Œuvres complètes de Béranger/L’Académie et le Caveau

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L’ACADÉMIE ET LE CAVEAU

chanson de réception
AU CAVEAU MODERNE
1813


Air : Tout le long de la rivière (Air noté )


            Au Caveau je n’osais frapper ;
            Des méchants m’avaient su tromper.
            C’est presque un cercle académique,
            Me disait maint esprit caustique.
            Mais, que vois-je ! de bons amis
            Que rassemble un couvert bien mis.
    Asseyez-vous, me dit la compagnie.
Non, non, ce n’est point comme à l’Académie.
        Ce n’est point comme à l’Académie.

            Je me voyais, pendant un mois,
            Courant pour disputer les voix
            À des gens, qu’appuîrait le zèle
            D’un grand seigneur ou d’une belle :
            Mais, faisant moitié du chemin,
            Vous m’accueillez le verre en main.
    D’ici l’intrigue est à jamais bannie :
Non, non, ce n’est point comme à l’Académie.
        Ce n’est point comme à l’Académie.


            Toussant, crachant, faudra-t-il donc,
            Dans un discours superbe et long,
            Dire : Quel honneur vous me faites !
            Messieurs, vous êtes trop honnêtes ;
            Ou quelque chose d’aussi fort ?
            Mais que je m’effrayais à tort !
    On peut ici montrer moins de génie.
Non, non, ce n’est point comme à l’Académie.
        Ce n’est point comme à l’Académie.

            Je croyais voir le président
            Faire bâiller en répondant
            Que l’on vient de perdre un grand homme ;
            Que moi je le vaux, Dieu sait comme.
            Mais ce président sans façon[1]
            Ne pérore ici qu’en chanson :
    Toujours trop tôt sa harangue est finie.
Non, non, ce n’est point comme à l’Académie.
        Ce n’est point comme à l’Académie.

            Admis enfin, aurai-je alors,
            Pour tout esprit, l’esprit de corps ?
            Il rend le bon sens, quoi qu’on dise,
            Solidaire de la sottise ;
            Mais dans votre société,
            L’esprit de corps c’est la gaîté.
    Cet esprit-là règne sans tyrannie.
Non, non, ce n’est point comme à l’Académie.
        Ce n’est point comme à l’Académie.


            Ainsi, j’en juge à votre accueil,
            Ma chaise n’est point un fauteuil.
            Que je vais chérir cet asile,
            Où tant de fois le Vaudeville
            A renouvelé ses grelots,
            Et sur la porte écrit ces mots :
    Joie, amitié, malice et bonhomie !
Non, non, ce n’est point comme à l’Académie.
        Ce n’est point comme à l’Académie.



Air noté dans Musique des chansons de Béranger :


L’ACADÉMIE ET LE CAVEAU

Air : Tout le long de la rivière
No 4



\relative c'' {
  \time 2/2
  \key f \major
  \tempo "Allegro."
  \autoBeamOff
  \set Score.tempoHideNote = ##t
    \tempo 4 = 120
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"
s2 d4 d8 d | c4 a bes g | a2 f4 f8 f
bes4 g a4. a8 | d,2 a'4 a8 bes | c4 c c c
a f a a8 bes | c4 c c c | a f a a8 b
c4 b cis d | cis2 f,4 f8 g | a4 bes a gis | a2 f'4 f8 f
f4. f8 e f g e | f4 d f8 g f e
d4. d8 c d c bes | bes4 a f8 f f f
bes8 a bes g a2 | d,2 \bar "||"
}
\addlyrics {
Au Ca -- veau je n’o -- sais frap -- per Des mé -- chans 
m’a -- vaient su trom -- per. C’est pres -- qu’un cer -- "cle a-" ca -- dé -- mi -- que Me di -- sait maint es -- prit caus -- ti -- que. Mais que vois-
"je ?" de bons a -- mis Que ras -- semble un cou -- vert bien mis. As -- sey -- ez- 
vous, me dit la com -- pa -- gni -- e Non non ce n’est 
point comme à l’A -- ca -- dé -- mi -- e Ce n’est point com- "me à" l’A -- ca -- dé -- mi -- e.
}

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