Page:Zola - Vérité.djvu/565

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encore, le geste dominateur. Elle maudissait, elle châtiait, elle exterminait, comme son Dieu de colère et de mort. Et elle redescendit de son pas impitoyable, elle s’enferma dans sa chambre, en attendant que les derniers enfants de sa chair fussent à jamais partis.

Justement, ce jour-là, Marc reçut la visite de Salvan, qui le trouva dans la grande salle de classe, tout ensoleillée par un clair soleil de septembre. La rentrée des vacances devait avoir lieu dix jours plus tard ; et, bien qu’il attendit d’heure en heure sa révocation, l’instituteur revoyait ses cahiers et ses notes, comme pour préparer la nouvelle année scolaire. Mais, à l’air grave et souriant du directeur de l’École normale, il comprit immédiatement.

— Cette fois, ça y est, n’est-ce pas ?

— Mon Dieu ! oui, ça y est, mon ami… Le Barazer a fait signer tout le mouvement nouveau, une véritable fournée…

Jauffre quitte Jonville et vient à Beaumont, un bel avancement. Le clérical Chagnat passe du Moreux à Dherbecourt, ce qui est scandaleux pour une brute de cette espèce… Quant à moi, je suis simplement mis à la retraite, pour céder la place à Mauraisin, qui triomphe… Et vous, mon ami…

— Moi, je suis révoqué.

— Non, non, vous tombez seulement en disgrâce. On vous renvoie à Jonville, en remplacement de Jauffre, et votre adjoint Mignot, compromis et frappé lui aussi, va au Moreux occuper le poste de Chagnat.

Marc, saisi, eut un cri d’heureuse surprise.

— Mais je suis enchanté !

Et Salvan, venu exprès pour lui apprendre plus tôt la nouvelle, riait maintenant d’un bon rire.

— Voilà bien la politique de Le Barazer ! C’était là ce qu’il préparait, lorsqu’il gagnait du temps, selon son habitude. Il a fini par satisfaire le terrible Sanglebœuf, la réaction entière du département, en appelant Mauraisin à ma succession, en donnant de l’avancement à Jauffre et à