Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/65

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Lafortune s’élança sur ses traces ; puis frappa à sa porte.

Deux ou trois minutes s’écoulèrent, et Simon se décida à ouvrir.

Il entra en repoussant la porte derrière lui.

— Ah ! mon gaillard, c’est donc vous qui perdez un bouton de paletot dans la chambre où a été assassinée Julia Russel, et les autres, dans une maison incendiée ǃ C’est donc vous qui oubliez le paletot garni des susdits boutons dans une voiture ǃ Entre parenthèses, pas habile, votre ménagère ǃ Au moins, quand on change une garniture de paletot, on la change toute entière ; on n’en met pas quatre neufs par-devant, en laissant les deux vieux par derrière. Sans compter que, sans ces boutons, vous courriez encore, tandis que maintenant je vous arrête.

— Ah ! ça, qu’est-ce que vous me chantez-là ǃ répliqua Simon, que ce flot de paroles avaient littéralement abasourdi.

— Ce que je vous chante, c’est bien simple, répliqua Lafortune, en reprenant son ton sérieux. Je vous arrête comme coupable de meurtre, sur la femme qui habitait la chambre numéro 10 de l’hôtel Saint-André ; et même à ce propos mes compliments ; si vous n’étiez pas un brigand, vous eussiez peut-être été un parfait chirurgien ; vous coupez les doigts comme pas un.

Cette fois, Simon avait compris. Il devint fort pâle, et, s’adressant à Lafortune :

— Est-ce que vous me croyez assez bête, pour vous laisser sortir vivant d’ici ? Ah ! Vous voulez m’arrêter ! Eh bien ! moi, je vais vous tuer ! Et, avant mêpe que Lafortune eût pu prendre ses précautions, il sortit un revolver de sa poche et tira.

Un nuage épais obscurcit un instant la pièce, et Lafortune tomba baigné dans son sang.

— Ça ne doute de rien, ces agents de police, fit-il. C’est brave, mais c’est naïf ; car, enfin, on ne vient pas seul et sans