Œuvres complètes d’Hippocrate (trad. Littré)/tome 1/03

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Traduction par Émile Littré.
Baillière (Tome premierp. 44-65).


CHAPITRE III.

DES LIVRES QUI PORTENT LE NOM D’HIPPOCRATE


Séparateur


Nous possédons sous le nom de livres d’Hippocrate une masse très considérable d’écrits. C’est la réunion de ces écrits que j’appellerai pour abréger Collection hippocratique. Le premier coup d’œil montre qu’ils ne forment ni un ensemble, ni un corps, et qu’on y chercherait vainement l’œuvre d’un homme qui aurait travaillé sur les différentes parties de la médecine. Les traités non seulement ne se supposent pas l’un l’autre, mais encore ils présentent les plus grandes disparates. Les uns sont des écrits complets en eux-mêmes ; les autres ne sont que des recueils de notes qui se suivent sans avoir aucun lien entre elles, et qui sont quelquefois à peine intelligibles. Quelques-uns sont incomplets et mutilés ; d’autres forment dans la collection totale des séries particulières qui appartiennent à la même pensée et à la même main. En un mot, pour peu qu’on réfléchisse au contexte de ces nombreux écrits, on est conduit à penser qu’ils ne sont pas d’un même auteur. Cette remarque a de tout temps frappé ceux qui se sont occupés des livres hippocratiques, et dès l’époque même où on les commentait dans l’école d’Alexandrie, on disputait déjà sur leur authenticité. La confusion manifeste qui y existe nécessite l’intervention de la critique ; mais aussi la date reculée de la composition de ces écrits et l’absence de témoignages rendent un tel travail extrêmement épineux. Si les difficultés étaient déjà si grandes et les doutes si autorisés dans l’antiquité, que doit-il en être de nos jours, et pour nous qui, depuis le temps des commentateurs alexandrins et de Galien, avons fait tant de pertes en livres de tout genre ? Beaucoup de travaux ont eu pour objet l’histoire littéraire des écrits hippocratiques ; beaucoup d’hommes éminents se sont livrés aux recherches que cette histoire réclame ; et cependant maintes questions restent encore indécises, et des divergences très considérables entre les critiques, sur l’authenticité d’un même écrit, montrent que l’on manque d’un point stable de départ, et de documents qui soient autre chose que des conjectures. J’essaierai de résoudre quelques-unes de ces questions, et de lever quelques-uns de ces doutes ; non que je me flatte d’avoir dissipé toutes les obscurités du sujet ; mais aidé des travaux de mes prédécesseurs dans ce genre d’explorations, j’espère faire dans mon temps ce qu’ils ont fait dans le leur, c’est-à-dire avancer d’un pas l’histoire littéraire d’Hippocrate, et la laisser plus éclaircie que je ne l’ai reçue.

Cette histoire, manquant presque complètement de données qui lui soient propres et qui soient de son époque, a besoin, pour se soutenir, de réunir une foule de matériaux épars. Elle exige donc une construction laborieuse ; et le développement, pour être clair et convaincant, est tenu de passer par une série de recherches et de déductions qui vont au but, il est vrai, mais qui y vont d’une manière détournée. Le premier travail à faire est de prendre connaissance de la collection elle-même, et d’examiner quels renseignements on en peut tirer sur les questions qui sont à résoudre. Il faut la feuilleter page par page, et lui demander quel état de la médecine elle représente, quels travaux elle indique, quels noms elle cite, à quels pays elle se rapporte, et quelles traces évidentes elle porte d’une collaboration multiple. L’époque qui sépare le temps où a fleuri Hippocrate, du temps où Érasistrate et Hérophile devinrent à Alexandrie les chefs de la médecine, c’est-à-dire un espace d’environ 130 ans, est une de celles sur laquelle les documents et les livres nous manquent le plus. Les œuvres qui forment la collection hippocratique ont dû être composées dans cet intervalle ; leur examen intrinsèque nous fournira des notions que nous ne pouvons nous procurer par aucune autre voie.

Prouvons avant toute chose que la Collection hippocratique renferme des fragments qui y figurent dès les premiers temps, mais qui, incontestablement, ne sont pas d’Hippocrate. J’en ai deux exemples irrécusables. Le premier est relatif à un passage sur l’anatomie des veines qu’on lit dans le Traité de la nature de l’homme. Ce traité a été cité par tous les commentateurs comme faisant partie de la Collection hippocratique. Le passage en question est textuellement rapporté par Aristote (Histoire des animaux, liv. III, chap. 4) ; et Aristote dit que ce morceau est de Polybe. Or, en ce point, l’autorité d’Aristote prévaut sur toute autre, et manifestement sur celle d’Érotien et de Galien. Polybe, gendre d’Hippocrate, devait être exactement le contemporain de Platon, par conséquent vieux quand Aristote était jeune. Ainsi le témoignage de ce dernier est irrécusable, d’autant plus qu’il était très éclairé et très versé dans la connaissance des livres scientifiques. Il n’a pas pu commettre la grossière méprise d’attribuer à Polybe ce qui était d’Hippocrate ; il connaissait bien Hippocrate, qu’il cite dans un de ses ouvrages. Là où il rapporte le long passage de Polybe sur la dissection des veines, il discute avec beaucoup de soin une question d’anatomie ; et, à côté de Polybe, il cite sur le même sujet un passage de Syennésis de Chypre, dont le nom ne nous a été conservé que par lui, et un passage de Diogène d’Apollonie.

