À l’amie perdue/Le deuil

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Librairie Hachette et Cie (p. 163-190).




VIII

LE DEUIL

I


 
J’aimais les clairs soleils s’échappant de l’aurore,
Et les jeux du Printemps sur les flancs des coteaux,
Quand tout rit et fleurit, que chaque arbuste arbore
Des clartés de bourgeons dans des chansons d’oiseaux ;

J’aimais les bourgs bruyants où la lumière dore
Les visages rieurs qui lèvent les rideaux ;
Mais, depuis qu’un regret incessant me dévore,
Quand les ombres au ciel s’amassent en monceaux,

Je n’ai plus de plaisir qu’à fréquenter les bois
Où le feuillage meurt dans les halliers sans voix,
Qu’à marcher sur le bord de l’étang solitaire

D’où les oiseaux s’en vont vers des pays moins froids,
Et qu’à m’asseoir au pied de quelque tertre austère,
Quand un reste de jour blanchit encor la terre.

II


 
Sur la colline brune, où le pâtre rappelle
À grands cris son troupeau que rassemble son chien,
Le débris écroulé d’un pauvre mur ancien
En une masse informe et sombre s’amoncelle.

Sur la crête confuse un fin arbuste grêle
Si léger qu’il paraît n’avoir pas de soutien,
Déployant en plein ciel son feuillage aérien,
Suspend au crépuscule une noire dentelle.

Cette ruine était une chaumière heureuse,
La flamme du foyer réjouissait le seuil
Quand l’homme remontait de la plage brumeuse.

Il disparut en mer ; la femme fut en deuil
Peu de mois ; les moutons s’égarent aujourd’hui
Sur ces murs où un peu de joie humaine a lui.

III


 
Vénus brille annonçant les heures de l’amour,
La bienfaisante nuit qui berce et qui féconde,
Et, dans le cercle d’or que son rayon parcourt,
L’attente du bonheur fait tressaillir le monde.

L’un de l’autre éloignés par les œuvres du jour,
Tous les cœurs entr’épris en qui le désir gronde,
Rendu plus inquiet par l’espoir du retour,
Vont être réunis dans sa douceur profonde :

Les yeux se chercheront, les mains se presseront,
Les baisers déposés sur le marbre du front
Descendront sur les yeux, frémiront sur les lèvres,

Les bras impatients entoureront les tailles,
Les corps s’enlaceront dans les cris et les lièvres,
Les femmes concevront le fruit de leurs entrailles.

IV


 
Mouette solitaire et plaintive perdue
En tes cercles sans fin où tu sembles captive,
Quel espoir dans les airs te retient suspendue ?
Ou suis-tu quelque joie à jamais fugitive ?

Sur la crête d’un flot à peine descendue,
Tu repars. Que fuis-tu, pauvre bête craintive,
Dans ce vol incessant de ton aile éperdue,
Qui toujours se reprend et qui jamais n’arrive ?

Tout le jour, ton corps gris traverse le soleil,
Toute la nuit, ton cri, que le vent répercute,
Hante le douanier assoupi dans sa hutte ;

Tu voles d’un lent vol, toujours, toujours pareil,
Tant qu’épuisée enfin et morte dans ta chute,
Tu tombes dans la mer et l’éternel sommeil.

V


 
Le soleil est tombé dans les flots ; une barre
De lourds nuages gris qui pèsent sur la mer
S’allonge à l’horizon, et lentement s’empare
Du ciel où disparaît un reflet pâle et vert.

Un âpre vent se lève, annonçant que l’hiver
Avec ses ouragans et ses froids se prépare ;
La houle dure a pris une teinte de fer,
Sauf où blanchit un flot qui se dresse et s’effare.

Sur l’immense surface où tombe la nuit froide,
Egaré, seul, perdu, flotte un canard sauvage ;
Tantôt, battant de l’aile, il lève son cou roide

Comme pour voir au loin, puis inquiet il nage,
Ou plonge et reparaît pour se dresser encore ;
Les siens l’ont oublié ; la mer se décolore.

