Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/73

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Julia les prit, puis poussant une exclamation :

— Mais ce sont les miens ! comment sont-ils en votre possession… Et voici ceux de ma fille !… ma Jenny… est-elle donc morte ? comment êtes-vous dépositaire de ces pièces ?

— Ce n’est pas moi, Madame : puis s’effaçant de façon à laisser apercevoir Jenny : voici la jeune fille qui les a toujours eus en sa possession.

— Ma fille ! mon enfant !

— Ma mère !

Ces deux cris retentirent simultanément, puis les deux femmes tombèrent dans les bras l’une de l’autre.

Elles restèrent ainsi enlacées quelques minutes, ne parlant pas, tout entières au bonheur de se sentir réunies.

Notre ami Ben, contemplait la joie de celle qu’il aimait, et il essuyait furtivement une larme, quand, Julie s’arrachant la première à cette douce étreinte, s’avança vers Ben.

— Ah ! mon jeune ami, s’écria-t-elle, pourrai-je jamais m’acquitter envers vous ? je vous dois plus que la vie : vous m’avez rendu le bonheur, avec cette enfant chérie, dont la perte rendait mon existence si triste. Quoi que ce soit que je fasse, ce ne sera jamais assez !

— Peut-être, madame, trouverez-vous, répondit Ben, que la récompense que je vous demanderai sera très au dessus de ce que vous me devez. Nous causerons de cela plus tard ; le moment n’en est pas encore venu ; mais, pour l’instant, vous me rendriez un service signalé, en m’expliquant comment vous êtes ici, alors que je vous avais laissée morte à l’hôtel Saint-André.

— Volontiers, mon ami, asseyez-vous ; cette chère enfant ne sera peut-être pas fâchée d’apprendre non plus, comment sa mère a échappé à la mort.

Au même instant la porte s’ouvrit et le docteur parut.