Ainsi Aristote seul nous a appris un fait sur lequel toute la littérature antique a gardé le silence, à savoir qu’un morceau dû à Polybe se trouve dans la Collection hippocratique. D’où vient ce silence ? et comment Aristote a-t-il seul connu cette particularité ? En traitant, dans le chapitre VII, de la formation de la Collection, j’expliquerai ce point important de l’histoire des livres hippocratiques.

Le morceau de Polybe n’est pas le seul qui, dans la Collection hippocratique, n’appartienne pas à Hippocrate. Je ne parlerai pas ici du fragment de Syennésis de Chypre qui est inséré dans le Traité de la nature des os ; car, comme je le ferai voir plus loin, ce traité n’en est pas un, et il ne doit pas subsister. Celui qui me reste à citer est un fragment d’Euryphon qui se trouve presque mot à mot dans le Deuxième livre des maladies[1]. L’identité de ces deux fragments est évidente, et comme Euryphon est antérieur même à Hippocrate, c’est à lui qu’il faut en rendre la propriété.

Voilà un premier point établi : il existe dans la collection hippocratique des morceaux qui sont attribués à Hippocrate, mais qui, de toute certitude, appartiennent à d’autres écrivains. Ainsi s’ouvre la porte aux conjectures qui sont autorisées à étendre, bien au-delà des deux ouvrages cités plus haut, le cercle des compositions pseudo-hippocratiques, d’autant plus que la Collection tout entière est une réunion d’écrits simplement juxta-posés, sans aucune liaison intérieure. Il est donc permis de croire que beaucoup d’autres livres sont, à tort, décorés du nom du chef de l’école de Cos. Cela sera plus loin examiné avec détail. Il me suffit dans le commencement d’avoir établi le fait sur deux exemples irrécusables.

Les renseignements que l’on trouve dans la Collection sont de différents genres. Beaucoup se rapportent à la pratique des autres médecins, et l’on y voit des critiques sur les moyens qu’ils emploient, sur leurs diagnostics, sur leurs pronostics, sur leurs opinions théoriques. Il faut donner les principaux exemples. L’auteur du Quatrième livre des maladies dit[2] que les anciens médecins se trompaient surtout sur la connaissance des jours ; car ils purgeaient leurs malades dans les jours impairs, et les faisaient périr. Le même écrivain établit une discussion assez longue pour prouver contre l’opinion de certains médecins que les boissons ne passent pas dans la trachée-artère. L’auteur du Traité des affections internes[3] reproche aux médecins de se méprendre sur l’organe malade quand ils voient du sable dans les urines ; ils prétendent que la vessie contient des calculs, ils se trompent, car c’est le rein qui est calculeux. Ce passage est digne de remarque, parce qu’il nous montre des traces de polémique entre les différents écrivains qui ont concouru à la Collection hippocratique. En effet, il contredit formellement l’aphorisme soixante-dix-neuvième de la quatrième section dont l’auteur se trouve placé parmi ces médecins qui ignorent le véritable siége des affections calculeuses. L’aphorisme est ainsi conçu : « Du sable déposé dans l’urine annonce la présence d’un calcul dans la vessie. » On ne peut se méprendre sur la contrariété de ces deux propositions, ni s’empêcher de voir une véritable critique de l’une par l’autre.

Les médecins praticiens y sont plusieurs fois nommés, soit avec éloge, soit avec critique. « Les médecins les plus loués « sont ceux qui usent des règles du régime et des autres formes de traitement, dit l’auteur du Traité de l’art, qui ajoute « que ceux qui entreprennent de guérir des maux incurables sont admirés par les médecins de nom, et sont un objet de raillerie pour les vrais médecins. » L’auteur du Livre des maladies des femmes accuse les médecins d’avoir fait des opérations inutiles et dangereuses dans des cas où la rétention des menstrues leur avait fait croire à l’existence d’un abcès. Il les accuse encore d’employer des médicaments astringents dans les gonflements de la matrice, soit avant, soit après l’accouchement ; de commettre de fréquentes erreurs en traitant les maladies des femmes comme celles des hommes, et de regarder comme une hydropisie les gonflements des pieds et des jambes qui surviennent pendant le cours d’affections utérines. L’auteur du Deuxième livre des épidémies reproche aux médecins qui soignaient Héragoras de n’avoir pas connu que les hémorrhagies abondantes des narines procurent une amélioration considérable. L’auteur du Cinquième livre des épidémies remarque que les médecins qui traitaient Hipposthène dans la ville de Larisse, le croyaient atteint de péripneumonie, mais qu’il n’en était rien. Ailleurs il raconte que le médecin qui pansa un homme blessé d’un coup de lance, retira bien le bois, mais qu’il laissa un fragment du fer. Le même malade paraissant au médecin aller mieux, l’auteur du Cinquième livre des épidémies prédit qu’une convulsion allait survenir et le malade succomber, pronostic qui se vérifia complètement. Dans le Septième livre des épidémies on lit qu’Eudème, atteint d’une affection de la rate, reçut de ses médecins le conseil de bien manger, de boire un peu de vin léger, et de beaucoup marcher. Ce régime n’amena aucun changement ; un différent réussit mieux.

