Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des minéraux/Du cuivre

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DU CUIVRE


De la même manière et dans le même temps que les roches primordiales de fer se sont réduites en rouille par l’impression des éléments humides, les masses du cuivre primitif se sont décomposées en vert-de-gris, qui est la rouille de ce métal, et qui, comme celle du fer, a été transportée par les eaux, et disséminée sur la terre ou accumulée en quelques endroits, où elle a formé des mines qui se sont de même déposées par alluvion, et ont ensuite produit les minerais cuivreux de seconde et de troisième formation ; mais le cuivre natif ou de première origine a été formé, comme l’or et l’argent, dans les fentes perpendiculaires des montagnes quartzeuses, et il se trouve, soit en morceaux de métal massif, soit en veines ou filons mélangés d’autres métaux. Il a été liquéfié ou sublimé par le feu, et il ne faut pas confondre ce cuivre natif de première formation avec le cuivre en stalactites, en grappes ou filets, que nos chimistes ont également appelés cuivres natifs[1], parce qu’ils se trouvent purs dans le sein de la terre : ces derniers cuivres sont au contraire de troisième et peut-être de quatrième formation ; la plupart proviennent d’une cémentation naturelle qui s’est faite par l’intermède du fer auquel le cuivre décomposé s’est attaché après avoir été dissous par les sels de la terre. Ce cuivre, rétabli dans son état de métal par la cémentation, aussi bien que le cuivre primitif qui subsiste encore en masses métalliques, s’est offert le premier à la recherche des hommes : et, comme ce métal est moins difficile à fondre que le fer, il a été employé longtemps auparavant pour fabriquer les armes et les instruments d’agriculture. Nos premiers pères ont donc usé, consommé les premiers cuivres de l’ancienne nature : c’est, ce me semble, par cette raison, que nous ne trouvons presque plus de ce cuivre primitif dans notre Europe, non plus qu’en Asie ; il a été consommé par l’usage qu’en ont fait les habitants de ces deux parties du monde très anciennement peuplées et policées, au lieu qu’en Afrique, et surtout dans le continent de l’Amérique, où les hommes sont plus nouveaux et n’ont jamais été bien civilisés, on trouve encore aujourd’hui des blocs énormes de cuivre en masse qui n’a besoin que d’une première fusion pour donner un métal pur, tandis que tout le cuivre minéralisé, et qui se présente sous la forme de pyrites, demande de grands travaux, plusieurs feux de grillage, et même plusieurs fontes avant qu’on puisse le réduire en bon métal ; cependant ce cuivre minéralisé est presque le seul que l’on trouve aujourd’hui en Europe ; le cuivre primitif a été épuisé, et, s’il en reste encore, ce n’est que dans l’intérieur des montagnes où nous n’avons pu fouiller, tandis qu’en Amérique il se présente à nu, non seulement sur les montagnes, mais jusque dans les plaines et les lacs, comme on le verra dans l’énumération que nous ferons des mines de ce métal, et de leur état actuel dans les différentes parties du monde.

Le cuivre primitif était donc du métal presque pur, incrusté comme l’or et l’argent dans les fentes du quartz, ou mêlé comme le fer primitif dans les masses vitreuses ; et ce métal a été déposé par fusion ou par sublimation dans les fentes perpendiculaires du globe, dès le temps de sa consolidation ; l’action de ce premier feu en a fondu et sublimé la matière, et l’a incorporée dans les rochers vitreux : tous les autres états dans lesquels se présente le cuivre sont postérieurs à ce premier état, et les minerais mêlés de pyrites n’ont été produits, comme les pyrites elles-mêmes, que par l’intermède des éléments humides ; le cuivre primitif attaqué par l’eau, par les acides, les sels, et même par les huiles des végétaux décomposés, a changé de forme ; il a été altéré, minéralisé, détérioré, et il a subi un si grand nombre de transformations qu’à peine pourrons-nous le suivre dans toutes ses dégradations et décompositions.

La première et la plus simple de toutes les décompositions du cuivre est sa conversion en vert-de-gris ou verdet ; l’humidité de l’air ou le plus léger acide suffisent pour produire cette rouille verte : ainsi, dès les premiers temps, après la chute des eaux, toutes les surfaces des blocs du cuivre primitif ou des roches vitreuses, dans lesquelles il était incorporé et fondu, auront plus ou moins subi cette altération ; la rouille verte aura coulé avec les eaux et se sera disséminée sur la terre ou déposée dans les fentes et cavités où nous trouvons le cuivre sous cette forme de verdet. L’eau, en s’infiltrant dans les mines de cuivre, en détache des parties métalliques ; elle les divise en parties si ténues que souvent elles sont invisibles, et qu’on ne les peut reconnaître qu’au mauvais goût et aux effets encore plus mauvais de ces eaux cuivreuses, qui toutes découlent des endroits où gisent les mines de ce métal, et communément elles sont d’autant plus chargées de parties métalliques qu’elles en sont plus voisines : ce cuivre, dissous par les sels de la terre et des eaux, pénètre les matières qu’il rencontre : il se réunit au fer par cémentation, il se combine avec tous les sels acides et alcalins ; et, se mêlant aussi avec les autres substances métalliques, il se présente sous mille formes différentes, dont nous ne pourrons indiquer que les variétés les plus constantes.

Dans ses mines primordiales, le cuivre est donc sous sa forme propre de métal natif, comme l’or et l’argent vierge ; néanmoins il n’est jamais aussi pur dans son état de nature qu’il le devient après avoir été raffiné par notre art : dans cet état primitif, il contient ordinairement une petite quantité de ces deux premiers métaux ; ils paraissent tous trois avoir été fondus ensemble ou sublimés presque en même temps dans les fentes de la roche du globe ; mais, de plus, le cuivre a été incorporé et mêlé, comme le fer primitif, avec la matière vitreuse. Or, l’on sait que le cuivre exige plus de feu que l’or et l’argent pour entrer en fusion, et que le fer en exige encore plus que le cuivre : ainsi ce métal tient entre les trois autres le milieu dans l’ordre de la fusion primitive, puisqu’il se présente d’abord, comme l’or et l’argent, sous la forme de métal fondu, et encore comme le fer, sous la forme d’une pierre métallique. Ces pierres cuivreuses sont communément teintes ou tachées de vert ou de bleu ; la seule humidité de l’air ou de la terre donne aux particules cuivreuses cette couleur verdâtre, et la plus petite quantité d’alcali volatil la change en bleu ; ainsi ces masses cuivreuses, qui sont teintes ou tachées de vert ou de bleu, ont déjà été attaquées par les éléments humides ou par les vapeurs alcalines.

Les mines de cuivre tenant argent sont bien plus communes que celles qui contiennent de l’or ; et, comme le cuivre est plus léger que l’argent, on a observé que dans les mines mêlées de ces deux métaux, la quantité d’argent augmente à mesure que l’on descend ; en sorte que le fond du filon donne plus d’argent que de cuivre, et quelquefois même ne donne que de l’argent[2], tandis que, dans sa partie supérieure, il n’avait offert que du cuivre.

En général, les mines primordiales de cuivre sont assez souvent voisines de celles d’or et d’argent, et toutes sont situées dans les montagnes vitreuses produites par le feu primitif ; mais les mines cuivreuses de seconde formation, et qui proviennent du détriment des premières, gisent dans les montagnes schisteuses, formées, comme les autres montagnes à couches, par le mouvement et le dépôt des eaux. Ces mines secondaires ne sont pas aussi riches que les premières : elles sont toujours mélangées de pyrites et d’une grande quantité d’autres matières hétérogènes[3].

