Évangile d’une grand’mère/27

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 76-78).

XXVII

MATTHIEU SUIT JÉSUS.



Jésus continua à instruire le peuple qui venait en foule pour l’écouter. Un jour, il vit un homme qui s’appelait Lévi ou Matthieu, assis devant un bureau des impôts…

Valentine. Qu’est-ce que c’est, des impôts ?

Grand’mère. Les impôts étaient les sommes d’argent que chacun devait payer au gouverneur de la Judée.

Armand. Et combien fallait-il payer ?

Grand’mère. Cela dépendait de ce qu’on avait ; les riches payaient plus que les pauvres ; on payait plus pour une grande terre que pour une petite, plus pour une belle maison que pour une petite ou une laide.

Jésus dit à Matthieu :

« Suis-moi. »

Et Matthieu se leva sur-le-champ et le suivit, laissant son bureau et tout ce qu’il avait. Il resta disciple de Jésus et il écrivit, depuis, l’Évangile que je vous raconte.

Henriette. Ah ! c’est lui qui a écrit tout l’Évangile ? Je croyais que c’était saint Jean.

Grand’mère. Saint Jean a en effet écrit aussi l’Évangile, de même que saint Luc et saint Marc ; on les a gardés tous les quatre, parce que tous les quatre ont été inspirés et enseignés intérieurement par le Saint-Esprit. D’ailleurs tout ce qui est raconté dans un Évangile n’est pas toujours raconté dans les autres, parce qu’il y a des choses que l’un a omis d’écrire et que l’autre a écrites.

Matthieu ou Lévi, car il avait deux noms, donna à Jésus un grand festin dans sa maison ; et il y avait à ce festin, ou repas, un grand nombre de Publicains et d’autres gens, ce qui fâcha et humilia les Pharisiens et les Scribes, parce qu’ils se croyaient très-supérieurs aux Publicains ; et ils murmuraient et disaient aux disciples :

« Pourquoi buvez-vous et mangez-vous avec des Publicains et des pécheurs ? »

Jésus, connaissant leurs pensées, répondit pour ses disciples :

« Ce ne sont pas ceux qui se portent bien, qui ont besoin du médecin, mais les malades. Apprenez ce que signifient mes paroles : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice ; car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. »

Armand. Je ne comprends pas ce que dit Jésus.

Grand’mère. Il dit ou veut dire : que si les Publicains et leurs amis étaient malades dans leur âme, c’est-à-dire s’ils étaient méchants, il venait à eux pour les guérir, c’est-à-dire, pour les rendre bons, comme les médecins qui ne soignent pas les bien portants, mais les malades. Il dit qu’il aimait mieux pardonner que punir, être miséricordieux que sacrifier les coupables, parce qu’il n’était pas venu dans ce monde pour appeler les bons, qui viennent sans qu’on les appelle, mais les mauvais, après lesquels il faut courir.

Armand. Ah ! oui, je comprends très-bien à présent.

Grand’mère. Les disciples de Jean et ceux des Pharisiens, qui jeûnaient souvent, vinrent trouver Jésus et lui dirent :

« Maître, pourquoi vos disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et des Pharisiens ? »

Jésus leur répondit :

« Ceux qui accompagnent l’époux aux noces peuvent-ils jeûner ? Pendant tout le temps que l’époux est avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un jour viendra, où l’époux leur sera enlevé, alors ils jeûneront. »

Jeanne. Qu’est-ce que cela veut dire ? Je ne comprends pas du tout.

Grand’mère. Cela veut dire que le temps que Jésus passait sur la terre avec ses disciples, était pour eux une grande fête comme une noce ; de même que personne ne jeûne à une noce, de même ses disciples ne jeûnaient pas tandis qu’il était avec eux ; mais lorsqu’il les quitterait pour retourner au Ciel dans la gloire de son père, alors ils jeûneraient.