C’est surtout dans le Traité des fractures qu’il y a une longue polémique contre les méthodes variées que les médecins mettent en usage pour remédier à ces accidents. L’auteur leur reproche vivement de chercher les modes de réduction et de déligation qui frappent les yeux du vulgaire, sans s’inquiéter de ceux qui conviennent le plus aux malades. L’un de ces médecins, prétendus habiles, voulait déterminer le bandage de la fracture du bras d’après les règles de l’art de l’archer. L’autre prétendait, d’après de fausses observations ostéologiques, mettre toujours le membre dans la supination. L’auteur n’a pas assez de blâme contre ceux qui, dans les plaies avec fracture, s’empressent de bander le membre en dessus et en dessous de la plaie. Ils sont forcés, à cause du gonflement, de défaire leur bandage, dont ils recommencent à se servir dans une autre occasion sans se douter qu’il est la cause du mal. L’auteur fait cette remarque parce qu’il a vu un grand nombre d’accidents naître de ce genre de déligation, et il invoque en faveur de sa pratique le témoignage de toute la médecine ; phrase remarquable qui est un appel aux préceptes de la science, et qui prouve qu’elle était cultivée depuis long-temps. Remarquons en outre que, dans le Livre des fractures, on conseille aux médecins qui pratiquent dans une grande ville d’avoir tout prêt un appareil en bois pour les réductions. L’auteur du Traité des articulations se livre à des critiques toutes semblables. Il blâme ces médecins qui, pour réduire les luxations, emploient des moyens propres à étonner la foule, et il rougirait, dit-il, de tout ce qui sent la jonglerie ; il recommande de connaître tout ce qui a été fait en ce genre, et de choisir les meilleures méthodes ; il signale l’antiquité de quelques-uns de ces instruments, et loue l’emploi de toutes les machines qui sont conformes à la structure du corps ; il relève une foule d’erreurs touchant l’ostéologie ou le traitement des luxations. On voit par toutes ces citations combien la médecine était pratiquée, combien d’hommes s’en occupaient, et combien les écrivains qui forment la Collection hippocratique, faisaient attention à la pratique de leurs confrères, soit pour l’approuver, soit pour la blâmer.

De tous ces médecins, praticiens ignorés d’une époque aussi reculée, deux seulement sont nommés : ce sont Prodicus et Pythoclès. Il est dit dans le Sixième livre des épidémies que Prodicus causait la mort des fébricitants en les soumettant à des marches et à des exercices forcés. On a beaucoup douté s’il fallait écrire Prodicus ou Hérodicus ; mais comme il y a eu un Prodicus vers ce temps, et qu’Hérodicus n’appliquait la méthode de l’exercice qu’aux maladies chroniques, il est probable que la critique de l’auteur hippocratique s’adresse, non au second, mais au premier. Il est remarqué dans le Cinquième livre et dans le Septième des épidémies que Pythoclès donnait à ses malades du lait étendu de beaucoup d’eau. Cette pratique n’est ni louée ni blâmée, mais dans un aphorisme on spécifie tous les cas de maladies fébriles où le lait est contre-indiqué.

À côté des remarques sur la pratique journalière des médecins se trouvent, dans la Collection hippocratique, des traces d’une polémique assez étendue contre les écrits médicaux de cette époque. La plus remarquable, sans contredit, est celle par laquelle débute l’auteur du Traité du régime dans les maladies aiguës. Elle est dirigée contre un livre célèbre alors, les Sentences cnidiennes, et contre l’école de Cnide. Dans le Traité de l’ancienne médecine, on blâme les médecins qui établissent leurs raisonnements sur l’hypothèse d’une seule qualité élémentaire, et qui fondent la pratique de l’art sur cette nouvelle manière de raisonner. L’auteur du Régime mentionne les écrits antérieurs sur le même sujet, et déclare qu’il ne s’est mis à l’œuvre que pour combler les lacunes que ces livres laissaient. Ce dont il se vante surtout, c’est d’éclairer les signes qui se déclarent antérieurement aux maladies. L’auteur du Premier livre des maladies soutient que le temps qui en règle le cours n’est pas aussi précis que quelques-uns le prétendent : phrase qui semble être une restriction à la théorie sur les jours critiques ; et celui du Deuxième livre des prorrhétiques se refuse à croire tout ce qu’on lit dans les livres sur l’exactitude avec laquelle on peut discerner les moindres écarts de régime dans un homme, et prédire avec toute certitude ce qui va arriver dans le cours des maladies. Souvent des locutions sont blâmées, et l’auteur ne les emploie que pour se conformer à l’usage ; en plusieurs endroits on parle de ceux qui sont en dehors de la médecine, ce qui prouve que les médecins formaient vraiment un corps.

Il est plusieurs fois question des philosophes qui se livraient à l'étude de la nature ; il est parlé d’écrits sur cet objet, où l’on prétendait que le cerveau était l’organe qui résonnait dans l’audition ; il est parlé encore de l’opinion des anciens sur le chaud et l’éther. Il faut remarquer que cette qualification d’anciens revient plusieurs fois, ce qui prouve que la littérature médicale existait déjà depuis long-temps. Deux philosophes seulement y sont nommés ; l’un est Mélissus de l’école éléatique, cité dans le Traité de la nature de l’homme, l’autre est Empédocle, dans le Livre de l’ancienne médecine. Un vers d’Homère est rapporté dans le Livre des articulations ; et ce vers ne se retrouve plus dans les œuvres de ce poète telles que nous les possédons aujourd’hui. Un seul livre est cité par son titre : c’est celui des Sentences cnidiennes. Il est question de deux éditions de cet écrit.

