Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/252

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il pourrait tout, en se mettant à la tête de la cause populaire.

Le 13. — Visité le matin la Bibliothèque royale de Paris, que je n’avais pas encore vue. C’est un vaste local, magnifiquement rempli, comme tout le monde sait. Tout est combiné pour la commodité des lecteurs : il y en avait 60 ou 70. Au centre des salles, des cages de verre renferment des modèles d’instruments de différents arts que l’on garde pour la postérité ; ils sont à l’échelle exacte des proportions ; on y voit entre autres ceux qui servent au potier, au fondeur, au briquetier, au chimiste, etc., etc., et un très grand relief de jardin anglais, pauvrement conçu, qui a été ajouté dernièrement. Dans tout cela, pas une charrue, pas un iota d’agriculture ; il serait cependant bien plus aisé et infiniment plus utile de représenter une ferme que ce jardin. Je ne fais pas de doute que dans bien des cas il n’y ait une utilité très grande à conserver exactement ces modèles ; je le vois clairement, au moins pour la culture ; pourquoi n’en serait-il pas ainsi pour les autres arts ? Cela a toutefois un tel air de joujoux que je ne répondrais pas que, si ma petite fille eût été ici, elle n’eût pleuré pour qu’on les lui donnât. Visité la duchesse d’Anville, chez qui je me suis trouvé avec l’archevêque d’Aix, l’évêque de Blois, le prince de Laon, le duc et la duchesse de Larochefoucauld (j’avais connu ces trois derniers à Bagnères de Luchon), lord et lady Camelford, lord Eyre, etc., etc.

Toute la journée je n’ai entendu parler que d’inquiétudes sur ce que cette crise des états va produire. L’embarras du moment est extrême. Tout le monde convient qu’il n’y a pas de ministère. La reine se rapproche du parti des princes, dont le comte d’Artois est le