Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/26

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agriculture, la General view of the agriculture of Sussex parue en 1806 ; c’est donc à tort que l’on place cet ouvrage dans le catalogue paternel déjà si fourni.

Au printemps de 1787 notre auteur reçut, de Paris, une lettre de M. Lazowski le prévenant que la famille du duc de Liancourt passerait une saison aux Pyrénées et lui proposant de l’y aller retrouver : on voyagerait de compagnie avec le comte de Larochefoucauld, à cheval et à peu de frais. Traverser toute la France à petites journées, en bonne société, avec pleine licence de s’écarter de la route et de causer avec tous les passants, comme il n’avait pu le faire depuis près de dix ans, la tentation était trop forte pour y résister. Non seulement il succomba cette fois, mais il y revint par deux fois encore, non sans avoir trouvé entre temps le moyen de passer environ trois mois à Londres où l’appela la discussion de la loi relative au commerce des laines ; et il fallait que son ardeur fût grande, car il ne tarit pas sur la cherté de la vie dans la capitale. Quand il revint en France, en 1788, il était seul ; sa précédente tournée l’avait assez familiarisé avec le pays pour qu’il pût se suffire par ses propres moyens, et c’est surtout à un homme comme lui que convient cette maxime : « Qui a compagnon a maître. » II tenait d’abord à la liberté de ses allures et ensuite à régler ses dépenses sur ses ressources. Au bout d’une centaine de milles (30 lieues environ), sa jument, sa fidèle monture pendant le premier voyage, devint aveugle ; il n’en continua pas moins sa route pendant près de 400 lieues avec elle et la ramena à Bradfield, où il lui assura une existence tranquille jusqu’à la fin. Cet attachement à un bon serviteur, allant jusqu’à ne s’en vouloir pas séparer de crainte qu’il ne tombe entre les mains d’un homme dur et exigeant, et cela au début d’un long voyage, achève de peindre le caractère affectueux de Young, caractère qui lui attirait la sympathie de tous ceux qui l’ap-