Les traces d’études sur la matière médicale et la pharmacie sont fort nombreuses. On vante à cet égard les progrès de la médecine, et on exhorte le jeune médecin à graver dans sa mémoire ce qui est écrit sur les vertus des médicaments ; on parle de breuvages préparés d’après la formule ; plusieurs passages indiquent des traités de thérapeutique où les remèdes étaient rangés d’après leurs effets réels ou prétendus. C’est ainsi que l’on cite des médicaments propres aux maladies de la matrice ou destinés à étancher le sang. Déjà certains remèdes portent des noms particuliers qui ne sont autre chose que des désignations usitées parmi les médecins et les pharmaciens ; et quand on dit dans le Premier livre des maladies des femmes qu’il faut broyer une certaine substance comme on broie un médicament, cela indique certaines règles pour des procédés pharmaceutiques.

L’examen minutieux de ce que l’on pourrait appeler les sources de la Collection hippocratique nous a montré que les auteurs qui y figurent avaient puisé, et dans une littérature déjà riche, et dans la pratique d’un corps médical déjà nombreux. À l’époque où Hippocrate et ses successeurs ont écrit, la Grèce possédait beaucoup de livres sur la médecine ; l’enseignement en était répandu ; un grand nombre de praticiens étaient disséminés dans le pays, et ils agitaient entre eux, soit de vive voix, soit par écrit, des questions variées de théorie et de pratique. L’étude, sous ce point de vue, de la Collection hippocratique, nous a donné quelques aperçus sur l’état de la science et sur le public médical qui la cultivait, et surtout elle a grandement changé l’idée qu’on se fait ordinairement de la position d’Hippocrate dans la médecine grecque. En consultant les écrits hippocratiques, seuls dignes de foi en cela, et corroborés en outre par les témoignages des écrivains contemporains, on le voit placé au milieu d’un mouvement scientifique qui a commencé avant lui, auquel il prend une part active, et qui se développe avec vigueur et plénitude long-temps encore après sa mort.

La Collection hippocratique porte en son propre sein l’indice des travaux qui furent exécutés alors, et la trace des pertes que nous avons faites ; confirmant ainsi le résultat déjà obtenu par l’examen des sources elles-mêmes où ont puisé les auteurs hippocratiques. Leurs œuvres n’ont pas été moins maltraitées que les œuvres des autres médecins de leur temps ; de telle sorte que la Collection hippocratique, qui n’est déjà qu’un fragment de la littérature médicale de cette époque, n’est à son tour qu’un fragment des productions d’une école dont quelques livres seulement nous sont arrivés sous le nom commun d’Hippocrate.

Il est question, dans plusieurs endroits de la Collection, de traités qui sont anéantis, et qui le sont depuis bien longtemps ; car ni Galien, ni Érotien, ni les critiques plus reculés de l’école d’Alexandrie, ne les ont jamais vus ou connus. Tout cela avait péri dans l’intervalle qui sépare Hippocrate de la fondation des grandes bibliothèques ; les ouvrages dont les titres sont cités dans la Collection, et d’autres sans doute qui ne le sont pas, n’ont eu qu’une existence éphémère, et il leur est arrivé, ce qui est arrivé si souvent aux livres de l’antiquité, d’être détruits avant d’avoir été multipliés par les copies. Pour ces ouvrages hippocratiques, il ne faut pas en accuser l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie ; ils n’existaient déjà plus au moment où cette bibliothèque fut établie.

Le médecin auteur du Livre des articulations annonce plusieurs ouvrages. Il parle d’un Traité sur les frictions[4] ; il promet d’exposer la texture des glandes, leur position, leurs signes et leurs actions[5], d’expliquer, pour une espèce particulière de tumeurs, dans quel cas il faudra avoir recours à l’incision[6], de traiter des déviations de la colonne vertébrale, en traitant des affections chroniques des poumons[7], de démontrer les communications des veines et des artères, le point d’où elles partent, et l’action qu’elles exercent[8], d’entrer dans des détails sur la nature de l’intestin et de l’abdomen tout entier, sur les voyages et les distensions de la matrice[9]. Toutes ces promesses ont été sans doute remplies ; ces écrits ont été composés et ont servi à l’enseignement de la médecine dans les écoles de Cos. Mais ils n’en ont pas dépassé l’enceinte, et au moment où le zèle de recueillir des livres se développa, au moment où l’on s’occupa de les multiplier, ceux-là n’existaient plus.

Il en faut dire autant des traités composés par l’auteur du Second livre des prorrhétiques : ni l’ouvrage sur les collections purulentes du poumon (pour parler le langage médical de cette époque[10]), ni celui sur les maladies aiguës[11], ni celui qui concernait les fièvres nées spontanément et sans causes évidentes[12], et qui comprenait sans doute aussi l’exposition des crises[13], ni celui sur les diverses espèces d’ophthalmie[14], ne sont parvenus jusqu’aux commentateurs de l’école d’Alexandrie. C’étaient là des traités considérables sur des questions importantes de théorie et de pratique. On a, dans cette énumération de titres, l’énumération de grands travaux auxquels se livra l’antique médecine. Tout ce qui fut fait alors composerait une bibliothèque ; nous n’en avons que des feuillets dépareillés.