Les mines de troisième formation gisent, comme les secondes, dans les montagnes à couches, et se trouvent non seulement dans les schistes, ardoises et argiles, mais aussi dans les matières calcaires : elles proviennent du détriment des mines de première et de seconde formation, réduites en poudre ou dissoutes et incorporées avec de nouvelles matières. Les minéralogistes leur ont donné autant de noms qu’elles leur ont présenté de différences. La chrysocolle ou vert de montagne, qui n’est que du vert-de-gris très atténué ; la chrysocolle bleue, qui ne diffère de la verte que par la couleur que les alcalis volatils ont fait changer en bleu ; on l’appelle aussi azur, lorsqu’il est bien intense, et il perd cette belle couleur quand il est exposé à l’air, et reprend peu à peu sa couleur verte, à mesure que l’alcali volatil s’en dégage ; il reparaît alors, comme dans son premier état, sous la forme de chrysocolle verte, ou sous celle de malachite : il forme aussi des cristaux verts et bleus, suivant les circonstances, et l’on prétend même qu’il en produit quelquefois d’aussi rouges et d’aussi transparents que ceux de la mine d’argent rouge. Nos chimistes récents en donnent pour exemple les cristaux rouges qu’on a trouvés dans les cavités d’un morceau de métal enfoui depuis plusieurs siècles dans le sein de la terre ; ce morceau est une partie de la jambe d’un cheval de bronze, trouvée à Lyon en 1771 : mon savant ami, M. de Morveau, m’a écrit qu’en examinant au microscope les cavités de ce morceau, il y a vu non seulement des cristaux d’un rouge de rubis, mais aussi d’autres cristaux d’un beau vert d’émeraude et transparents dont on n’a pas parlé, et il me demande qu’est-ce qui a pu produire ces cristaux[4]. M. Demeste dit à ce sujet que l’azur et le vert de cuivre, ainsi que la malachite et les cristaux rouges qui se trouvent dans ce bloc de métal, anciennement enfoui, sont autant de produits des différentes modifications que le cuivre, en état métallique, a subies dans le sein de la terre[5] ; mais cet habile chimiste me paraît se tromper, en attribuant au cuivre seul l’origine de ces petits cristaux qui sont, dit-il, très éclatants, et d’une mine rouge de cuivre transparente, comme la plus belle mine d’argent rouge : car ce morceau de métal n’était pas de cuivre pur, mais de bronze, comme il le dit lui-même, c’est-à-dire de cuivre mêlé d’étain et, dès lors, ces cristaux rouges peuvent être regardés comme des cristaux produits par l’arsenic, qui reste toujours en plus ou moins grande quantité dans ce métal. Le cuivre seul n’a jamais produit que du vert qui devient bleu quand il éprouve l’action de l’alcali volatil.

M. Demeste dit encore « que l’azur de cuivre ou les fleurs de cuivre bleues ressemblent aux cristaux d’azur artificiels ; que leur passage à la couleur verte, lorsqu’elles se décomposent, est le même, et qu’elles ne diffèrent qu’en ce que ces derniers sont solubles dans l’eau. » Mais je dois observer que, néanmoins, cette différence est telle qu’on ne peut plus admettre la même composition, et qu’il ne reste ici qu’une ressemblance de couleur. Or, le vitriol bleu présente la même analogie, et cependant on ne doit pas le confondre avec le bleu d’azur. M. Demeste ajoute, avec toute raison, « que l’alcali volatil est plus commun qu’on ne croit à la surface et dans l’intérieur de la terre… ; qu’on trouve ces cristaux d’azur dans les cavités des mines de cuivre décomposées, et que quelquefois ces petits cristaux sont très éclatants et de l’azur le plus vif ; que cet azur de cuivre prend le nom de bleu de montagne lorsqu’il est mélangé à des matières terreuses qui en affaiblissent la couleur, et qu’enfin le bleu de montagne, comme l’azur, sont également susceptibles de se décomposer en passant lentement à l’état de malachite… ; que la malachite, le vert de cuivre ou fleurs de cuivre vertes, résultent souvent de l’altération spontanée de l’azur de cuivre, mais que ce vert est aussi produit par la décomposition du cuivre natif et des mines de cuivre, à la surface desquelles on le rencontre en malachites ou masses plus ou moins considérables et mamelonnées, et que ce sont de vraies stalactites de cuivre, comme l’hématite en est une de fer[6]. » Tout ceci est très vrai, et c’est même de cette manière que les malachites sont ordinairement produites ; la simple décomposition du cuivre en rouille verte, entraînée par la filtration des eaux, forme des stalactites vertes, et cette combinaison est bien plus simple que celle de l’altération de l’azur et de sa réduction en stalactites vertes ou malachites : il en est de même du vert de montagne ; il est produit plus communément par la simple décomposition du cuivre en rouille verte ; et l’habile chimiste que je viens de citer me paraît se tromper encore en prononçant exclusivement, « que le vert de montagne est toujours un produit de la décomposition du bleu de montagne ou de celle du vitriol de cuivre[7]. » Il me semble au contraire que c’est le bleu de montagne qui lui-même est produit par l’altération du vert qui se change en bleu : car la nature a les mêmes moyens que l’art, et peut par conséquent faire, comme nous, du vert avec du bleu, et changer le bleu en vert sans qu’il soit nécessaire de recourir au cuivre natif pour produire ces effets.

Quoique le cuivre soit de tous les métaux celui qui approche le plus de l’or et de l’argent par ses attributs généraux, il en diffère par plusieurs propriétés essentielles : sa nature n’est pas aussi parfaite, sa substance est moins pure, sa densité et sa ductilité moins grandes ; et ce qui démontre le plus l’imperfection de son essence, c’est qu’il ne résiste pas à l’impression des éléments humides ; l’air, l’eau, les huiles et les acides l’altèrent et le convertissent en verdet ; cette espèce de rouille pénètre, comme celle du fer, dans l’intérieur du métal, et avec le temps en détruit la cohérence et la texture.

Le cuivre de première formation étant dans un état métallique, et ayant été sublimé ou fondu par le feu primitif, se refond aisément à nos feux ; mais le cuivre minéralisé, qui est de seconde formation, demande plus de travail que tout autre minerai pour être réduit en métal ; il est donc à présumer que, comme le cuivre a été employé plus anciennement que le fer, ce n’est que de ce premier cuivre de nature que les Égyptiens, les Grecs et les Romains ont fait usage pour leurs instruments et leurs armes[8], et qu’ils n’ont pas tenté de fondre les minerais cuivreux qui demandent encore plus d’art et de travail que les mines de fer ; ils savaient donner au cuivre un grand degré de dureté, soit par la trempe, soit par le mélange de l’étain ou de quelque autre minéral, et ils rendaient leurs instruments et leurs armes de cuivre propres à tous les usages auxquels nous employons ceux de fer. Ils alliaient aussi le cuivre avec les autres métaux, et surtout avec l’or et l’argent. Le fameux airain de Corinthe, si fort estimé des Grecs[9], était un mélange de cuivre, d’argent et d’or, dont ils ne nous ont pas indiqué les proportions, mais qui faisait un alliage plus beau que l’or par la couleur, plus sonore, plus élastique, et en même temps aussi peu susceptible de rouille et d’altération : ce que nous appelons airain ou bronze aujourd’hui n’est qu’un mélange de cuivre et d’étain, auxquels on joint souvent quelques parties de zinc et d’antimoine.

