Évangile d’une grand’mère/71

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 196-197).

LXXI

LES SAMARITAINS REFUSENT DE RECEVOIR JÉSUS.



Notre-Seigneur, sachant que le temps approchait où il devait être mis à mort par les Juifs, marcha vers Jérusalem et il envoya des disciples en avant pour lui préparer un logement dans un village des Samaritains. Mais les habitants de Samarie, qui détestaient les Juifs, ne voulurent pas les recevoir. Et les disciples Jacques et Jean dirent à Jésus :

« Seigneur, voulez-vous que nous commandions au feu du ciel de descendre et de les consumer ? » Mais Jésus, se tournant vers eux, leur dit, en les reprenant :

« Vous ne savez de quel esprit vous êtes ! »

Marie-Thérèse. Comment ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

Grand’mère. Cela veut dire : Vous oubliez donc que vous devez avoir l’esprit de charité, qui est l’esprit de Dieu, mon esprit à moi qui suis tout bonté et tout amour. Aussi, Notre-Seigneur ajoute :

« Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour perdre les âmes, mais pour les sauver. »

Et ils allèrent plus loin dans un autre village. Pendant qu’ils y allaient, un homme s’approcha de Notre-Seigneur et lui dit :

« Je vous suivrai partout où vous irez. »

Jésus lui répondit :

« Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’Homme n’a pas où reposer sa tête. »

Jeanne. Pauvre Jésus ! il n’a pas seulement une pauvre petite maison à lui !

Grand’mère. S’il l’avait voulu, il aurait eu toutes les richesses du monde ; mais il a voulu être toute sa vie pauvre et dénué de tout, pour nous donner l’exemple du détachement des richesses et du bien-être de ce monde. Aussi, quand d’autres hésitent à le suivre parce qu’ils ont des affaires à régler, Notre-Seigneur leur dit :

« Quiconque ayant mis la main à la charrue, regarde derrière soi, n’est point propre au Royaume de Dieu. »

Valentine. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Grand’mère. Cela veut dire que tout homme qui a commencé à travailler pour le bon Dieu, et à le servir, et qui jette un regard de regret derrière soi, c’est-à-dire, rappelle le passé, regrette les plaisirs, les amis qu’il a abandonnés pour le service de Dieu, celui-là est un mauvais serviteur ; il quittera la charrue, c’est-à-dire la rude vie de pénitence et de mortifications, et il abandonnera Dieu pour le monde.