Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/380

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jardin, mais on l’a bien trop vanté. La vallée est magnifiquement cultivée et plantée de vignes et d’oliviers, au milieu desquels se trouvent aussi des mûriers, des figuiers et d’autres arbres à fruit. Les montagnes sont un amas de roches dénudées, ou couvertes d’une pauvre végétation d’arbres toujours verts, comme des pins, des lentisques, etc. La vallée, quoique de blanches bastides l’animent de toutes parts, trahit cependant cette pauvreté du manteau de la nature qui choque l’œil dans les pays où dominent les oliviers et les arbres à fruit. Tout cela paraît sec en comparaison de la riche verdure de nos forêts du Nord. Les seules choses remarquables sont l’oranger et le citronnier, qui viennent ici en pleine terre, atteignent une grande taille, et font admirer chaque jardin par le voyageur qui se rend dans le Midi ; mais l’hiver dernier les a dépouillés de leurs richesses. Ils ont été en général si maltraités, qu’on a dû les couper jusqu’au collet, ou au moins les ébrancher complètement, mais ils jettent de nouveaux scions. Je crois que ces arbres, même bien portants et couverts de feuilles, pris en eux-mêmes, ajoutent peu à la beauté du paysage. Renfermés dans des jardins et entourés de murs, ils perdent encore de leur effet. Suivant toujours le tour de lady Craven, j’allai à la chapelle de Notre Dame de Consolation et sur les collines qui mènent chez M. Glapierre de Saint-Tropez ; je demandai aussi le père Laurent, qui parut très peu flatté de l’honneur qu’elle lui avait fait. On a une assez jolie vue des hauteurs qui entourent la ville. Les montagnes, les rochers, les collines, les îles de Porte-Croix (Portcros), de Porquerolles et du Levant, forment un ensemble harmonieux. Cette dernière est jointe à la terre ferme par une chaussée et un marais salant, que dans le pays on appelle une mare. Les pins qui s’élèvent çà et là ne