Si l’on mêle le cuivre avec le zinc, sa couleur rouge devient jaune, et l’on donne à cet alliage le nom de cuivre jaune ou laiton ; il est un peu plus dense que le cuivre pur[10], mais c’est lorsque ni l’un ni l’autre n’ont été comprimés ou battus, car il devient moins dense que le cuivre rouge après la compression. Le cuivre jaune est aussi moins sujet à verdir, et suivant les différentes doses du mélange, cet alliage est plus ou moins blanc, jaunâtre, jaune ou rouge ; c’est d’après ces différentes couleurs qu’il prend les noms de similor, de peinchebec et de métal de Prince ; mais aucun ne ressemble plus à l’or pur par le brillant et la couleur que le laiton bien poli, et fait avec de la mine de zinc ou pierre calaminaire, comme nous l’indiquerons dans la suite.

Le cuivre s’unit très bien à l’or, et cependant en diminue la densité au delà de la proportion du mélange, ce qui prouve qu’au lieu d’une pénétration intime, il n’y a dans cet alliage qu’une extension ou augmentation de volume par une simple addition de parties interposées, lesquelles, en écartant un peu les molécules de l’or et se logeant dans les intervalles, augmentent la dureté et l’élasticité de ce métal qui, dans son état de pureté, a plus de mollesse que de ressort.

L’or, l’argent et le cuivre se trouvent souvent alliés par la nature dans les mines primordiales, et ce n’est que par plusieurs opérations réitérées et dispendieuses que l’on parvient à les séparer : il faut donc, avant d’entreprendre ce travail, s’assurer que la quantité de ces deux métaux, contenue dans le cuivre, est assez considérable, et plus qu’équivalente aux frais de leur séparation ; il ne faut pas même s’en rapporter à des essais faits en petit, ils donnent toujours un produit plus fort, et se font proportionnellement à moindres frais que les travaux en grand.

On trouve rarement le cuivre allié avec l’étain dans le sein de la terre, quoique leurs mines soient souvent très voisines et même superposées, c’est-à-dire l’étain au-dessus du cuivre ; cependant ces deux métaux ne laissent pas d’avoir entre eux une affinité bien marquée : le petit art de l’étamage est fondé sur cette affinité ; l’étain adhère fortement et sans intermède au cuivre, pourvu que la surface en soit assez nette pour être touchée dans tous les points par l’étain fondu ; il ne faut pour cela que le petit degré de chaleur nécessaire pour dilater les pores du cuivre et fondre l’étain, qui dès lors s’attache à la surface du cuivre qu’on enduit de résine pour prévenir la calcination de l’étain.

Lorsqu’on fond le cuivre et qu’on y mêle de l’étain, l’alliage qui en résulte démontre encore mieux l’affinité de ces deux métaux, car il y a pénétration dans leur mélange : la densité de cet alliage, connu sous les noms d’airain ou de bronze, est plus grande que celle du cuivre et de l’étain pris ensemble, au lieu que la densité des alliages de cuivre avec l’or et l’argent est moindre, ce qui prouve une union bien plus intime entre le cuivre et l’étain qu’avec ces deux autres métaux, puisque le volume augmente dans ces derniers mélanges, tandis qu’il diminue dans le premier ; au reste, l’airain est d’autant plus dur, plus aigre et plus sonore que la quantité d’étain est plus grande, et il ne faut qu’une partie d’étain sur trois de cuivre pour en faire disparaître la couleur et même pour le défendre à jamais de sa rouille ou vert-de-gris, parce que l’étain est, après l’or et l’argent, le métal le moins susceptible d’altération par les éléments humides ; et quand, par la succession d’un temps très long, il se forme sur l’airain ou bronze une espèce de rouille verdâtre, c’est, à la vérité, du vert-de-gris, mais qui, s’étant formé très lentement et se trouvant mêlé d’une portion d’étain, produit cet enduit, que l’on appelle patine, sur les statues et les médailles antiques[11].

Le cuivre et le fer ont ensemble une affinité bien marquée, et cette affinité est si grande et si générale qu’elle se montre non seulement dans les productions de la nature, mais aussi par les produits de l’art. Dans le nombre infini des mines de fer qui se trouvent à la surface ou dans l’intérieur de la terre, il y en a beaucoup qui sont mêlées d’une certaine quantité de cuivre, et ce mélange a corrompu l’un et l’autre métal ; car, d’une part, on ne peut tirer que de très mauvais fer de ces mines chargées de cuivre, et, d’autre part, il faut que la quantité de ce métal soit grande dans ces mines de fer pour pouvoir en extraire le cuivre avec profit. Ces métaux, qui semblent être amis, voisins et même unis dans le sein de la terre, deviennent ennemis dès qu’on les mêle ensemble par le moyen du feu : une seule once de cuivre, jetée dans le foyer d’une forge, suffit pour corrompre un quintal de fer.

Le cuivre que l’on tire des eaux qui en sont chargées, et qu’on connaît sous le nom de cuivre de cémentation, est du cuivre précipité par le fer ; autant il se dissout de fer dans cette opération, autant il adhère de cuivre au fer qui n’est pas encore dissous, et cela par simple attraction de contact : c’est en plongeant des lames de fer dans les eaux chargées de parties cuivreuses qu’on obtient ce cuivre de cémentation, et l’on recueille par ce moyen facile une grande quantité de ce métal en peu de temps[12]. La nature fait quelquefois une opération assez semblable ; il faut pour cela que le cuivre dissous rencontre des particules ou de petites masses ferrugineuses qui soient dans l’état métallique ou presque métallique et qui, par conséquent, aient subi la violente action du feu ; car cette union n’a pas lieu lorsque les mines de fer ont été produites par l’intermède de l’eau et converties en rouille, en grains, etc. Ce n’est donc que dans de certaines circonstances qu’il se forme du cuivre par cémentation dans l’intérieur de la terre : par exemple, il s’opère quelque chose de semblable dans la production de certaines malachites, et dans quelques autres mines de seconde et de troisième formation, où le vitriol cuivreux a été précipité par le fer, qui a, plus que tout autre métal, la propriété de séparer et de précipiter le cuivre de toutes ses dissolutions.

L’affinité du cuivre avec le fer est encore démontrée par la facilité que ces deux métaux ont de se souder ensemble : il faut seulement, en les tenant au feu, les empêcher de se calciner et de brûler, ce que l’on prévient en les couvrant de borax ou de quelque autre matière fusible qui les défende de l’action du feu animé par l’air ; car ces deux métaux souffrent toujours beaucoup de déchet et d’altération par le feu libre lorsqu’ils ne sont pas parfaitement recouverts et défendus du contact de l’air.

Il n’y a point d’affinité apparente entre le mercure et le cuivre, puisqu’il faut réduire le cuivre en poudre et les triturer ensemble fortement et longtemps pour que le mercure s’attache à cette poudre cuivreuse : cependant il y a moyen de les unir d’une manière plus apparente et plus intime ; il faut pour cela plonger du cuivre en lames dans le mercure dissous par l’acide nitreux ; ces lames de cuivre attirent le mercure dissous et deviennent aussi blanches, à leur surface, que les autres métaux amalgamés de mercure.

Quoique le cuivre puisse s’allier avec toutes les matières métalliques, et quoiqu’on le mêle en petite quantité dans les monnaies d’or et d’argent pour leur donner de la couleur et de la dureté, on ne fait néanmoins des ouvrages en grand volume qu’avec deux de ces alliages : le premier avec l’étain pour les statues, les cloches, les canons ; le second avec la calamine ou mine de zinc pour les chaudières et autres ustensiles de ménage : ces deux alliages, l’airain et le laiton, sont même devenus aussi communs et peut-être plus nécessaires que le cuivre pur, puisque dans tous deux la qualité nuisible de métal, dont l’usage est très dangereux, se trouve corrigée ; car de tous les métaux que l’homme peut employer pour son service, le cuivre est celui qui produit les plus funestes effets.