VI


 
Doux air mélancolique et suave qui passes
En lambeaux déchirés épars dans ces grands vents,
A leurs rugissements monstrueux tu t’enlaces,
Et glisses dans leur voix tes soupirs décevants ;

Car à peine on saisit, dans leur fureur, les traces
De tes frêles fragments, éplorés ou fervents,
Et ta pauvre douceur, mêlée à leurs menaces,
Fuit à peine entendue en leurs torrents mouvants.

Et pourtant elle est plus que la tempête énorme
Qui l’a prise en chemin, la disperse et l’enlève,
Car elle donne une âme à sa clameur informe,

Elle en fait la détresse où se débat un rêve ;
Et cet accent humain qu’il emporte transforme
En chagrin l’ouragan qui hurle sur la grève.

VII


 
Le grand cerf pourchassé dans les plaines de neige
Fuit, bondit par élans désespérés, laissant
Sur l’immense blancheur les taches de son sang,
Que suivent les limiers dont la clameur l’assiège.

Haletant, il débouche, après un long manège
Sur un fleuve gelé, où son sabot glissant
Ne peut mordre et trahit chaque bond impuissant ;
Sur ce champ sans obstacle il est pris comme au piège.

Il entend approcher les aboiements des chiens,
Il meurtrit ses genoux, se relève, retombe,
Et voici que la meute accourt comme une trombe.

Il revoit ses amours sous les chênes anciens,
Il sent les premiers crocs s’enfoncer dans ses chairs,
Et meurt, les yeux levés vers les deux froids et clairs.

VII


 
« Où es-tu ? » disait-elle, errant sur un rivage
Où des saules trempaient leurs feuillages tremblants :
Et des larmes d’argent coulaient dans ses doigts blancs,
Quand elle s’arrêtait, les mains sur son visage.

Et lui, errant aussi sur un sable sauvage
Où des joncs exhalaient de longs soupirs dolents,
Sous la mort du soleil, au bord des flots sanglants,
S’écriait : « Où es-tu ? », tordant ses mains de rage.

Les échos qui portaient leurs appels douloureux
Se rencontraient en l’air, et les mêlaient entre eux
En une plainte unique à la fois grave et tendre ;

Mais eux, que séparait un seul pli de terrain,
Plus désespérément se cherchèrent en vain,
Sans jamais s’entrevoir et sans jamais s’entendre.

IX


1

 
Éternelle nature aux aspects infinis,
Nos cœurs trouvent un miel fait de lis ou d’absinthe
Dans les spectacles doux ou tragiques, fournis
Par ton mélange obscur d’allégresse et de plainte !

Où sont les jours heureux où, dans ta vaste enceinte,
Je n’entendais partout que la chanson des nids ?
Une incommensurable et divine hyacinthe
Fleurissait dans les cieux sans cesse rajeunis ;

Partout où se posaient mes yeux, j’apercevais
Des rayons plus légers que ceux que je rêvais
Se jouer dans la brise en remuant des roses ;

Les êtres bondissaient dans la force et la joie ;
Je voyais seulement les fils d’or et de soie
Dans la trame profonde et diverse des choses.

X


2

 
Mais depuis le chagrin dont mon âme est atteinte,
Mes jeux se sont ouverts : dans les cieux embrunis
L’étincelante fleur de l’azur s’est éteinte,
Et même les rayons du matin sont ternis.

Dans un monde pétri de tristesse et de crainte,
Plein de nids dévastés et de cœurs désunis,
Je vois, sous une horrible et criminelle étreinte,
Tous les êtres souffrir, injustement punis ;

Je vois que la douleur sort d’éternelles causes ;
Je vois les longs tourments trembler sous chaque joie,
Les pétales fanés dans les fleurs entr’écloses,

Et dans la fin des jours, dont la clarté flamboie,
Les triomphes sanglants et les apothéoses
De la Mort dont la Vie a préparé la proie.