L’auteur du Traité des affections, faisant, de son côté, de fréquents retours sur ses propres compositions, nous apprend quels étaient les sujets qui occupaient la médecine d’alors. Il avait composé des traités spéciaux sur les collections purulentes du poumon, sur les phthisiques, sur les maladies des femmes[15], sur les yeux[16], sur la fièvre tierce et la fièvre quarte[17]. Mais le livre qu’il cite le plus souvent, et auquel il renvoie incessamment ses lecteurs, est un livre de pharmacologie. À la plupart des maladies qu’il énumère, il ajoute qu’il faut donner le remède comme il est prescrit dans le Traité des remèdes[18]. De pareils traités ont toujours été nécessaires à l’exercice de la médecine ; et ils ne manquaient pas à cette époque. L’auteur du Traité des affections internes fait aussi quelques allusions à un livre semblable[19]. L’auteur du Quatrième livre des maladies, qui se cite souvent lui-même (et nous possédons plusieurs de ces traités cités, les livres de la Génération, de la Nature de l’enfant, et des Maladies des femmes), fait allusion à un écrit sur la péripneumonie qui n’a pas atteint l’époque de la fondation de l’école alexandrine[20].

Le Traité de la naissance à sept mois est mutilé, la fin manque ; l’auteur devait écrire sur les corps ; il l’annonce mais cela a péri[21].

L’auteur du Traité de la nature humaine annonce qu’il expliquera les périodes des jours critiques[22], et qu’il a expliqué ce qui a rapport à chaque âge, à chaque saison, à chaque constitution et à chaque maladie[23].

Dans le livre qui est intitulé Du médecin, et qui est relatif surtout à la chirurgie, il est question de plusieurs écrits également perdus dès la plus haute antiquité. Ce sont : un livre sur les médicaments qui ont la propriété de procurer la maturation[24], un livre sur les caractères des ulcères[25], et un livre sur la chirurgie militaire[26].

Enfin, l’auteur de l’opuscule sur l’Art renvoie ailleurs l’examen d’une question de philosophie sur ce qui, dans les noms et les idées des choses, est l’œuvre de l’esprit humain ou l’empreinte même de la nature[27].

On voit combien est longue cette liste de traités disparus avant que la Collection hippocratique ne fût formée, à combien d’objets divers l’étude avait été appliquée, et combien peu il a été conservé de cette littérature, même en la restreignant à l’école de Cos, école dont il est le plus resté. Galien, en commentant le Traité des articulations, fut frappé, lui aussi, de ces pertes nombreuses : « Hippocrate, dit-il, a annoncé, dans ce traité, plusieurs ouvrages qui n’existent plus aujourd’hui. Ou il ne les a pas composés, ou ils ont péri ainsi qu’il est arrivé à beaucoup d’autres livres anciens. Plusieurs auteurs ont écrit sur ces pertes[28]. » Il ajoute qu’il est parlé, à la vérité, des collections purulentes de la poitrine dans le Livre des affections internes et dans le Premier livre des maladies mais que, dans aucun de ces livres, il n’y a correspondance exacte avec les indications du Traité des articulations. L’insertion de fragments appartenant à différents auteurs, le renvoi fréquent à des compositions qui n’existent plus, tout explique comment il se fait que cette Collection présente tant de décousu.

Je ne peux pas mieux terminer des recherches qui signalent l’état florissant de cette antique médecine, que par une citation où Galien en rappelle toute la richesse : « J’hésiterais, dit-il, à écrire un livre sur la méthode thérapeutique que les anciens ont commencée, et que leurs successeurs ont essayé d’achever. Jadis il existait entre les écoles de Cos et de Cnide une lutte à qui l’emporterait par le nombre des découvertes. Car les asclépiades d’Asie étaient divisés en deux branches après l’extinction de la branche de Rhodes. À cette lutte honorable prenaient part aussi les médecins de l’Italie, Philistion, Empédocle, Pausanias et leurs disciples ; de telle sorte que trois écoles admirables se disputaient la prééminence dans la médecine. Celle de Cos se trouva avoir les disciples les plus nombreux et les meilleurs ; celle de Cnide la suivit de près ; et l’école d’Italie ne fut pas non plus sans gloire[29]. »

Plusieurs critiques, dans l’antiquité, et surtout dans les temps modernes, ont incliné à croire que certains des écrits contenus dans la Collection hippocratique avaient été supposés par des faussaires à l’époque où les rois d’Égypte et de Pergame rivalisaient entr’eux pour l’achat des livres, et les payaient très cher. Cette assertion, contredite par plusieurs témoignages directs, l’est formellement aussi par les allusions fréquentes que les auteurs des ouvrages existants aujourd’hui font à des ouvrages perdus. Rien ne prouve mieux que ce sont véritablement des médecins d’un temps antérieur à la formation des grandes bibliothèques qui ont composé ces livres. Un faussaire n’aurait pu songer à cette variété de citations ; il n’y aurait pas vu un moyen de donner plus de créance à ses suppositions ; et s’il avait cru utile de recourir à cet artifice, il aurait bien plutôt cité des ouvrages existants, afin que ces renvois de l’un à l’autre fortifiassent l’authenticité des ouvrages qu’il attribuait à Hippocrate. Et en effet, le faussaire qui a composé la correspondance du médecin de Cos avec Artaxerce et Démocrite n’y a pas manqué. Il cite le Pronostic, le Livre du régime dans les maladies aiguës, le Prorrhétique, et il essaie par ce moyen de donner à ses fraudes un caractère de vérité. Mais les véritables médecins dont les écrits ont été conservés dans la Collection hippocratique se réfèrent à d’autres ouvrages qu’ils avaient composés, et qui étaient déjà détruits au moment où les bibliothèques recueillirent ceux qui subsistent encore aujourd’hui. L’auteur seul des Traités sur la génération de l’enfant, sur les maladies des femmes, etc., fait des allusions de l’un à l’autre, mais il ne les cite même pas sous le titre qu’ils portent aujourd’hui, et il use, pour les désigner, de quelques variétés de langage qui ne peuvent appartenir qu’à l’auteur lui-même. Un faussaire citerait les titres avec une exactitude scrupuleuse.

