Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 073

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Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 84).

FABLE LXXIII.

LA MORT DU RENARD.


En croquant un cochon de lait
Trop goulûment, un renard s’étrangloit :
Suffoquant, sans secours, le glouton gémissoit,
Une poule compatissante,
Qui des champs ramenoit son poussin assez tard,
Près du mourant se trouve par hasard ;
La pauvrette lui dit, et d’une voix touchante :
Tu fus mon ennemi, mais je plains ton danger,
De grand cœur, je voudrois te pouvoir soulager,
Parle, mon cher, que faut-il faire ?
Pas le mot, il soupire en voyant bonne chère,
Étend sa patte, et son dernier effort
À mère, enfant donne la mort.
Un proverbe à citer peut être nécessaire :
Comme on a vécu l’on mourra ;
Ou la patte, ou la main accoutumée à prendre,
Sans se lasser toujours prendra :
Contre elle, cher lecteur, tâchons de nous défendre.