Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 068

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Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 75-76).

FABLE LXVIII.

LE CHIEN ET LE CHAT.


Tous deux fort à notre aise, ayant même logis,
D’où vient sommes-nous ennemis ?
Pourquoi nous quereller sans cesse ?
Disoit un Rominagrobis
Au joli levrier chéri de sa maîtresse ;
Oublions nos débats, et soyons vrais amis ;
J’ai pour toi du penchant, même quelque tendresse.
Partageons nos festins en égale moitié ;
Touche-là sur ma patte en signe d’amitié,
C’est comme du velours, sa douceur est extrême ;

 
Serre-la dans la tienne, et puis embrassons-nous.
Le chien recule et dit : mais la griffe est dessous ;
On ne craint pas la mienne, et pour les gens que j’aime,
Dans mes folâtres jeux, ou bien en caressant,
Ma douce patte enfin sera toujours la même :
Je ne veux point d’ami, s’il n’en peut dire autant.