Évangile d’une grand’mère/29

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 83-85).

XXIX

GUÉRISON D’UN HOMME À LA MAIN DESSÉCHÉE.



Le lendemain, quand la grand’mère entra dans la salle d’étude, les huit petits enfants au-dessous de huit ans se précipitèrent vers elle en criant :

« Nous avons été très-sages, Grand’mère, nous n’avons pas insulté ni offensé le bon Jésus ! nous n’avons pas fait comme les méchants Juifs ! »

La grand’mère les embrassa tous en souriant.

« Je suis très-contente de ce que vous me dites, mes chers petits. Le bon Jésus, que vous avez cherché à contenter, vous en récompensera ; jamais il ne laisse rien passer de bon sans le récompenser. »

Henri. Mais aussi il punit tout ce qui est mal.

Grand’mère. Oui, sans doute ; autrement il ne serait pas juste. Aujourd’hui, je vais vous raconter un nouveau miracle.

Jésus entra un jour de sabbat dans une synagogue et il se mit à enseigner le peuple. Il y avait là, près de lui, un homme qui avait la main droite desséchée, à la suite d’une maladie ou d’un accident. Les Docteurs de la loi et les Pharisiens observaient pour voir si Jésus le guérirait ; parce qu’ils voulaient saisir cette occasion d’accuser Jésus d’avoir fait une chose défendue en guérissant le jour du sabbat.

Notre-Seigneur, connaissant leur pensée, leur dit :

« Qui est celui d’entre vous, qui, ayant une brebis, si elle tombe dans un fossé, ne la relève et ne la retire ? Or un homme vaut bien plus qu’une brebis ; il est donc permis de faire du bien le jour du sabbat. »

Alors il dit à l’homme qui avait la main desséchée :

« Lève-toi, et viens ici. » Puis il dit aux Pharisiens et aux Docteurs de la loi :

« Est-il permis, le jour de sabbat, de faire du bien ou du mal, de sauver la vie d’un homme ou de le laisser périr ? »

Et ils n’osèrent répondre une parole ; mais Jésus, les regardant avec indignation, et attristé de l’aveuglement de leur cœur, il dit à cet homme :

« Étends ta main. » Il l’étendit et sa main fut guérie.

Les Pharisiens fort en colère, mais ne pouvant le blâmer devant le peuple, sortirent de la synagogue et tinrent conseil sur les moyens de le perdre.

Armand. Comment le perdre ? où le perdre ?

Grand’mère. Le perdre, c’est-à-dire le faire mourir, lui faire perdre la vie.

Petit-Louis. Grand’mère, pourquoi avez-vous dit : l’aveuglement de leur cœur ; un cœur ne peut pas être aveugle puisqu’il n’a pas d’yeux.

Grand’mère. Aussi n’ai-je pas voulu dire que leur cœur ne verrait plus clair. On dit aveuglement du cœur, pour : les mauvais sentiments du cœur, qui l’empêchent de voir, c’est-à-dire de comprendre le mal qu’il fait.

Henriette. Certainement. Quand on te dit : « Tu vois bien que tu as eu tort ! » tu ne le vois pas avec tes yeux, et pourtant tu le vois, tu le sens.

Petit-Louis. Oui, oui, je comprends à présent.