L’alliage du cuivre et du zinc n’est pas aigre et cassant comme celui du cuivre et de l’étain : le laiton conserve de la ductilité ; il résiste plus longtemps que le cuivre pur à l’action de l’air humide et des acides qui produisent le vert-de-gris, et il prend l’étamage aussi facilement. Pour faire du bon et beau laiton, il faut trois quarts de cuivre et un quart de zinc, mais tous deux doivent être de la plus grande pureté. L’alliage à cette dose est d’un jaune brillant, et, quoiqu’en général tous les alliages soient plus ou moins aigres, et qu’en particulier le zinc n’ait aucune ductilité, le laiton néanmoins, s’il est fait dans cette proportion, est aussi ductile que le cuivre même ; mais, comme le zinc tiré de sa mine par la fusion n’est presque jamais pur, et que, pour peu qu’il soit mêlé de fer ou d’autres parties hétérogènes, il rend le laiton aigre et cassant, on se sert plus ordinairement et plus avantageusement de la calamine, qui est une des mines du zinc ; on la réduit en poudre, on en fait un cément en la mêlant avec égale quantité de poudre de charbon humectée d’un peu d’eau ; on recouvre de ce cément les lames de cuivre, et l’on met le tout dans une caisse ou creuset que l’on fait rougir à un feu gradué, jusqu’à ce que les lames de cuivre soient fondues. On laisse ensuite refroidir le tout et l’on trouve le cuivre changé en laiton et augmenté d’un quart de son poids si l’on a employé un quart de calamine sur trois quarts de cuivre, et ce laiton fait par cémentation a tout autant de ductilité à froid que le cuivre même : mais, comme le dit très bien M. Macquer[13], il n’a pas la même malléabilité à chaud qu’à froid, parce que le zinc se fondant plus vite que le cuivre, l’alliage alors n’est plus qu’une espèce d’amalgame qui est trop mou pour souffrir la percussion du marteau. Au reste, il paraît, par le procédé et par le produit de cette sorte de cémentation, que le zinc contenu dans la calamine est réduit en vapeurs par le feu, et qu’il est par conséquent dans sa plus grande pureté lorsqu’il entre dans le cuivre : on peut en donner la preuve en faisant fondre à feu ouvert le laiton, car alors tout le zinc s’exhale successivement en vapeurs ou en flammes, et emporte même avec lui une petite quantité de cuivre.

Si l’on fond le cuivre en le mêlant avec l’arsenic, on en fait une espèce de métal blanc qui diffère du cuivre jaune ou laiton, autant par la qualité que par la couleur, car il est aussi aigre que l’autre est ductile ; et, si l’on mêle à différentes doses le cuivre, le zinc et l’arsenic, l’on obtient des alliages de toutes les teintes du jaune au blanc, et de tous les degrés de ductilité du liant au cassant.

Le cuivre en fusion forme, avec le soufre, une espèce de matte noirâtre, aigre et cassante, assez semblable à celle qu’on obtient par la première fonte des mines pyriteuses de ce métal : en le pulvérisant et le détrempant avec un peu d’eau, on obtient de même par son mélange avec le soufre aussi pulvérisé une masse solide assez semblable à la matte fondue.

Un fil de cuivre d’un dixième de pouce de diamètre peut soutenir un poids d’environ trois cents livres avant de se rompre ; et, comme sa densité n’est tout au plus que de six cent vingt et une livres et demie par pied cube, on voit que sa ténacité est proportionnellement beaucoup plus grande que sa densité. La couleur du cuivre pur est d’un rouge orangé, et cette couleur, quoique fausse, est plus éclatante que le beau jaune de l’or pur. Il a plus d’odeur qu’aucun autre métal : on ne peut le sentir sans que l’odorat en soit désagréablement affecté, on ne peut le toucher sans s’infecter les doigts, et cette mauvaise odeur qu’il répand et communique en le maniant et le frottant est plus permanente et plus difficile à corriger que la plupart des autres odeurs. Sa saveur, plus que répugnante au goût, annonce ses qualités funestes : c’est, dans le règne minéral, le poison de nature le plus dangereux après l’arsenic.

Le cuivre est beaucoup plus dur, et par conséquent beaucoup plus élastique et plus sonore que l’or, duquel néanmoins il approche plus que les autres métaux imparfaits par sa couleur et même par sa ductilité, car il est presque aussi ductile que l’argent : on le bat en feuilles aussi minces et on le tire en filets très déliés.

Après le fer, le cuivre est le métal le plus difficile à fondre : exposé au grand feu, il devient d’abord chatoyant et rougit longtemps avant d’entrer en fusion ; il faut une chaleur violente et le faire rougir à blanc pour qu’il se liquéfie, et lorsqu’il est bien fondu il bout et diminue de poids s’il est exposé à l’air ; car sa surface se brûle et ce calcine dès qu’elle n’est pas recouverte et qu’on néglige de faire à ce métal un bain de matières vitreuses, et même avec cette précaution il diminue de masse et souffre du déchet à chaque fois qu’on le fait rougir au feu : la fumée qu’il répand est en partie métallique et rend verdâtre ou bleue la flamme des charbons, et toutes les matières qui contiennent du cuivre donnent à la flamme ces mêmes couleurs vertes ou bleues ; néanmoins sa substance est assez fixe, car il résiste plus longtemps que le fer, le plomb et l’étain à la violence du feu avant de se calciner. Lorsqu’il est exposé à l’air libre et qu’il n’est pas recouvert, il se forme d’abord à sa surface de petites écailles qui surnagent la masse en fusion : ce cuivre, à demi brûlé, a déjà perdu sa ductilité et son brillant métallique, et se calcinant ensuite de plus en plus, il se change en une chaux noirâtre, qui, comme les chauds du plomb et des autres métaux, augmente très considérablement en volume et en poids par la quantité de l’air qui se fixe en se réunissant à leur substance. Cette chaux est bien plus difficile à fondre que le cuivre en métal, et, lorsqu’elle subit l’action d’un feu violent, elle se vitrifie et produit un émail d’un brun chatoyant qui donne au verre blanc une très belle couleur verte ; mais, si l’on veut fondre cette chaux de cuivre seule en la poussant à un feu encore plus violent, elle se brûle en partie, et laisse un résidu qui n’est qu’une espèce de scorie vitreuse et noirâtre, dont on ne peut ensuite retirer qu’une très petite quantité de métal.

En laissant refroidir très lentement et dans un feu gradué le cuivre fondu, on peut le faire cristalliser en cristaux proéminents à sa surface et qui pénètrent dans son intérieur ; il en est de même de l’or, de l’argent et de tous les autres métaux et minéraux métalliques : ainsi la cristallisation peut s’opérer également par le moyen du feu comme par celui de l’eau ; et dans toute matière liquide et liquéfiée, il ne faut que de l’espace, du repos et du temps pour qu’il se forme des cristallisations par l’attraction mutuelle des parties homogènes et similaires.

Quoique tous les acides puissent dissoudre le cuivre, il faut néanmoins que l’acide marin et surtout l’acide vitriolique soient aidés de la chaleur, sans quoi la dissolution serait excessivement longue : l’acide nitreux le dissout au contraire très promptement, même à froid ; cet acide a plus d’affinité avec le cuivre qu’avec l’argent, car l’on dégage parfaitement l’argent de sa dissolution, et on le précipite en entier et sous sa forme métallique par l’intermède du cuivre. Comme cette dissolution du cuivre par l’eau-forte se fait avec grand mouvement et forte effervescence, elle ne produit point de cristaux, mais seulement un sel déliquescent, au lieu que les dissolutions du cuivre par l’acide vitriolique ou par l’acide marin, se faisant lentement et sans ébullition, donnent de gros cristaux d’un beau bleu qu’on appelle vitriol de Chypre ou vitriol bleu, ou des cristaux en petites aiguilles d’un beau vert.

