Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/210

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pas, et quand je donnai quelque chose, on me parut plus surpris que reconnaissant. Le tiers de ce que j’ai vu de cette province me paraît inculte, et la presque totalité dans la misère. Quel terrible fardeau pour la conscience des rois, des ministres, des parlements, des états, que ces millions de gens industrieux, livrés à la faim et à l’oisiveté par les exécrables maximes du despotisme et les préjugés non moins abominables d’une noblesse féodale ! Couché au Lion-d’Or, affreux bouge. — 20 milles.

Le 6. — L’aspect est le même jusqu’à Brooms (Broons) ; mais près de cette ville il devient plus agréable, le terrain étant plus accidenté.

Lamballe. — Plus de cinquante familles nobles passent l’hiver dans cette petite ville et vivent sur leurs biens en été. Il y a probablement autant d’extravagance et de sottise, et, pour ce que j’en sais, autant de bonheur dans leurs cercles que dans ceux de Paris. Ici et là on ferait bien mieux de cultiver ses terres et de donner du travail aux malheureux. — 30 milles.

Le 7. — Le pays change immédiatement au delà de Lamballe. Le marquis d’Urvoy, que j’ai connu à Rennes, et qui possède un beau domaine à Saint-Brieuc, m’avait donné une lettre pour son intendant ; celui-ci y a fait honneur. — 12 milles 1/2.

Le 8. — Jusqu’à Guingamp ; contrée sombre couverte d’enclos. Passé Châteaulandren (Chatelaudren) et entré en Basse-Bretagne : on reconnaît au premier coup d’œil un autre peuple. On rencontre une quantité de gens n’ayant d’autre réponse à vos questions que : « Je ne sais