Évangile d’une grand’mère/104

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 276-277).

CIV

LE TRIBUT À CÉSAR.



Les Pharisiens se retirèrent ensuite pour délibérer sur les moyens de perdre Notre-Seigneur, et ils décidèrent qu’il fallait tâcher de le faire parler contre la loi et contre César, qui était leur Empereur. Ils envoyèrent donc des espions pour l’interroger sur ce qu’ils devaient faire pour le tribut de l’Empereur ; ils se présentèrent comme des gens de bien qui venaient le consulter :

« Seigneur, lui dirent ces hypocrites, nous savons que vous êtes un homme sage et prudent et que vous ne donnez que de bons conseils. Dites-nous votre avis sur ceci. Est-il permis ou n’est-il pas permis de payer le tribut à César ? »

Jésus, connaissant leur malice, leur répondit :

« Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi la pièce d’argent qu’on doit payer pour le tribut. »

Ils lui présentèrent un denier.

Petit-Louis. Combien ça faisait, un denier ?

Grand’mère. Je vous ai déjà dit, je crois, qu’un denier faisait à peu près quatre-vingts centimes de notre monnaie.

Jacques. Ce n’était pas beaucoup ; pourquoi les Juifs étaient-ils mécontents de payer si peu de chose ?

Grand’mère. Parce que cette obligation de payer un tribut leur rappelait que les Romains les avaient conquis, et ils en étaient humiliés.

Notre-Seigneur, voyant le denier, leur dit :

« De qui est cette image et cette inscription ?

— De César, lui dirent-ils.

— Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Élisabeth. Comme c’est bien répondu ! Comme Notre-Seigneur fait de belles réponses quand les Juifs veulent l’embarrasser !

Pierre. Ils ont dû être bien attrapés et furieux ; car il n’y avait rien à redire à cette réponse.

Grand’mère. L’Évangile dit qu’ayant entendu la réponse de Notre-Seigneur, ils furent remplis d’admiration et que, le laissant, ils s’en allèrent.

Henri. Et ils ne se convertirent pas ?

Grand’mère. L’Évangile ne le dit pas. Probablement qu’ils restèrent ce qu’ils étaient, pleins d’orgueil, de haine et de jalousie, car il est impossible que le repentir entre dans un cœur rempli d’orgueil, de haine et d’envie.