Tous les acides végétaux attaquent aussi le cuivre : c’est avec l’acide du marc des raisins qu’on fait le vert-de-gris dont se servent les peintres ; le cuivre, avec l’acide du vinaigre, donne des cristaux que les chimistes ont nommés cristaux de Vénus. Les huiles, le suif et les graisses attaquent aussi ce métal, car elles produisent du vert-de-gris à la surface des vaisseaux et des ustensiles avec lesquels on les coule ou les verse. En général, on peut dire que le cuivre est de tous les métaux celui qui se laisse entamer, ronger, dissoudre le plus facilement par un grand nombre de substances ; car, indépendamment des acides, des acerbes, des sels, des bitumes, des huiles et des graisses, le foie de soufre l’attaque et l’alcali volatil peut même le dissoudre : c’est à cette dissolution du cuivre par l’alcali volatil qu’on doit attribuer l’origine des malachites de seconde formation. Les premières malachites, c’est-à-dire celles de première formation, ne sont, comme nous l’avons dit, que des stalactites du cuivre dissous en rouille verte ; mais les secondes peuvent provenir des dissolutions du cuivre par l’alcali volatil, lorsqu’elles ont perdu leur couleur bleue et repris la couleur verte, ce qui arrive dès que l’alcali volatil s’est dissipé. « Lorsque l’alcali volatil, dit M. Macquer, a dissous le cuivre jusqu’à saturation, l’espèce de sel métallique qui résulte de cette combinaison forme des cristaux d’un bleu foncé et des plus beaux ; mais, par l’exposition à l’air, l’alcali se sépare et se dissipe peu à peu ; la couleur bleue des cristaux, dans lesquels il ne reste presque que du cuivre, se change en un très beau vert, et le composé ressemble beaucoup à la malachite : il est très possible que le cuivre contenu dans cette pierre ait précédemment été dissous par l’alcali volatil, et réduit par cette matière saline dans l’état de malachite[14]. »

Au reste, les huiles, les graisses et les bitumes n’attaquent le cuivre que par les acides qu’ils contiennent ; et de tous les alcalis, l’alcali volatil est celui qui agit le plus puissamment sur ce métal : ainsi l’on peut assurer qu’en général tous les sels de la terre et des eaux, soit acides, soit alcalins, attaquent le cuivre et le dissolvent avec plus ou moins de promptitude ou d’énergie.

Il est aisé de retirer le cuivre de tous les acides qui le tiennent en dissolution, en les faisant simplement évaporer au feu ; on peut aussi le séparer de ces acides en employant les alcalis fixes ou volatils, et même les substances calcaires : les précipités seront des poudres vertes, mais elles seront bleues si les alcalis sont caustiques, comme ils le sont en effet dans les matières calcaires lorsqu’elles ont été calcinées. Il ne faudra qu’ajouter à ce précipité ou chaux de cuivre, comme à toute autre chaux métallique, une petite quantité de matière inflammable pour la réduire en métal : et, si l’on fait fondre cette chaux de cuivre avec du verre blanc, on obtient des émaux d’un très beau vert ; mais on doit observer qu’en général les précipités qui se font par les alcalis ou par les matières calcaires ne se présentent pas sous leur forme métallique, et qu’il n’y a que les précipités par un autre métal où les résidus, après l’évaporation des acides, qui soient en effet sous cette forme, c’est-à-dire en état de métal, tandis que les autres précipités sont tous dans l’état de chaux.

On connaît la violente action du soufre sur le fer, et, quoique sa puissance ne soit pas aussi grande sur le cuivre, il ne laisse pas de l’exercer avec beaucoup de force[15] : on peut donc séparer ce métal de tous les autres métaux par l’intermède du soufre, qui a plus d’affinité avec le cuivre qu’avec l’or, l’argent, l’étain et le plomb, et, lorsqu’il est mêlé avec le fer, le soufre peut encore les séparer, parce qu’ayant plus d’affinité avec le fer qu’avec le cuivre, il s’empare du premier et abandonne le dernier. Le soufre agit ici comme ennemi ; car, en accélérant la fusion de ces deux métaux, il les dénature en même temps, ou plutôt il les ramène par force à leur état de minéralisation et change ces métaux en minerais ; car le cuivre et le fer, fondus avec le soufre, ne sont plus que des pyrites semblables aux minerais pyriteux, dont on tire ces métaux dans leurs mines de seconde formation.

Les filons où le cuivre se trouve dans l’état de métal sont les seules mines de première formation. Dans les mines secondaires, le cuivre se présente sous la forme de minerai pyriteux, et dans celles de troisième formation, il a passé de cet état minéral ou pyriteux à l’état de rouille verte, dans lequel il a subi de nouvelles altérations et mille combinaisons diverses par le contact et l’action des autres substances salines ou métalliques. Il n’y a que les mines de cuivre primitif que l’on puisse fondre sans les avoir fait griller auparavant : toutes celles de seconde formation, c’est-à-dire toutes celles qui sont dans un état pyriteux, demandent à être grillées plusieurs fois ; et souvent encore, après plusieurs feux de grillage, elles ne donnent qu’une matte cuivreuse mêlée de soufre, qu’il faut refondre de nouveau pour avoir enfin du cuivre noir, dont on ne peut tirer le cuivre rouge en bon métal qu’en faisant passer et fondre ce cuivre noir au feu violent et libre des charbons enflammés, où il achève de se séparer du soufre, du fer et des autres matières hétérogènes qu’il contenait encore dans cet état de cuivre noir.

Ces mines de cuivre de seconde formation peuvent se réduire à deux ou trois sortes : la première est la pyrite cuivreuse, qu’on appelle aussi improprement marcassite, qui contient une grande quantité de soufre et de fer, et dont il est très difficile de tirer le peu de cuivre qu’elle renferme[16] ; la seconde est la mine jaune de cuivre, qui est aussi une pyrite cuivreuse, mais moins chargée de soufre et de fer que la première ; la troisième est la mine de cuivre grise, qui contient de l’arsenic avec du soufre, et souvent un peu d’argent : cette mine grise paraît blanchâtre, claire et brillante lorsque la quantité d’argent est un peu considérable, et, si elle ne contient point du tout d’argent, ce n’est qu’une pyrite plutôt arsenicale que cuivreuse[17].

Pour donner une idée nette des travaux qu’exigent ces minerais de cuivre avant qu’on ne puisse les réduire en bon métal, nous ne pouvons mieux faire que de rapporter ici par extrait les observations de feu M. Jars, qui s’est donné la peine de suivre toutes les manipulations et préparations de ces mines, depuis leur extraction jusqu’à leur conversion en métal raffiné. « Les minéraux de Saint-Bel et de Chessy, dans le Lyonnais, sont, dit-il, des pyrites cuivreuses, auxquelles on donne deux, trois ou quatre grillages avant de les fondre dans un fourneau à manche, où elles produisent des mattes qui doivent être grillées neuf à dix fois avant que de donner par la fonte leur cuivre noir : ces mattes sont des masses régulines, contenant du cuivre, du fer, du zinc, une très petite quantité d’argent et des parties terreuses, le tout réuni par une grande abondance de soufre.

