Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/211

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saule, où les moelleuses brebis et les chèvres ébouriffées

 suivaient le Dieu presque enfant.
 Chante, chante encore! et Bacchus va paraître
 ici, à cheval sur son magnifique trône indien, et
 au-dessus des tigres geignants, il agitera son bâton
 couronné de lierre jaune et d'un cône résineux,
 pendant qu'à côté de lui l'effrontée Bassaride jettera
 par terre le lion par sa crinière, et attrapera le
 faon montagnard.
 Chante encore! et je porterai la peau de léopard,
 et je déroberai les ailes lunaires d'Astaroth, et sur
 son chariot glacé nous pourrons gagner le Cithéron
 en une heure, avant que l'écume ait débordé pardessus
 le pressoir, avant que le Faune ait cessé de
 fouler les grappes; oui, avant que la lampe clignotante
 du jour
 ait fait fuir la hulotte criarde jusqu'en son nid,
 et averti la chauve-souris de reployer ses éventails
 membraneux, quelque jeune Ménade, aux seins
 couverts de feuilles de vigne, maraudera aux Pans
 endormis leurs fruits de faine, si doucement que le
 petit sansonnet ne s'éveillera point dans son nid et
 aussitôt lançant un rire aigu, et s'élançant d'un
 bond,
 elle atteindra la verte vallée, où la rosée tombée
 se rassemble sous l'orme, et alors comptera son butin;
 puis les bruns satyres, bande joyeuse, fouleront
 la lysimachie