Sans bruit, dans ma retraite,
Hier l’Amour pénétra,
Courut à ma cachette,
Et de mon vin s’empara.
Depuis lors ma voix sommeille ;
Adieu tous mes joyeux sons.
Amour, rends-moi ma bouteille,
Ma bouteille et mes chansons.
Iris, dame et coquette,
À ce larcin l’a poussé.
Je n’ai plus la recette
Qui soulage un cœur blessé.
C’est pour gémir que je veille,
En proie aux jaloux soupçons.
Amour, rends-moi ma bouteille,
Ma bouteille et mes chansons.
Épicurien aimable,
À verser frais m’invitant,
Un vieil ami de table
Me tend son verre en chantant ;
Un autre vient à l’oreille
Me demander des leçons.
Amour, rends-moi ma bouteille,
Ma bouteille et mes chansons.
Tant qu’Iris eut contre elle
Ce bon vin si regretté,
Grisette folle et belle
Tenait mon cœur en gaîté.
Lison n’a point sa pareille
Pour vivre avec des garçons.
Amour, rends-moi ma bouteille,
Ma bouteille et mes chansons.
Mais le filou se livre :
Joyeux, il vient à ma voix ;
De mon vin il est ivre,
Et n’en a bu que deux doigts.
Qu’Iris soit une merveille,
Je me ris de ses façons :
Amour me rend ma bouteille,
Ma bouteille et mes chansons.