Page:Zola - Vérité.djvu/89

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de police, qui était venu avec un mandat d’amener signé du juge d’instruction Daix, procédait à une nouvelle perquisition minutieuse, au travers de toute la maison, en quête sans doute du fameux modèle d’écriture. Mais il ne trouvait rien, et Marc s’étant permis de demander à un des agents si une perquisition pareille avait été faite chez les frères de la Doctrine chrétienne, celui-ci le regarda d’un air ahuri : une perquisition chez les bons frères, pourquoi ? D’ailleurs, Marc haussait déjà les épaules de sa naïveté, car on aurait pu certainement aller chez les frères, il devait y avoir beau temps qu’ils avaient tout brûlé, tout détruit. Il se contenait pour ne pas crier sa révolte, l’impuissance où il se sentait à faire la vérité l’emplissait d’un véritable désespoir. Pendant une heure encore, il dut attendre dans le vestibule que le commissaire eût terminé ses recherches. Enfin, il put voir un instant Simon, comme les agents l’emmenaient. Mme Simon et ses deux enfants étaient également là, et elle se jeta en sanglotant au cou de son mari, pendant que le commissaire, un brave homme bourru, affectait d’avoir à donner les derniers ordres. Il y eut une scène déchirante.

Simon, brisé, livide, devant cet écroulement de sa carrière s’efforçait de montrer un grand calme.

— Ne te chagrine donc pas, ma chérie. Ça ne peut être qu’une erreur, une abominable erreur. Tout va certainement s’expliquer, dès qu’on m’interrogera, et je vais te revenir bientôt.

Mais elle sanglotait plus violemment, son beau visage noyé, égaré, tandis qu’elle soulevait Joseph et Sarah, les pauvres petits, pour qu’il les baisât encore.

— Oui, oui, les chers enfants, aime-les bien, soigne-les bien, jusqu’à mon retour… Je t’en prie, ne pleure plus, tu vas m’ôter tout mon courage.

Il s’arrachait de son étreinte, lorsqu’il aperçut Marc, et