À ces arguments il faut joindre ceux que fournissent les livres qui ne sont évidemment que des notes jetées sans ordre, que des observations décousues, que des souvenirs déposés pour être consultés ou pour servir de matériaux à d’autres ouvrages. Cinq livres des Épidémies sur sept, le Traité des humeurs, la fin du Traité sur le régime dans les maladies aiguës, etc., ne sont pas autre chose. Les idées s’y succèdent sans avoir aucune liaison les unes avec les autres ; les phrases souvent ne sont pas faites ; quelques mots seulement sont écrits, qui aidaient l’auteur à se rappeler sa pensée, mais qui sont, dans beaucoup de cas, des énigmes presque indéchiffrables. On conçoit cela très bien, si on considère ces compositions comme des recueils de notes que les auteurs gardaient pour leur usage, et qui n’étaient pas destinés à voir le jour ; mais cela ne se conçoit plus si on veut y voir de véritables livres. Qui, en effet, se serait jamais imaginé de publier sous son nom des œuvres si informes où nombre de phrases se prêtent à plusieurs interprétations sans qu’on soit jamais bien sûr d’avoir rencontré la bonne ? Admettra-t-on que la même main qui avait tracé les livres si clairs, si corrects, si élégants sur le Pronostic et sur les airs, les eaux et les lieux, se soit complue à accumuler une série incohérente de phrases sans construction régulière et achevée, accumulation que l’on s’explique si l’on n’y voit que des notes ? C’est l’opinion que la plupart des critiques de l’antiquité ont professée à cet égard. Ils se sont accordés à dire que les livres en question n’avaient jamais dû être publiés sous cette forme, mais que les disciples ou les descendants de celui qui avait ainsi jeté sans ordre ses réflexions, avaient, après sa mort, publié l'œuvre posthume telle qu’ils l’avaient trouvée.

Une autre explication n’est pas admissible sur la composition même des livres dont il s’agit ici. Quant à la publication, j’essaierai d’en déterminer le mode dans un des chapitres suivants. En attendant, je prends acte de leur contexte même, de leur incohérence, de leur incorrection, de leur obscurité, du jugement unanime qu’en ont porté les anciens critiques, pour faire observer que la nature même de tous ces défauts prouve qu’ils n’ont pu être l’œuvre de quelque faussaire qui aurait voulu, par amusement ou pour l’amour du gain, supposer des écrits qu’il aurait attribués à Hippocrate. Un faussaire s’y serait pris autrement. Ses compositions auraient eu au moins de la suite, et jamais il n’aurait imaginé, pour donner plus de créance à ses suppositions, d’y jeter l’incroyable désordre, l’extrême incohérence, le décousu des phrases qui règnent dans tout le cours de ces livres. Il aurait fait du vraisemblable, il n’aurait pas atteint le vrai. Le vrai ici réside dans une particularité qui ne pouvait être devinée avant un exemple : c’est que des notes, sans liaison et sans rédaction, seraient livrées à la publicité. Ajoutons que ces notes sont quelquefois profondes, ingénieuses, savantes, et toujours essentiellement médicales ; autres conditions auxquelles un faussaire aurait pu songer, mais qu’il aurait été incapable de remplir.

Des noms de pays sont cités dans la Collection hippocratique. Il y est fait une mention très fréquente de l’île de Thasos. On y trouve aussi nommés Abdère et Périnthe en Thrace, Olynthe dans la Chalcidique, Larisse, Cranon et Phère en Thessalie, les îles de Délos, de Cos et d’Andros ; l’écrivain parle des Palus Mœotides, du Phase, des contrées du Pont, des Scythes nomades, comme ayant vu ces peuples, ayant parcouru ces régions. La même remarque s’applique aux Lybiens et aux Égyptiens. Il se plaît aussi à comparer les Européens et les Asiatiques. Il cite les Macrocéphales. Dans un autre traité il est question du récit des Amazones, sur la vérité duquel l’auteur ne se prononce pas. Un grand nombre de noms de malades est rapporté ; leurs habitations sont souvent décrites ; l’endroit où ils demeurent est spécifié ; en un mot, leur adresse est véritablement donnée. De tels détails impriment aux histoires des maladies un caractère évident de bonne foi et d’authenticité ; mais il n’est guère possible d’en tirer aucun fruit pour distinguer le temps de la composition des livres, et pour en reconnaître les auteurs. Une date, l’indication d’une olympiade, ou de quelqu’un des magistrats des États Grecs, nous auraient été bien plus utiles pour toutes ces questions que l’adresse de tel malade qui demeurait à la porte de Thrace à Abdère.

