Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/377

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de la population, de la consommation, du commerce maritime, du nombre de marins ; par l’augmentation et les progrès de l’agriculture, des manufactures et des échanges ; en un mot, par l’aisance et la félicité croissantes du peuple. Je citai les documents publics sur lesquels je m’appuyais, et je m’aperçus que l’abbé Raynal, qui suivait attentivement ce que je disais ne connaissait en aucune façon ces faits curieux. Il n’est pas le seul, car je n’ai pas rencontré une personne qui les connût. Cependant ce sont les résultats de l’expérience la plus curieuse et la plus remarquable dans le champ de la politique, que le monde ait jamais vu : un peuple perdant un empire, treize provinces, et que cette perte fait croître en bonheur, en richesses, en puissance ! Quand donc adoptera-t-on les conclusions évidentes de cet événement merveilleux que toutes possessions au-delà des mers sont une cause de faiblesse, et que ce serait sagesse d’y renoncer ? Faites-en l’application en France., à Saint-Domingue, en Espagne, au Pérou, en Angleterre, au Bengale, et remarquez les réponses que vous recevrez. Cependant, je ne doute pas de ce fait. Je complimentai l’abbé sur sa généreuse donation de 1,200 liv. pour fonder un prix à la Société d’agriculture de Paris ; il me dit qu’il en avait été remercié, non point à la manière usuelle par une lettre du secrétaire, mais que tous les membres avaient signé. Son intention est de faire de même pour les Académies des sciences et des belles-lettres ; il a déjà donné pareille somme à l’Académie de Marseille comme un prix à décerner pour des recherches sur le commerce de cette ville. Il nourrit ensuite le projet de consacrer, quand il aura suffisamment fait d’épargnes, 1,200 liv. par an à l’achat, par les soins de la Société d’agriculture, de modèles des instruments de culture