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À une jeune fille (Armand Silvestre)

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Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir À une jeune fille.
Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 217-219).

À UNE JEUNE FILLE

Comme un rideau de mousseline
Tendu sur les horizons bleus,
L’automne sur ses pas frileux
Traîne une vapeur opaline.

Adieu l’éclat des jours vermeils !
Sur le berceau tremblant des roses,
L’automne de ses doigts moroses,
Ouvre l’aile des longs sommeils.

Les parfums légers qui des grèves
Montent comme d’un encensoir
Ne bercent plus, dans l’air du soir,
Le vol alangui de nos rêves.

Tout est triste sur les chemins
Où l’or des branches dépouillées
Emporte l’orgueil des feuillées
Avec des sanglots presque humains ;

La fuite des oiseaux s’effare
Et les chevreuils sont aux abois,
Sitôt que le vent dans les bois
Sonne sa première fanfare.

Et la plaine, sous les autans,
S’emplit d’une peur incertaine.
— Hélas ! comme l’heure est lointaine
Où reverdira le printemps !

Mais, en attendant qu’il renaisse,
Ramenant clartés et couleurs,
L’an garde ses plus belles fleurs
Pour en parer votre jeunesse !