Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/27

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prochaient. En 1789, il fallut changer de façon de voyager : impossible de porter en trousse une masse d’échantillons de sols, de laine, etc., etc., recueillis chemin faisant : une chaise à un cheval était bien préférable et il la préféra.

En traversant le Bourbonnais, il visita un très beau domaine, alors en vente et qui le séduisit. À son sens, la vie n’était plus tenable en Angleterre, les impôts y étaient tellement extravagants qu’il fallait quitter la place et utiliser le peu qui vous était laissé de capitaux soit sur le continent européen, soit en Amérique. Seulement l’Amérique était bien loin, et si lui, du moins, ne s’effrayait pas des mouvements précurseurs d’une révolution, sa famille ressentait une appréhension qu’il ne pouvait se flatter de vaincre aussi promptement que l’affaire l’eût exigé. Pour se dédommager de ce* rêve de fortune, il acheta, dès son retour, 4, 400 acres, quelque chose comme 1, 000 hectares, de terres incultes dans le Yorkshire ; le fisc ne s’abattrait point de sitôt sur ce coin stérile, et il y avait là matière à une magnifique spéculation. Comment cela se fit-il ? nous ne saurions le dire, mais cette tentative échoua, et plus promptement que n’avaient échoué les précédentes. La maladie vint à son tour mettre le comble au découragement du pauvre Young, et ce fut sous cette impression qu’il écrivit son autobiographie pour l’édification des lecteurs des Annals. Tout était fini pour lui, sa vie s’avançait vers le déclin, sa santé était à jamais perdue, ses ressources épuisées.

À ce moment même sir John Sinclair parvenait à fonder, dans l’intérêt des propriétaires fonciers, le Board of agriculture, au sujet duquel Young l’avait plus d’une fois raillé en lui disant : « Si vous l’établissez, faites-m’en nommer le secrétaire. » Sinclair le prit au mot et Pitt fixa à 600 l. st. (15, 000 fr.) le traitement annuel de l’emploi. Ce fut un coup de théâtre : l’horizon se rasséréna, les maux de la pauvre Angleterre devinrent supportables et la