XI


 
Le hameau n’est qu’un tas sombre dans la falaise ;
L’océan, sur la grève où flotte une lueur,
Exhale un long soupir qui monte et qui s’apaise,
Comme un être oppressé d’un éternel malaise ;

Ce rythme tout puissant pénètre dans mon cœur,
Et d’un si grave poids sur ma détresse pèse
Qu’il me semble à présent que ma faible douleur
Ne soit plus qu’une voix en un immense chœur

Où montent la souffrance et l’angoisse du monde,
Et que mon propre ennui, de lui-même oublieux,
Dans ces vastes chagrins se mêle et se confonde.

Mais tout à coup se rompt l’accord mystérieux,
Et mon âme se sent aussitôt si profonde
Que tout ce bruit s’y perd comme un cri dans les cieux.

XII


 
L’année a ramené le triste anniversaire
De cette nuit d’adieu dans la petite église,
Et sur ce souvenir mon cœur navré se serre,
S’y déchirant toujours à la même surprise.

Dans les griffes du soir le jour pâle agonise,
Saignant comme un oiseau grisâtre que lacère
Un immense oiseau noir qui grandit dans la bise ;
Sous ce meurtre la mer gémit avec colère.

Sur ce cap où, parmi les coups sourds de l’écume,
L’aigu cri des oiseaux de passage tournoie,
Je veux passer la nuit, jusqu’à ce que je voie,

Dans le ciel inquiet et tourmenté d’alarmes,
Se lever, à travers son lourd voile de brume,
Une aurore meurtrie et déjà tout en larmes.

XIII


 
Je m’en suis venu seul revoir notre vallée ;
Elle est déserte, elle est muette, c’est l’hiver.
Dans ses bois dépouillés comme elle est désolée !
La crête des coteaux dans le brouillard se perd ;

Les talus ont à peine un peu de gazon vert ;
La petite rivière au flot vif est gelée ;
La cascade est un bloc de glace amoncelée
Sous son vieux pont de bois, de givre recouvert ;

Les oiseaux sont blottis ; seul un martin-pêcheur,
Venu près du moulin chercher une eau courante,
S’envole : des corbeaux traversent le ciel froid ;

Nul bruit que le fusil éloigné d’un chasseur ;
Déjà le soir étreint de tristesse navrante
Le paysage nu qui semble plus étroit.

XIV


 
L’air froid vibre ; le sol sonne durci ; la lune
Surgit étincelante et froide dans le ciel ;
Les traits des astres clairs sont aigus, et le gel
Met un morceau d’acier dans chaque ornière brune.

L’église du hameau jette à travers la dune
Les appels bondissants des cloches de Noël,
Et son porche s’emplit des clartés de l’autel,
Auquel pense le mousse engourdi dans la hune.

Ah ! si cette soirée où tous sont réunis
Pouvait nous rapprocher en ses instants bénis,
Et si je te voyais, tout à coup ramenée,

Descendre en souriant le massif escalier,
Et t’asseoir sous la vieille et vaste cheminée
Dont les charbons ardents auraient l’air d’un rosier !

XV


 
Le vieil aveugle assis sur le bord de la route,
La main du même geste inutile tendue,
Répétait la chanson que personne n’écoute,
Et je faillis passer sans l’avoir entendue.

Mais un mot m’arrêta ; c’était une chanson
D’un cœur des temps jadis, maintenant en poussière,
Où ton nom revenait constamment comme un son
De pieuse, pudique et profonde prière.

Un instant j’écoutai, puis je vidai ma bourse
Dans la main du vieillard, en lui disant la cause
Afin qu’en son esprit ténébreux, où la source

Des lumineux rayons à jamais sera close,
Ton nom soit le bienfait suprême, la bonté,
Et ce qui peut le mieux remplacer la clarté.

