Épigrammes (Martial)/1841/Préface 2
LIVRE SECOND.
Je crois t’entendre me dire : Que me veux-tu avec ton
épître ? N’est-ce donc point assez que j’aie la complaisance
de lire tes épigrammes ? Et d’ailleurs, que peux-tu me dire
ici que tu ne puisses aussi bien me dire dans tes vers ? Que
les poètes tragiques mettent des prologues en tête de leurs
pièces, on le conçoit, puisqu’ils ne parlent pas en leur
nom ; mais des épigrammes n’ont pas besoin d’un interprète,
et savent très-bien s’expliquer elles-mêmes dans
leur langage satirique. Chaque page, à la volonté de l’auteur,
devient une épître. Épargne-toi donc, je te le conseille,
un ridicule ; et ne jette point un manteau sur les
épaules d’un danseur. Enfin, vois s’il est à propos pour
toi de te mesurer, armé seulement d’une épée de bois,
contre le trident du rétiaire. Pour moi, je me range parmi
ceux qui déclarent le combat inégal.
— Par Hercule, Décianus, tu dis vrai ! tu ne sais pas avec quelle longue et terrible épître tu allais avoir affaire ! Ainsi donc, soit fait comme tu le désires ! Ceux entre les mains de qui tombera ce livre, t’auront l’obligation de ne point arriver fatigués à la première page.