Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/64

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tout à fait extraordinaire !

Il était plongé dans ces réflexions quand une voix lui fit tourner la tête.

Une dame élégante et bien vêtue venait de traverser le trottoir ; et, interpellant la jolie ouvrière : « Bonjour mademoiselle Jenny ; je suis bien aise de vous avoir rencontrée : je me rendais précisément rue Saint-Constant, pour voir une amie ; et, en passant, je serais montée chez vous, afin de voir là en est ma robe. »

— Elle est presque finie, madame.

— C’est bien. Envoyez-la moi, samedi sans faute.

La jeune fille salua ; puis l’une et l’autre reprirent leur course.

— Jenny, rue Saint-Constant, répéta tout bas Lafortune. Prenons toujours note de ces deux noms ; nous verrons ensuite. Elle est vraiment jolie, cette petite ; et elle a un air de distinction bien au-dessus de sa condition.

Tout en poursuivant son monologue, Lafortune arrivait au No. 2208. Il entra et se trouva aussitôt en face de la femme qui, la veille, l’avait engagé à louer chez elle.

— Ah ! Bonjour monsieur, fit-elle, vous venez sans doute pour la chambre ?

— Oui, madame, je vous avouerai qu’hier je l’ai mal vue. Je craignais de déranger cette jeune femme, qui était seule et qui paraissait occupée. Si monsieur Simon était chez lui, je monterais volontiers.

— Il est sorti, monsieur, et il a emporté la clef ; mais il ne peut tarder à rentrer.

— C’est bien, je vais faire une ou deux courses, et je reviendrai.

Lafortune s’en alla ; mais, bien entendu, il ne s’éloigna pas, afin de surveiller la rentrée de Simon. Malheureusement, il eut à attendre fort longtemps ; car le lecteur sait que Simon était occupé avec Félix à la poursuite et à l’incarcération de Ben. Toutefois, il rentra au commencement de l’après-midi, un peu avant le moment de son rendez-vous avec Félix, dans la petite maison d’Hochelaga.