XVI


 
Parfois dans un vieux cœur d’où le souvenir fuit,
Plus pauvre, chaque jour, de toutes les pensées
Qui s’éloignent de lui, par troupes empressées
De l’abandonner seul au vide et à la nuit,

S’entend encor, lointain et faible, un joyeux bruit ;
Quelques émotions de ses amours passées
Chantent soudain parmi ses chambres délaissées,
Dans l’obscure stupeur qui se répand en lui ;

Pareilles à l’horloge épuisée et qui sonne
Faiblement les coups lents de ses dernières heures,
Dans un manoir désert par l’exil ou la mort ;

Sur les perrons disjoints croîtra la belladone.
L’eau suintera verdâtre au bord des chantepleures,
Le dernier son du Temps dans les couloirs s’endort.

XVII


 
Qu’est-ce, hélas ! que l’amour d’où ne sort point l’enfant ?
Que reste-t-il de lui quand l’âge l’a fané ?
Ce qu’il reste des ors du matin triomphant,
Lorsque le soir blêmit, par la nuit entraîné.

Mais les cieux immortels qu’un trait de pourpre fend,
Rendront la jeune aurore au monde illuminé ;
De quel Levant viendra le rayon réchauffant
À l’amour qui vieillit stérile et consterné ?

Aussi nous passerons tous les deux comme un songe :
Quand l’un de nous sera dans l’Obscur où tout plonge,
Il ne restera plus pendant un court espace,

Qu’un cœur en deuil pleurant d’une secrète plainte
Le rêve évanoui, la vision éteinte,
Jusqu’à ce que lui-même anéanti s’efface.

XVIII


 
Mon front est soucieux et mes tempes blanchissent,
Je marche mon chemin d’un pas moins assuré,
Mes yeux, toujours pensifs, à présent réfléchissent
Devant ce qu’autrefois ils auraient admiré ;

Plus d’un coin de mon cœur demeure inhabité,
Et la mélancolie a pris dans mon sourire
La place qu’autrefois y tenait la gaîté,
Quelque chose de moi chaque jour se retire.

L’habitude de vivre a soustrait de leur force
Aux fêtes du cerveau comme aux chagrins du cœur
Le mystère du monde a perdu sa terreur,

Pour en frémir encore il faut que je m’efforce ;
L’arbre sent s’épaissir et durcir son écorce,
Et pénétrer en lui le cercle de torpeur.

XIX


 
Heureux les morts, heureux les cadavres paisibles,
Lentement emmenés dans un chariot noir
Vers les profonds logis de glaise inaccessibles
Aux flots tumultueux de chagrin et d’espoir !

À travers tous les temps ils seront impassibles,
Ayant tout oublié, ne voulant plus rien voir ;
Et la terre, craquant de tremblements horribles,
Pourra les remuer mais non les émouvoir.

Surtout ils sont guéris des passions humaines,
Leurs cœurs sont arrêtés, leurs moelles refroidies,
Le pendule est brisé des amours et des haines,

Eteints à tout jamais les cruels incendies
Qui dévoraient leurs os, et leurs sens apaisés
Ne tourmenteront plus leurs corps décomposés.

XX


1

 
Faut-il que ma douleur aussi soit égoïste ?
Faut-il que par instants je tressaille surpris
De trop souffrir pour moi ? — Dans quelle pose triste,
Près de quelle fenêtre ouvrant sur des flots gris,

Au fond desquels un peu de lumière résiste
Au noir déchirement de ses derniers débris,
Songes-tu, cependant que ton regard assiste
À cette mort du jour dans les cieux défleuris ?

Quel livre de chagrin et d’angoisse soufferte
Tient sa page la plus désespérée ouverte
Sous tes yeux pleins de pleurs, entre tes doigts tremblants ?

Sous quels grands arbres nus traînes-tu tes pas lents ?
Sur quel banc laisses-tu tomber ton corps inerte ?
Dans quel miroir vois-tu tes premiers cheveux blancs ?

