Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/44

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violence comme le seul remède qui lui soit applicable. On chercherait vainement dans le domaine de la civilisation actuelle un ensemble de lois aussi arbitraires que celles qui constituent le Land Act.

Les Anglais ont l’application, l’énergie, la ténacité, les ressources matérielles indispensables au triomphe ; qu’ils y joignent un esprit plus humain, ils l’assureront. Mais que de souffrances épargnées au monde, si A. Young avait pu inspirer à tous l’humeur bienveillante qui le distinguait, s’il avait pu voir et faire voir aux autres un remède au fléau de l’absentéisme et desmiddlemendans le métayage et l’esprit de solidarité qu’il engendre !

Le rôle du gouvernement causait à A. Young, non pas des perplexités (il n’en a jamais connu), mais d’étranges contradictions. Tantôt il l’adjurait de rester neutre, tantôt au contraire il l’excitait à prendre en mains les intérêts de l’agriculture. La première idée tenait à la persuasion profonde où il était que la culture, par l’élévation de ses profits, attirerait infailliblement les capitaux. On sait qu’en penser aujourd’hui ; et depuis longtemps ne cherche-t-on pas le crédit agricole dans toutes les directions, surtout dans celles où on ne saurait rencontrer de crédit d’aucune sorte. Oui, l’agriculture offre de-grands bénéfices, souvent plus grands que ceux du commerce, mais le commerce réalise les siens à court délai et les renouvelle incessamment, voilà la différence. Ne demandez à la campagne qu’une vie saine, large, tranquille, très active, sans fièvre et pour cela consentez, à une forte, très forte prime d’assurance. Si vous répugnez à cet abandon, vous pouvez jouer sur vos produits tout aussi bien que sur d’autres, seulement prenez garde aux conséquences.

En entrant au service du gouvernement comme secrétaire du Board of Agriculture, notre auteurput suivre sa seconde impulsion. Certains de ses biographes ne l’en féli-