Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/381

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font guère meilleur effet que des ajoncs. La verdure de la vallée est en contraste désagréable avec celle des oliviers. Les lignes du paysage sont belles, mais pour un pays dont la végétation est la gloire, celle-ci est pauvre et ne rafraîchit pas l’imagination par l’idée d’un abri contre un soleil brûlant. Je n’ai pas entendu parler qu’il y ait de cotonniers en Provence, comme l’avancent certains livres ; mais la datte et la pistache viennent bien, le myrte est partout spontané ainsi que le jasmin (commune et fruticans). Dans l’île du Levant se trouvent le Genista caudescens et le Teucrium herbopoma. À mon retour de la promenade à l’hôtel de Necker, l’hôte m’assomma d’une liste d’Anglais qui passent l’hiver à Hyères ; on a bâti beaucoup de maisons pour les louer à raison de deux à trois jours par mois, tout compris, mobilier, linge, couverts, etc., etc. Beaucoup de ces maisons dominent la vallée et la mer, et je crois bien que si le vent de bise ne s’y fait pas sentir, on y doit jouir d’un délicieux climat d’hiver. Peut-être en en est-il ainsi en novembre, décembre, janvier et février, mais en mars et avril ? L’hiver il y a à l’hôtel de Necker une table d’hôte très bien servie à 4 liv. par tête. Visité le jardin du roi, qui peut avoir dix à douze acres, et est rempli de tous les fruits de la région ; sa seule récolte d’orangers a donné l’année dernière 21,000 liv. (918 l. st. 15). Les orangers ont donné à Hyères jusqu’à deux louis par pied. Dîné avec M. de Sainte-Césaire, qui a une jolie maison nouvellement bâtie, avec un beau jardin entouré de murs et un domaine attenant ; il voudrait la vendre ou la louer. Lui et le docteur Battaile mirent une extrême obligeance à me renseigner sur ce pays. Retourné le soir à Toulon. — 34 milles.