Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/379

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elle est en pierre blanche qui donne une poussière incroyable ; à vingt perches de chaque côté, les vignes semblaient poudrées à blanc. Partout des montagnes et des pins rabougris. Vilain pays sans intérêt ; de petites plaines sont couvertes de vignes et d’oliviers. Vu des câpriers pour la première fois à Cuges. À Aubagne, on m’a servi à dîner six plats assez bons, un dessert et une bouteille de vin pour 24 sous, cela pour moi seul, car il n’y a pas de table d’hôte. On ne s’explique pas comment M. Dutens a pu appeler la poste aux chevaux de Cuges, une bonne auberge, c’est un misérable bouge ; j’avais pris sa meilleure chambre, il n’y avait pas de carreaux aux fenêtres. — 21 milles.

Le 9. — En approchant de Toulon, le pays se change en mieux, les montagnes sont plus imposantes, la mer se joint au tableau, et une certaine gorge entre des rochers est d’un effet sublime. Les neuf dixièmes de ces montagnes sont incultes, et malgré le climat ne produisent que des pins, du buis et de maigres herbes aromatiques. Aux environs de Toulon, surtout à Ollioules, il y a dans les buissons des grenadiers avec des fruits aussi gros que des pommes de nonpareille, il y a aussi quelques orangers. Le bassin de Toulon, avec ses lignes de vaisseaux à trois ponts et son quai plein de vie et d’activité, est très beau. La ville n’a rien de remarquable ; quant à l’arsenal, les règlements qui en défendent l’entrée, sont aussi sévèrement exécutés ici qu’à Brest ; j’avais cependant des lettres, mais toutes mes démarches furent vaines. — 25 milles.

Le 10. — Lady Craven m’avait envoyé chasser l’oie sauvage à Hyères (wild-goose chase). On croirait, à l’entendre, elle et bien d’autres, que ce pays est un