Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/147

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Arrivé à Poitiers, une des villes les plus mal construites que j’aie vues en France ; très vaste, irrégulière, ne contenant presque rien de remarquable, sauf la cathédrale ; elle est bien bâtie et fort bien tenue. La plus belle chose de la ville, sans contredit, c’est la promenade, la plus grande que j’aie vue ; elle occupe un terrain considérable, a des allées sablées et tenues très soigneusement. — 12 milles.

Le 3. — Jusqu’à Châtellerault, le pays est blanchâtre, crayeux, ouvert et peu peuplé, quoiqu’il n’y manque pas de maisons de plaisance. La ville a l’animation, grâce à sa rivière qui se jette dans la Loire. La fabrique de coutellerie est considérable : à peine étions-nous arrivés, que notre appartement fut rempli de femmes et de filles de manufacturiers, ayant chacune sa boîte de ciseaux, de couteaux, de joujoux, etc. ; et elles pressaient de leur acheter avec une sollicitude si polie, que quand même rien ne vous eût été nécessaire, on ne pouvait laisser tant d’instances infructueuses. Il faut remarquer ici que, quoique les produits soient à bon marché, le travail est à peine divisé : des ouvriers, sans aucun rapport entre eux, font tout pour leur propre compte, sans autre aide que celui de leur famille. — 25 milles.

Le 4. — Campagne plus riante, parsemée de châteaux jusqu’aux Ormes, où on s’arrêta pour visiter la résidence que s’y est construite feu le comte de Voyer-d’Argenson. C’est un bel édifice en pierre, flanqué de deux ailes considérables pour les communs et la réception des étrangers : on entre par un vestibule très convenable, au bout duquel se trouve le grand salon, pièce circulaire en marbre extrêmement élégante et parfaitement