XXI


2

 
Dans quels calmes regrets ton esprit résigné
Erre-t-il, y portant une tristesse auguste ;
Ou, frémissant de haine envers le sort injuste,
De quels âpres regrets ressort-il indigné ?

De quels secrets efforts, sans cesse triomphants
Et sans cesse repris, nourris-tu ton supplice ?
Et dans quels longs baisers aux fronts de tes enfants
Crois-tu pouvoir trouver le prix du sacrifice ?

Ah ! peut-être au moment où ta lèvre les touche,
Exécrable penser dont mon cœur s’effarouche
Plus que de tes sanglots les plus désespérés,

Peut-être le baiser s’arrête sur ta bouche,
Et trouve une amertume à ces fronts adorés,
À ces fronts innocents qui nous ont séparés !

XXII


1

 
Ainsi que ma douleur est au cœur de ma vie,
Ta douleur, bien-aimée, est au cœur de la mienne ;
Et, comme mon chagrin saigne au fond de moi-même,
Au fond de mon chagrin saigne encor ta pensée.

Quand ma peine paraît de souffrir assouvie,
Il naît en elle une autre angoisse plus lointaine,
Dont elle n’est qu’un faible écho, qu’un pâle emblème,
Comme elle est elle-même en ces vers retracée.

Mais cette angoisse est trop profonde pour les mots,
Elle gît au delà des plus profonds sanglots,
Dans les gouffres obscurs de mon être abîmée,

Et noyée en mon sang qui la roule en ses flots ;
Et la douleur de ma douleur, ô bien aimée,
Doit pour toujours en moi rester inexprimée.

XXIII


2

 
Comme on s’assied au bord d’un lac sombre dont l’onde
Reçoit le long reflet de bois chargés d’horreur,
Sans songer à la source invisible et profonde,
Qui, naissant sous ses eaux, lui donne sa noirceur.

Parfois je ne connais que ma propre douleur,
Sans que ton souvenir un instant s’y confonde ;
Je crois que c’est de moi, de moi seul, de mon cœur,
Que sort tout ce regret infini qui m’inonde,

Sans qu’aucun autre flot vienne s’y marier ;
Et je t’oublie alors ou semble t’oublier !
Mais, surpris tout à coup que mon âme contienne

De quoi fournir sans cesse à ce chagrin immense,
Je deviens attentif, et je sens ta souffrance
Sourdre confusément tout au fond de la mienne.

XXIV


 
Que je sois le premier par la Mort entraîné,
Mes yeux déjà voilés toujours tournés vers toi,
Et mon être expirant, où la chaleur décroit,
Refusant de périr, à t’aimer obstiné ;

Ou que, sans avoir pu marcher dans ton convoi,
J’aille auprès de ta tombe, en secret prosterné,
Portant mon amour fier et jamais profané,
Y verser la douleur qu’il fait saigner en moi ;

L’un de nous restera dans la vaste lumière,
Et criera, vers l’absent en son étroit asile,
Son deuil, ses pleurs, son cœur à jamais solitaire.

Mais celui qui glacé dormira dans l’argile
Gardera sans émoi son repos immobile,
Car aucun bruit humain ne retentit sous terre.

XXV


 
Ainsi nous resterons séparés dans la vie,
Et nos cœurs et nos corps s’appelleront en vain
Sans se joindre jamais en un instant divin
D’humaine passion d’elle-même assouvie.

Puis, quand nous gagnera le suprême sommeil,
Ils t’enseveliront loin de mon cimetière ;
Nous serons exilés l’un de l’autre en la terre,
Après l’avoir été sous l’éclatant soleil ;

Des marbres différents porteront sur leur lame
Nos noms, nos tristes noms, à jamais désunis,
Et le puissant amour qui brûle dans notre âme,

Sans avoir allumé d’autre vie à sa flamme,
Et laissant moins de lui que le moindre des nids,
Tombera dans la nuit des néants infinis.