» Le grand nombre de grillages que l’on donne à ces mattes avant d’obtenir le cuivre noir a pour but de faire brûler et volatiliser le soufre, et de désunir les parties terrestres d’avec les métalliques ; on fait ensuite fondre cette matte en la stratifiant à travers les charbons, et les particules de cuivre se réunissent entre elles par la fonte, et vont par leur pesanteur spécifique occuper la partie inférieure du bassin destiné à les recevoir.

» Mais, lorsqu’on ne donne que très peu de grillages à ces mattes, il arrive que les métaux qui ont moins d’affinité avec le soufre qu’il n’en a lui-même avec les autres qui composent la masse réguline, se précipitent les premiers ; on peut donc conclure que l’argent doit se précipiter le premier, ensuite le cuivre, et que le soufre reste uni au fer. Mais l’argent de ces mattes paraît être en trop petite quantité pour se précipiter seul ; d’ailleurs il est impossible de saisir, dans les travaux en grand, le point précis du rôtissage qui serait nécessaire pour rendre la séparation exacte… et il ne se fait aucune précipitation, surtout par la voie sèche, sans que le corps précipité n’entraîne avec lui du précipitant et de ceux auxquels il était uni[18]. »

Ces mines de Saint-Bel et de Chessy ne contiennent guère qu’une once d’argent par quintal de cuivre, quantité trop petite pour qu’on puisse en faire la séparation avec quelque profit. Leur minerai est une pyrite cuivreuse mêlée néanmoins de beaucoup de fer. Le minerai de celle de Chessy contient moins de fer et beaucoup de zinc ; cependant on les traite toutes deux à peu près de la même manière. On donne à ces pyrites, comme le dit M. Jars, deux, trois et jusqu’à quatre feux de grillage avant de les fondre. Les mattes qui proviennent de la première fonte doivent encore être grillées neuf ou dix fois avant de donner, par la fusion, leur cuivre noir : en général, le traitement des mines de cuivre est d’autant plus difficile est plus long, qu’elles contiennent moins de cuivre et plus de pyrites, c’est-à-dire de soufre et de fer, et les procédés de ce traitement doivent varier suivant la qualité ou la quantité des différents métaux et minéraux contenus dans ces mines. Nous en donnerons quelques exemples dans l’énumération que nous allons faire des principales mines de cuivre de l’Europe et des autres parties du monde.

En France, celles de Saint-Bel et de Chessy, dont nous venons de parler, sont en pleine et grande exploitation ; cependant on n’en tire pas la vingtième partie du cuivre qui se consomme dans le royaume. On exploite aussi quelques mines de cuivre dans nos provinces voisines des Pyrénées, et particulièrement à Baigorry, dans la basse Navarre[19]. Les travaux de ces mines sont dirigés par un habile minéralogiste, M. Hettlinger, que j’ai déjà eu occasion de citer, et qui a bien voulu m’envoyer pour le Cabinet du Roi quelques échantillons des minéraux qui s’y trouvent, et entre autres de la mine de fer en écailles qui est très singulière, et qui se forme dans les cavités d’un filon mêlé de cuivre et de fer[20].

Il y a aussi de riches mines de cuivre et d’argent à Giromagny et au Puy, dans la haute Alsace ; on en a tiré en une année seize cents marcs d’argent et vingt-quatre milliers de cuivre : on trouve aussi d’autres mines de cuivre à Steinbach, à Saint-Nicolas dans le Val-de-Leberthal et à Astenbach[21].

En Lorraine, la mine de la Croix donne du cuivre, du plomb et de l’argent : il y a aussi une mine de cuivre à Fraise, et d’autres aux villages de Sainte-Croix et de Lusse qui tiennent de l’argent ; d’autres à la montagne du Tillot, au Val-de-Lièvre, à Vaudrevanges, et enfin plusieurs autres à Sainte-Marie-aux-Mines[22].

En Franche-Comté, à Plancher-lès-Mines, il y aussi des mines de cuivre, et auprès de Château-Lambert il s’en trouve quatre veines placées l’une sur l’autre, et l’on prétend que cette mine a rendu depuis vingt jusqu’à cinquante pour cent de cuivre[23].

On a aussi reconnu plusieurs mines de cuivre dans le Limousin[24], en Dauphiné, en Provence, dans le Vivarais, le Gévaudan et les Cévennes[25] ; en Auvergne, près de Saint-Amand ; en Touraine, à l’abbaye de Noyers ; en Normandie, près de Briquebec ; dans le Cotentin et à Carrolet, dans le diocèse d’Avranches[26].

En Languedoc[27], M. de Gensane a reconnu plusieurs mines de cuivre qu’il a très bien observées et décrites ; il a fait de semblables recherches en Alsace[28]. Et M. Le Monnier, premier médecin ordinaire du Roi, a observé celles du Roussillon[29] et celle de Corall, dans la partie des Pyrénées située entre la France et l’Espagne[30].

Depuis la découverte de l’Amérique, les mines de cuivre, comme celles d’or et d’argent, ont été négligées en Espagne et en France, parce que l’on tire ces métaux du nouveau monde à moindres frais, et qu’en général les mines les plus riches de l’Europe, et les plus aisées à extraire, ont été fouillées et peut-être épuisées par les anciens ; on n’y trouve plus de cuivre en métal ou de première formation, et on a négligé les minières des pyrites cuivreuses ou de seconde formation, par la difficulté de les fondre, et à cause des grands frais que leur traitement exige. Celles des environs de Molina, dont parle M. Bowles[31] et qui paraissent être de troisième formation, sont également négligées ; cependant, indépendamment de ces mines de Molina en Aragon, il y a d’autres mines de cuivre à six lieues de Madrid, et d’autres dans la montagne de Guadelupe, dans lesquelles on fait aujourd’hui quelques travaux : celles-ci, dit M. Bowles, sont dans une ardoise jaspée de bleu et de vert[32].

En Angleterre, dans la province de Cornouailles, fameuse par ses mines d’étain, on trouve des mines de cuivre en filons, dont quelques-uns sont très voisins des filons d’étain, et quelquefois même sont mêlés de ces deux métaux : comme la plupart de ces mines sont dans un état pyriteux, elles sont de seconde formation ; quelques-unes néanmoins sont exemptes de pyrites, et paraissent tenir de près à celles de première formation ; M. Jars les a décrites avec son exactitude ordinaire[33].

En Italie, dans le Vicentin, « on fabrique annuellement, dit M. Ferber, beaucoup de cuivre, de soufre et de vitriol. La lessive vitriolique est très riche en cuivre, que l’on en tire par cémentation et en y mettant des lames de fer[34]. » Ces mines sont, comme l’on voit, de dernière formation. On trouve aussi de pareilles mines de cuivre en Suisse, dans le pays des Grisons et dans le canton de Berne, à six lieues de Romain-Moutier[35].

En Allemagne, dit Schlutter, on compte douze sortes de mines de cuivre[36], dont cependant aucune n’est aussi riche en métal que les mines de plomb, d’étain et de fer de ces mêmes contrées. Comme la plupart de ces mines de cuivre contiennent beaucoup de pyrites, il faut les griller avec soin ; sans cela, le cuivre ne se réduit point, et l’on n’obtient que de la matte. Le grillage est ordinairement de sept à huit heures, et il est à propos de laisser refroidir cette mine grillée, de la broyer et griller de nouveau trois ou quatre fois de suite en la broyant à chaque fois ; ces feux interrompus la désoufrent beaucoup mieux qu’un feu continué. Les mines riches, telles que celles d’azur et celles que les ouvriers appellent mines pourries ou éventées, n’ont pas besoin d’être grillées autant de fois ni si longtemps ; cependant toutes les mines de cuivre, pauvres ou riches, doivent subir le grillage, car après cette opération elles donnent un produit plus prompt et plus certain ; et souvent encore le métal pur est difficile à extraire de la plupart de ces mines grillées. En général, les pratiques pour le traitement des mines doivent être relatives à leur qualité plus ou moins riche, et à leur nature plus ou moins fusible. La plupart sont si pyriteuses qu’elles ne rendent que très difficilement leur métal après un très grand nombre de feux. Les plus rebelles de toutes sont les mines qui, comme celles de Rammelsberg et du haut Hartz[37], sont non seulement mêlées de pyrites, mais de beaucoup de mines de fer : il s’est passé bien du temps avant qu’on ait trouvé les moyens de tirer le cuivre de ces mines pyriteuses et ferrugineuses.