Quoi qu’il en soit, ce ne sera pas sans fruit que nous aurons ainsi minutieusement exploré la Collection hippocratique. D’abord on y acquiert la preuve incontestable qu’au temps où elle a été composée, la médecine était très florissante. Elle occupait une multitude d’intelligences ; elle enfantait une foule de livres ; elle comptait un nombre infini de praticiens ; elle était livrée à leurs débats et à leurs recherches. Cette période a été pour elle une période d’activité dans laquelle beaucoup a été fait, mais dont peu est resté. Ainsi s’est continuée, sans relâche comme sans interruption, la culture de la science que nous avons vue commencée avec tant d’ardeur et de succès bien avant Hippocrate. La Collection qui est arrivée jusqu’à nous montre qu’après lui le zèle scientifique n’avait rien perdu de son énergie, ni le travail de son attrait, ni la pratique de ses encouragements.

Mais en même temps on trouve, dans cette Collection, des morceaux d’auteurs différents, Polybe et Euryphon, sans compter Hippocrate ; les œuvres d’autres mains étrangères, sans aucun doute, y sont incorporées. La démonstration donnée pour Polybe et pour Euryphon ouvre le champ à la critique, et lui permet de parler avec plus de certitude des faux titres donnés à des livres qui portent le nom d’Hippocrate et ne sont pas de lui. À côté de ces interpolations on rencontre des livres tronqués dont la fin manque, ou dont le commencement a disparu. Puis viennent des notes publiées sans choix et sans rédaction. On aperçoit la contrariété des doctrines, la différence des styles on reconnaît des emprunts de ces livres l’un sur l’autre. Ces emprunts sont en trop grand nombre pour être énumérés ici ; et, au point où nous sommes arrivés en ce moment, nous n’avons pas les moyens de distinguer quel est l’emprunteur, quel est le prêteur, et dans quel cas un même auteur répète et reproduit ses propres idées.

De ce point de vue, la Collection hippocratique est un chaos ; au milieu apparaissent des parties d’une conservation parfaite, tandis que d’autres ne sont que ruine et fragments. Tous nos efforts doivent tendre à nous y reconnaître, à y remettre de l’ordre ; car, a dit Bacon, Citius emergit veritas ex errore quam ex confusione. Si nous n’appelions pas d’ailleurs des lumières qui nous éclairassent, si nous nous contentions des seules ressources que nous fournirait une méditation assidue des textes hippocratiques, nous arriverions sans doute à obtenir quelques résultats qui, bien que probables en eux-mêmes, resteraient encore sujets au doute et à la contestation ; et, dans tous les cas, ils ne dépasseraient jamais une limite étroite. Il faut donc examiner avec soin les écrits anciens qui nous sont parvenus, et leur demander un complément d’instruction qui permette à la critique de porter un jugement plus précis sur l’importante question littéraire qui lui est soumise. Voici, en effet, le point de la difficulté : Les livres qui remontent à une haute antiquité, n’ont une authenticité inattaquable, dans leur existence, que lorsqu’ils sont cités dès leur origine, dans le détail de leur texte, que lorsqu’ils sont commentés. Or, l’ensemble des œuvres hippocratiques n’a été cité par personne dans l’intervalle qui sépare Hippocrate de l’établissement de l’école d’Alexandrie : et quant à son texte, cet ensemble n’a été commenté que par les disciples immédiats d’Hérophile, à part un seul traité (le Pronostic), commenté un peu auparavant. Ainsi l’existence de la Collection ne devient positive, le texte n’en devient assuré que dans la génération qui a suivi Hérophile. Cette Collection peut être plus ancienne, mais elle ne peut pas être plus moderne ; c’est là une limite que j’indique d’avance, et que la suite de ce travail mettra hors de toute contestation. Maintenant, on le voit, si l’on veut pénétrer plus avant, et essayer de distinguer dans la Collection même, les écrits qui sont vraiment d’Hippocrate, ce sont les témoignages antérieurs qu’il s’agit de recueillir et de peser. Ils ne porteront pas, il est vrai, sur l’ensemble de la Collection, mais ils porteront sur quelques livres en particulier ; et ces livres fourniront un point fixe à la critique.

