dans lequel se trouvaient les troupes ne permettait pas d’agir. Depuis longtemps déjà la France attendait les nouvelles de victoires remportées : il fallut compter avec l’impatience du public, et pour faire quelque chose, on se décida – comme c’est l’habitude en pareille circonstance – à une reconnaissance offensive, laquelle aussi donna les résultats qu’ont d’ordinaire les entreprises de ce genre.

Trois corps d’armée entiers furent, le 2 août, mis en mouvement contre trois bataillons, quatre escadrons et une batterie établis à Sarrebruck. L’empereur en personne assista, avec le prince impérial, à cet engagement. Le 3e corps se porta contre Völklingen, le 5e avança par Sarreguemines et le 2e contre Sarrebruck.

La garnison fit une défense opiniâtre et n’évacua la ville qu’après avoir tenté plusieurs retours offensifs ; mais les Français ne s’avancèrent pas de l’autre côté de la Sarre : sans doute ils se rendaient compte qu’avec un énorme déploiement de forces ils n’avaient donné qu’un grand coup d’épée dans l’eau et que tout cela ne leur avait pas fourni le moindre renseignement sur les positions et les desseins de leurs adversaires.

Longtemps l’état-major français hésita entre différentes résolutions, toutes opposées les unes aux autres. Sur de simples ouï-dire on prenait des dispositions qu’il fallait peu de temps après modifier. C’est ainsi qu’on renforça l’aile gauche parce que le bruit courait que 40 000 Prussiens avaient traversé Trèves. On donna à la garde impériale