Les anciens, comme nous l’avons dit, n’ont d’abord employé que le cuivre de première formation qui se réduit en métal dès la première fonte, et ensuite ils ont fait usage du cuivre de dernière formation qu’on se procure aisément par la cémentation ; mais les mines de cuivre en pyrites, qui sont presque les seules qui nous restent, n’ont été travaillées avec succès que dans ces derniers temps, c’est-à-dire beaucoup plus tard que les mines de fer, qui, quoique difficiles à réduire en métal, le sont cependant beaucoup moins que ces mines pyriteuses de cuivre.

Dans le bas Hartz, les mines de cuivre contiennent du plomb et beaucoup de pyrites ; il leur faut trois feux de grillage, et autant à la matte qui en provient ; on fond ensuite cette matte qui, malgré les trois feux qu’elle a subis, ne se convertit pas tout entière en métal ; car dans la fonte il se trouve encore de la matte qu’on est obligé de séparer du métal et de faire griller de nouveau pour la refondre[38].

Dans le haut Hartz, la plupart des mines de cuivre sont aussi pyriteuses, et il faut de même les griller d’autant plus fort et plus de fois qu’elles le sont davantage. Aux environs de Clausthal, il y en a de bonnes, de médiocres et de mauvaises ; ces dernières ne sont pour ainsi dire que des pyrites ; on mêle ces mines ensemble pour les faire griller une première fois à un feu qui dure trois ou quatre semaines ; après quoi on leur donne un second feu de grillage avant de les fondre, et l’on n’obtient encore que de la matte crue, qu’on soumet à cinq ou six feux successifs de grillage, selon que cette matte est plus ou moins sulfureuse. On fond de nouveau cette matte grillée, et enfin on parvient à obtenir du cuivre noir en assez petite quantité, car cent quintaux de cette matte grillée ne donnent que huit à dix quintaux de cuivre noir, et quarante ou cinquante quintaux de matière moyenne entre la matte brute et le cuivre noir : on fait griller de nouveau cinq ou six fois cette matte moyenne avant de la jeter au fourneau de fusion ; elle rend à peu près la moitié de son poids en cuivre noir, et entre un tiers et un quart de matière qu’on appelle matte simple, que l’on fait encore griller de nouveau sept à huit fois avant de la fondre, et cette matte simple ne se convertit qu’alors en cuivre noir[39].

Les mines de cuivre qui sont plus riches et moins pyriteuses rendent dès la première fonte leur cuivre noir, mêlé d’une matte qu’on n’est obligé de griller qu’une seule fois, pour obtenir également le cuivre noir pur ; les mines feuilletées ou en ardoises, du comté de Mansfeld, quoique très peu pyriteuses en apparence, ne donnent souvent que de la matte à la première fonte, et ne produisent à la seconde qu’une livre ou deux de cuivre noir par quintal. Celles de Riegelsdorf, qui sont également en ardoise, ne donnent que deux à trois livres de cuivre par quintal ; mais, comme il suffit de les griller une seule fois pour en obtenir le cuivre noir, on ne laisse pas de trouver du bénéfice à les fondre, quoiqu’elles rendent si peu, parce qu’une seule fonte suffit aussi pour réduire le cuivre noir en bon métal[40].

On trouve, dans la mine de Meydenbek, du cuivre en métal mêlé avec des pyrites cuivreuses noires et vertes : cette mine paraît donc être de première formation, seulement une partie du cuivre primitif a été décomposée dans la mine même, par l’action des éléments humides ; mais, malgré cette altération, ces minerais sont peu dénaturés, et ils peuvent se fondre seuls : on mêle les minerais noir et vert avec le cuivre natif, et ce mélange rend son métal dès la première fonte, et même assez pur pour qu’on ne soit pas obligé de le raffiner[41].

En Hongrie, il se trouve des mines de cuivre de toutes les nuances et qualités ; celle de Hornground est d’une grande étendue, elle est en larges filons et si riche qu’elle donne quelquefois jusqu’à cinquante et soixante livres de cuivre par quintal : elle est composée de deux sortes de minerais, l’un jaune, qui ne contient que du cuivre ; l’autre noir, qui contient du cuivre et de l’argent. Ces mines, quoique si riches, sont néanmoins très pyriteuses, et il faut leur faire subir douze ou quatorze fois l’action du feu avant de les réduire en métal. On tire avec beaucoup moins de frais le cuivre des eaux cuivreuses qui découlent de cette mine au moyen des lames de fer qu’on y plonge, et auxquelles il s’unit par cémentation. En général, c’est dans les montagnes de schiste ou d’ardoise que se trouvent, en Hongrie, les plus nobles veines de cuivre[42].

« Il y a en Pologne, dit M. Guettard, sur les confins de la Hongrie et du comté de Speis, une mine de cuivre tenant or et argent… Cette mine est d’un jaune doré avec des taches couleur de gorge de pigeon, et elle est mêlée de quartz ; il y en a une autre dans les terres de Staroste de Bulkow… J’en ai vu un morceau qui était un quartz gris clair, parsemé de points cuivreux ou de pyrites cuivreuses d’un jaune doré[43]. »

En Suède, les mines de cuivre sont non seulement très nombreuses, mais aussi très abondantes et très riches : la plus fameuse est celle du cap Ferberg ; on en prendrait d’abord le minerai pour une pyrite cuivreuse, et cependant il n’est que peu sulfureux, et il est mêlé d’une pierre vitreuse et fusible ; il rend son cuivre dès la première fonte ; il y a plusieurs autres mines qui ne sont pas si pures et qui, néanmoins, peuvent se fondre après avoir été grillées une seule fois ; il n’est pas même nécessaire d’y ajouter d’autres matières pour en faciliter la fusion, il ne faut que quelques scories vitreuses pour leur faire un bain et les empêcher de se calciner à la fonte[44].

En Danemark et en Norvège, selon Pontoppidan, il y a des mines de cuivre de toute espèce : celle de Roraas est la plus renommée ; trois fourneaux qui y sont établis ont rendu, en onze années, quarante mille neuf cent quarante-quatre quintaux de cuivre[45]. M. Jars dit « que cette mine de Roraas ou de Reuras est une mine immense de pyrites cuivreuses, si près de la surface de la terre que l’on a pu facilement y pratiquer des ouvertures assez grandes pour y faire entrer et sortir des voitures qui en transportent au dehors les minerais, et que cette mine produit annuellement douze mille quintaux et plus de cuivre[46]. »

On trouve aussi des indices de mines de cuivre en Laponie, à soixante lieues de Tornea, et en Groenland : l’on a vu du vert-de-gris et des paillettes cuivreuses dans des pierres, ce qui démontre assez qu’il s’y trouve aussi des mines de ce métal[47].