  1. Voici le passage du traité hippocratique : Πελίη νοῦσος. Πυροτὸς ξηρὸς καὶ φρὶξ ἄλλοτε καὶ ἄλλοτε, καὶ τὴν κεφαλὴν ἀλγέει. Καὶ τὰ σπλάγχνα ὀδύνη ἔχει. Καὶ ἐμέει χολήν. Καὶ ὅταν ἡ ὀδύνη ἔχη, οὐ δύναται ἐνορᾷν, ἀλλὰ βαρύνεται. καὶ ἡ γαστὴρ σκληρὴ γίνεται. Καὶ ἡ χροίη πελιδνὴ, καὶ τὰ χείλεα, καὶ τῶν ὀφθαλμῶν τὰ λευκὰ, πελιδνά. καὶ ἐξορᾷ ὡς ἀγχόμενος. Ἐνίοτε καὶ τὴν χροίην πεταβάλλει, καὶ ἐκ πελιδνοῦ ὑπόχλωρος γίνεται.. Voici le passage d’Euryphon dans Galien, t. 5, p. 456, Ed. Bas. : Πελίας πυρετὸς ἴσχει καὶ βρυγμὸς ἄλλοτε καὶ ἀλλοτε, καὶ τὴν κεφαλὴν ἀλγέει. Καὶ τὰ σπλάγχνα ὀδύνη ἴσχει, καὶ ἐμέει χολὴν, καὶ ὅταν ὀδύνη ἔχη, ἐνορᾷν οὐ δύναται, ὅτι βαρύνεται, καὶ ἡ γαστὴρ ξηρὴ γίνεται, καὶ ὁ χρὼς πελιὸς ἅπας, καὶ ἐξορᾷ ὥσπερ ἀπαγχόμενος, ὅτε δὲ ἧσσον τοῦτο πάσχει, καὶ μεταβάλλει πολλάκις.
  2. Page 172, Ed. Frob.
  3. Page 196, Ed. Frob.
  4. Ἀλλὰ διορεῖται ἡμῖν περὶ ἀνατρίψιος ἐν ἄλλῳ λόγῳ. p. 475, Éd. Frob.
  5. Περὶ ἀδένων οὐλομελίης γεγράψεται, ὅτι τέ εἰσι, καὶ οἷα ἐν οἵοισι σημαίνουσί τε καὶ δύνανται. p. 476, Éd. Frob.
  6. Περὶ τούτων (γαγγλιωδέων) ἔν ἄλλῳ λόγῳ γεγράψεται. p. 483, Éd. Frob.
  7. Ἀλλὰ περὶ τούτων ἐν τοῖσι χρονίοισι κατὰ πνεύμονα νοσήμασιν εἰρήσεται. p. 484, Éd. Frob.
  8. Αἱ δὲ φλεβῶν καὶ ἀρτηριῶν κοινωνίαι ἐν ἑτέρῳ λόγῳ δεδηλώσονται, p. 485, Éd. Frob.
  9. Καὶ κατὰ τὴν τοῦ ἐντέρου φύσιν καὶ κατὰ τὴν τῆς ξυμπάσης κοιλίης, καὶ κατὰ τὰς τῶν ὑστερέων πλάνας καὶ ξυντάσιας· ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων ἑτέρωθι λόγος ἔσται ἠδελφισμένος τοῖσι νῦν λεγομένοισιν. p. 492, Éd. Frob
  10. Ἅπερ περὶ τῶν ἐμπύων ἔγραφον. p. 416, Éd. Frob.
  11. Ἅ ἐν τοῖσιν ὀξέσι νουσήμασιν ἔγραφα., p. 418, Éd. Frob.
  12. Ὡς ἐν τοῖσι πυρετοῖσι διαγέγραπται, τοῖσιν ἄνευ προφάσεων ἐμφανέων γινομένοισι. p. 418, Éd. Frob.
  13. Αἱ δὲ κρίσιες ὡς ἐν τοῖσι πυρετοῖσιν ἔγραψα., p. 420, Éd. Frob.
  14. Τὰς δὲ πολυχρονίοιυς τῶν ὀφθαλμιῶν, ὡς διαγέγραπται ἐφ’ ἑκάστεῃσι. p. 420, Éd. Frob.
  15. Πλὴν περὶ ἐμπύων καὶ φθινόντων καὶ τῶνν γυναικείων. Ταῦτα γὰρ χωρὶς γεγράψεται. p. 184, Ed. Frob.
  16. Πλὴν ὀφθαλμῶν· ταῦτα δὲ ἰδίως γεγράφεται. p. 180, Ed. Frob.
  17. Διότι δὲ ὁ τριταῖος καὶ ὁ τεταρταῖος ἑτέροθί μοι γέγραπται. p. 182, Ed. Frob.
  18. Διδόναι ὅπερ ἐν τῇ φαρμακίτιδι γέγραπται. p. 180. Ed. Frob.
  19. Πίνειν διδόναι ἃ καὶ τῷ στραγγουριῶντι. p. 196, et ailleurs.
  20. Κάλλιον δέ μοι περὶ τούτου ἐν τῇ περιπλευμονίῃ δεδήλωται. p. 177, Ed. Frob.
  21. Τὰ γὰρ ἐπὶ σώμασι τάδε γράψω. p. 46. Ed. Frob.
  22. Τὴν δὲ περίοδον αὖθις φράσω τὴν τῶν ἡμερέων. p. 22, Ed. Frob.
  23. Ὥσπερ μοι καὶ πάλαι εἴρηται πρὸς ἑκάστας τῶν ἡλικιέων καὶ τῶν ὡρέων καὶ τῶν ἰδέων καὶ τῶν νόσων. p. 22, Ed. Frob.
  24. Τὰ δὲ ἐκπέψαι δυνάμενα ὁμαλῶς ἐν ἑτέροις εἴρηται. p. 14, Ed. Frob.
  25. Τούτων ἐν ἑτέροις σημεῖα δεδήλωται. p. 14, Ed. Frob.
  26. Περὶ δὲ τουτέων ἁπάντων (les blessures par armes de guerre) ἐν ἑτέροις γεγραμμένον ἐστίν. p. 14, Ed. Frob.
  27. Περὶ μὲν οὖν τούτων, εἴ γέ τις μὴ ἱκανῶς ἐκ τῶν εἱρημένων ξυνίησιν, ἐν ἄλλοις ἂν λόγοις σαφέστερον διδαχθείη. p. 1, Ed. Frob.
  28. Tom. v, p. 614, Ed. Basil.
  29. Tom. iv, p. 35, Ed. Basil.