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idées des philosophes révolutionnaires et considérait la transformation radicale de la société comme prochaine et inévitable. Ce fut surtout son ami intime Röckel, fondateur en 1848 des « Volksblätter, » condamné en 1849 à la suite de l’insurrection de Dresde qui l’initia au mouvement social et amena sa participation directe aux événements politiques. Cette participation fut restreinte : ce fut celle d’un artiste enthousiaste non d’un révolutionnaire pratique ; spectateur plutôt qu’acteur, recueillant en lui les espérances les plus profondes du peuple, vibrant à toutes les émotions généreuses, Wagner suivait avec intérêt le travail des hommes mêlés aux luttes sociales, qui devaient, par ne sais quelle magie, faire se lever un jour la brume où dormaient encore les merveilles d’un avenir plutôt rêvé que pressenti.

Mais il n’éprouvait aucune sympathie à l’égard des milieux politiques : leur atmosphère lui semblait chargée de miasmes, étouffante. Il n’y descendit que pour prononcer le discours dont je faisais tantôt mention : ce discours d’une élévation de pensée et de langage insolite en de tels milieux, saisit de prime abord l’assemblée et la transporta d’enthousiasme ; mais aussitôt l’impression directe dissipée, l’imbécillité, la vanité et l’envie s’en emparèrent et y trouvèrent matière à insulter l’auteur