Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/99

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seignements parvinrent à l’état-major. Les journaux divulguaient le grand secret, ils communiquaient des discours fort violents tenus à l’Assemblée nationale[1] ; un orateur entre autres disait que « le général qui abandonnerait son frère d’armes serait maudit de la patrie ». On déclarait que ce serait une honte pour la nation française de laisser sans secours le vaillant Bazaine et, étant donné le pouvoir qu’exercent les belles phrases en France, on pouvait fort bien admettre que les considératiom politiques primeraient les militaires. Un télégramme expédié de Londres au grand quartier général donnait cette phrase du Temps : « Mac-Mahon a pris la résolution soudaine de courir au secours de Bazaine, quoique, en renonçant à marcher sur Paris, il compromette la sécurité de la France. »

Dans la soirée encore le roi donna son approbation à la conversion à droite et, dans la nuit, les ordres y ayant trait furent directement expédiés aux généraux conmandant les corps d’armée.

Le 26, le roi transféra son quartier général à Clermont. De grand matin, le, prince royal de Saxe s’était mis en marche avec le XIIe corps sur Varennes, tandis qu’il faisait avancer la garde sur Dombasle et le IVe corps sur Fleury. La cavalerie, qni reconnaissait le terrain en différents sens, trouva les bords de la Suippe abandonnés par l’ennemi ; elle constata qu’il n’avait pas encore paru sur la Meuse, que par contre Buzancy et Grand-Pré étaient occupés, et elle découvrit surtout un camp considérable de troupes du 7e corps sur la hauteur de Vouziers. L’apparition de quelques pointes d’avant-gardes envoyées en reconnaissance causa dans ce camp un désarroi inexplicable.

  1. L’auteur veut sans doute parler du Corps législatif. (N. d. T.)