Page:Zola - Travail.djvu/381

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jours dans son laboratoire. Mais je vais vous l’amener… Ah  ! mon ami  ! combien je suis heureuse de l’assurance que nous donne le docteur  !   »

Ravie, elle lui tenait ainsi la main dans la sienne, lorsque la porte se rouvrit de nouveau. Et, dans ce bonheur, ce fut cette fois Josine qui entra. Elle accourait à la première nouvelle du meurtre, bouleversée, affolée. Ce qu’elle redoutait s’accomplissait donc  ! Quelque misérable avait livré son cher secret, et Ragu venait de tuer Luc, l’époux, le père. Sa vie était finie, elle n’avait plus rien à cacher, elle mourrait là, chez elle.

En la reconnaissant, Luc poussa un cri. Il avait lâché vivement la main de Sœurette, il fit un effort surhumain pour se soulever.

«  Ah  ! Josine, c’est toi, tu me reviens  !   »

Et, comme, chancelante, lourde de sa maternité très avancée déjà, elle s’affaissait sur le bord du lit, à son côté, il comprit son angoisse mortelle, il la rassura.

«  Tu me reviens avec le cher petit, Josine, et ne te désespère pas, je vivrai, le docteur l’assure, je vivrai pour vous deux.  »

Elle l’écoutait, elle eut un grand soupir, comme si l’existence rentrait en elle. Mon Dieu  ! était-ce donc la réalisation de l’espoir invincible, ce qu’elle attendait de la vie qui paraît si dure, et qui fait l’œuvre nécessaire  ? Il vivrait, et voilà que cet abominable coup de couteau les avait réunis à jamais, eux unis déjà pour toujours l’un à l’autre  !

«  Oui, oui, je te reviens, Luc, nous te revenons, et c’est fini, nous ne nous quitterons plus, puisque nous n’avons plus rien à cacher… Rappelle-toi, je te l’avais bien promis de te revenir, le jour où tu aurais besoin de moi, quand je ne serais plus un embarras mais une aide, avec ce cher enfant, dont le lien va être pour