Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/59

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lie par les feux de l’infanterie et de l’artillerie dont la violence était telle qu’elle fit halte, puis rebroussa chemin, à une allure fort calme, protégée qu’elle était par deux escadrons de hulans, qui, à plusieurs reprises, firent face à l’ennemi. Elle n’avait donc pu charger, mais du moins l’artillerie avait pu, grâce à elle, trouver le temps de se porter plus avant sur une ligne allant de la saillie du bois à Flavigny.

Il était alors 2 heures. Le général d’Alvensleben, en renouvelant sans cesse ses attaques, avait fait croire à l’adversaire que les troupes prussiennes se trouvaient être bien plus nombreuses qu’elles ne l’étaient en réalité, Mais, à ce moment, il lui fallut bien s’arrêter : les bataillons, cela était visible, avaient été décimés ; leurs forces étaient totalement épuisées par une lutte incessante de quatre heures, et l’infanterie avait presque épuisé ses munitions. Derrière la ligne tout entière, qui était au feu, il n’y avait plus un seul bataillon, plus une batterie en réserve. Il fallut donc tenir le terrain, si chèrement conquis, en se mettant sur la défensive.

C’était particulièrement l’aile gauche qui se trouvait compromise, car en face d’elle l’ennemi avait déployé une puissante ligne d’artillerie le long de la voie romaine. Leur grande supériorité numérique permettait aux Français de s’étendre toujours davantage, à droite, de sorte que l’aile gauche allemande était sérieusement menacée de se voir complètement tournée.

Du côté des Français, le maréchal Canrobert, au centre, s’était parfaitement rendu compte que le moment était venu de lancer en avant toutes ses forces sur Vionville. En ce moment critique, les Allemands n’avaient en fait de troupes disponibles qu’une faible fraction de la 5e division de cava -