Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/148

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meublée ; dans le petit salon, des peintures représentent les quatre victoires remportées par les Français dans la guerre de 1744 ; on voit ici, dans chaque appartement, une forte tendance à imiter les modes et le mobilier anglais. Cette retraite charmante appartient maintenant au comte d’Argenson, Le dernier comte, celui qui l’a fait élever, avait formé avec le duc de Grafton actuel le projet d’une partie très agréable. Le duc devait venir, avec ses chevaux et sa meute, passer ici quelques mois en compagnie de certains de ses amis. L’idée en était venue d’une proposition de chasser les loups de France avec les limiers anglais pour le renard. Rien n’était mieux combiné, car il y a place aux Ormes pour une nombreuse société ; mais la mort du comte mit tout à néant. C’est une sorte d’échange entre la noblesse des deux royaumes, que je m’étonne de ne pas voir pratiquer quelquefois ; cela varierait très agréablement la monotonie de leur vie et produirait quelques-uns des avantages des voyages de la façon la plus convenable. — 23 milles.

Le 5. — Pays plat, ennuyeux, mais la plus belle route que j’aie vue en France ; il est impossible qu’il y en ait qui la surpasse, du moment qu’il ne s’agit pas, comme, en Languedoc, de faire des prodiges, mais tout simplement d’employer avec art d’admirables matériaux. Il y a partout des châteaux dans cette partie de la Touraine, mais les fermes et les chaumières sont clair-semées, jusqu’à ce que l’on vienne en vue de la Loire, dont les rives semblent ne former qu’un seul village. Le Val peut avoir trois milles de largeur ; c’est une suite de prairies que le soleil a roussies.

L’entrée de Tours, par une avenue nouvelle, bordée de grandes maisons de taille blanche, aux