À genoux/Le Parfum

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Alphonse Lemerre (p. 35).

XII

LE PARFUM


 
À toutes les odeurs qui parfument notre air,
Au cinnamome, au nard, à la myrrhe biblique,
À la vanille, au musc, à l’encens catholique,
Même aux fauves senteurs qui montent de la mer,

Au parfum d’un vieux gant qui pourtant m’est bien cher
Parce que j’y retrouve une ancienne relique,
À l’opium qui donne un cœur mélancolique,
Je préfère, ô cher corps, le parfum de ta chair.

Comme un grand vent sur les flots bleus des mers tranquilles
Emporte les vaisseaux monstrueux vers les îles,
Le parfum de ta peau transporte mon Esprit.

Jusqu’à des régions lointaines et très-calmes,
Où le Rêve immobile et superbe fleurit
Au milieu des glaciers, des roches et des palmes.