Évangile d’une grand’mère/137

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 356-358).

CXXXVII

JÉSUS APPARAÎT AUX DISCIPLES RÉUNIS.



Mais voici que les portes étant fermées et les Apôtres et disciples se trouvant réunis, tout à coup Notre-Seigneur apparut debout au milieu d’eux et leur dit :

« Que la pais soit avec vous ! Ne craignez rien, c’est moi. »

Ils crurent voir un fantôme et furent saisis d’effroi.

« Que craignez-vous ? leur répéta-t-il de sa douce et sainte voix. Quelles pensées vous agitent ? »

Et leur montrant ses mains et ses pieds, où il avait conservé les stigmates, c’est-à-dire les signes de la rédemption :

« Voyez et touchez, leur dit-il. C’est bien moi ; un fantôme n’a ni chair ni os. »

Mais comme ils hésitaient encore, partagés entre la joie et la stupeur, le bon Maître, plein d’indulgence pour leur faiblesse, ajouta :

« Avez-vous quelque chose à manger ? »

Ils lui offrirent un poisson grillé et un rayon de miel. Il mangea devant eux et leur distribua ce qui restait.

Enfin les Apôtres étaient convaincus. Ils voyaient de leurs yeux, ils touchaient de leurs mains. À l’excès du découragement succéda le comble de la joie. Ils se prosternèrent devant le Fils de Dieu et l’adorèrent. Mais il leur reprocha la dureté de leur cœur et leur lenteur à croire. Puis il leur ouvrit l’esprit…

Petit-Louis. Comment a-t-il pu ouvrir leur esprit ?

Grand’mère. En leur donnant la grâce de comprendre le sens des prophéties qui s’étaient accomplies par sa vie, par sa mort, par sa résurrection.

« Tout ce qui est arrivé était écrit, dit-il en finissant. Il fallait que le Christ souffrît, qu’il mourût et qu’il ressuscitât le troisième jour d’entre les morts ; et maintenant il faut que la pénitence et la rémission ou le pardon des péchés soient prêchés par toute la terre, en commençant par Jérusalem.

« La paix soit avec vous ! leur dit-il une seconde fois avec douceur et majesté. De même que mon Père m’a envoyé, de même je vous envoie. »

Puis, soufflant sur eux :

« Recevez le Saint-Esprit. Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. »

Ce fut ainsi que Notre-Seigneur institua la Confession ou Sacrement de pénitence.

Henri. Comment ça ? Il n’a pas dit qu’il fallait se confesser ?

Grand’mère. Il n’a pas dit le mot, mais il a dit la chose.

Henri. Je ne vois pas cela, Grand’mère, dans ce que dit Notre-Seigneur.

Grand’mère. Tu vas le comprendre tout à l’heure. Notre-Seigneur, en donnant aux Apôtres la puissance de remettre les péchés, suppose nécessairement qu’il y aura des péchés à remettre ; que, pour les remettre, il faut que les Apôtres les connaissent ; et pour les connaître, il faut qu’on les leur dise. La Confession n’est pas autre chose : l’aveu des fautes par celui qui les a commises, et la rémission ou absolution de ces fautes par celui qui a reçu de Dieu le pouvoir de les remettre ; de même le Prêtre a le pouvoir de les retenir, c’est-à-dire de ne pas les pardonner, s’il juge qu’il n’y a pas de repentir ni ferme propos de ne plus pécher.

Si jamais, mes enfants, vous entendez dire que la Confession a été inventée par les hommes et non pas établie par Notre-Seigneur, rappelez-vous ces paroles si claires de Jésus-Christ :

« Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez ! »