En Islande, il y a de même des mines de cuivre, les unes à sept milles de distance de la ville de Wiclow ; d’autres dans la montagne de Crown-Bawn, qui sont en exploitation, et dont les fosses ont depuis 40, 50 et jusqu’à 60 toises de profondeur[48]. Le relateur observe : « Que les ouvriers ayant laissé une pelle de fer dans une de ces mines de cuivre, où il coule de l’eau, cette pelle se trouva quelque temps après tout incrustée de cuivre, et que c’est d’après ce fait que les habitants ont pris l’idée de tirer ainsi le cuivre de ces eaux, en y plongeant des barres de fer ; il ajoute que non seulement le cuivre incruste le fer, mais que cette eau cuivreuse le pénètre et semble le convertir en cuivre, que le tout tombe en poudre au fond du réservoir où l’on contient cette eau cuivreuse ; que les barres de fer contractent d’abord une espèce de rouille qui, par degrés, consomme entièrement le fer ; que le cuivre qui est dans l’eau étant ainsi continuellement attiré et fixé par le fer, il se précipite au fond en forme de sédiment, qu’il faut pour cela du fer doux, et que l’acier n’est pas propre à cet effet ; qu’enfin ce sédiment cuivreux est en poudre rougeâtre. » Nous observerons que c’est non seulement dans ces mines d’Islande, mais dans plusieurs autres, comme dans celles de Suède, du Hartz, etc., que l’on trouve de temps en temps, et en certains endroits abandonnés depuis longtemps, des fers incrustés de cuivre, et des bois dans lesquels ce métal s’est insinué en forme de végétation, qui pénètre entre les fibres du bois et en remplit les intervalles[49] ; mais ce n’est point une pénétration intime du cuivre dans le fer, comme le dit le relateur, et encore moins une conversion de ce métal en cuivre.

Après cette énumération des mines du cuivre de l’Europe, il nous reste à faire mention de celles des autres parties du monde ; et en commençant par l’Asie, il s’en trouve d’abord dans les îles de l’Archipel ; celle de Chalcitis, aujourd’hui Chalcé, avait même tiré son nom du cuivre qui s’y trouvait. L’île d’Eubée en fournissait aussi[50] ; mais la plus riche de toutes en cuivre est celle de Chypre : les anciens l’ont célébrée sous le nom d’Œrosa, et ils en tiraient une grande quantité de cuivre et de zinc[51].

Dans le continent de l’Asie, on a reconnu et observé plusieurs mines de cuivre : en Perse[52], « le cuivre, dit Chardin, se tire, principalement à Sary, dans les montagnes de Mazenderan ; il y en a aussi à Bactriam et vers Casbin ; tous ces cuivres sont aigres, et, pour les adoucir, les Persans les allient avec du cuivre de Suède et du Japon, en en mettant une partie sur vingt du leur[53]. »

MM. Gmelin et Muller ont reconnu et observé plusieurs mines de cuivre en Sibérie : ils ont remarqué que toutes ces mines, ainsi que celles des autres métaux, sont presque à la surface de la terre. Les plus riches en cuivre sont dans les plus hautes montagnes près de la rive occidentale du Jénisca ; on y voit le cuivre à la surface de la terre en mines rougeâtres ou vertes, qui toutes produisent quarante-huit à cinquante livres de cuivre par quintal[54]. Ces mines, situées au haut des montagnes, sont sans doute de première formation : la mine verte a seulement été un peu altérée par les éléments humides. De toutes les autres mines de cuivre, dont ces voyageurs font mention, la moins riche est celle de Pichtama-Gora, qui cependant donne douze pour cent de bon cuivre : il y a cinq de ces mines en exploitation, et l’on voit, dans plusieurs autres endroits de cette même contrée, les vestiges d’anciens travaux qui démontrent que toutes ces montagnes contiennent de bonnes mines[55]. Celles des autres parties de la Sibérie sont plus pauvres ; la plupart ne donnent que deux, trois ou quatre livres de cuivre par quintal[56] : on trouve, sur la croupe et au pied de plusieurs montagnes, différentes mines de cuivre de seconde et de troisième formation : il y en a dans les environs de Cazan, qui ont formé des stalactites cuivreuses, et des malachites très belles et aisées à polir ; on peut même dire que c’est dans cette contrée du nord de l’Asie que les malachites se trouvent le plus communément, quoiqu’il y en ait aussi en quelques endroits de l’Europe, et particulièrement en Saxe, dans plusieurs mines de cuivre de troisième formation ; ces concrétions cuivreuses ou malachites se présentent sous différentes formes ; il y en a de fibreuses ou formées en rayons, comme si elles étaient cristallisées, et par là elles ressemblent à la zéolithe ; il y en a d’autres qui paraissent formées par couches successives, mais qui ne diffèrent des premières que par leur apparence extérieure. Nous en donnerons des notions plus précises lorsque nous traiterons des stalactites métalliques.

Les mines de Souxon en Sibérie sont fort considérables, et s’étendent à plus de trente lieues ; elles sont situées dans des collines qui ont environ cent toises de hauteur, et paraissent en suivre la pente ; toutes ne donnent guère que quatre livres de cuivre par quintal : ces mines de Souxon sont de troisième et dernière formation ; car on les trouve dans le sable, et même dans des bois fossiles qui sont tachés de bleu et de vert, et dans l’intérieur desquels la mine de cuivre a formé des cristaux[57]. Il en est de même des mines de cuivre des monts Riphées : on ne les exploite qu’au pied des montagnes, où le minerai de cuivre se trouve avec des matières calcaires, et suit, comme celles de Sauxon, la pente des montagnes jusqu’à la rivière[58].

Au Kamtschatka, où de temps immémorial les habitants étaient aussi sauvages que ceux de l’Amérique septentrionale, il se trouve encore du cuivre natif en masses et en débris[59], et une des îles voisines de celle de Béring, où ce métal se trouve en morceaux sur le rivage, en a pris le nom d’île de Cuivre[60].

La Chine est peut-être encore plus riche que la Sibérie en bonnes mines de cuivre : c’est surtout dans la province d’Yun-nan qu’il s’en trouve en plus grande quantité ; et il paraît que, quoiqu’on ait très anciennement fouillé ces mines, elles ne sont pas épuisées, car on en tire encore une immense quantité de métal. Les Chinois distinguent trois espèces de cuivre qu’ils prétendent se trouver naturellement dans leurs différentes mines : 1o  le cuivre rouge ou cuivre commun, et qui est du cuivre de première formation ou de cémentation ; 2o  le cuivre blanc qu’ils assurent avoir toute sa blancheur au sortir de la mine, et qu’on a peine à distinguer de l’argent lorsqu’il est employé. Ce cuivre blanc est aigre, et n’est vraisemblablement qu’un mélange de cuivre et d’arsenic ; 3o  le tombac, qui ne paraît être au premier coup d’œil qu’une simple mine de cuivre, mais qui est mêlé d’une assez grande quantité d’or[61] : il se trouve une de ces mines de tombac fort abondante dans la province de Hu-quang. On fait de très beaux ouvrages avec ce tombac, et, en général, on ne consomme nulle part plus de cuivre qu’à la Chine pour les canons, les cloches, les instruments, les monnaies, etc.[62] ; cependant le cuivre est encore plus commun au Japon qu’à la Chine ; les mines les plus riches, et qui donnent le métal le plus fin et le plus ductile, sont dans la province de Kijnok et de Surunga[63], et cette dernière doit être regardée comme une mine de tombac, car elle tient une bonne quantité d’or. Les Japonais tirent de leurs mines une si grande quantité de cuivre que les Européens, et particulièrement les Hollandais, en achètent pour le transporter et en faire commerce[64] ; mais autant le cuivre rouge est commun dans ces iles du Japon, autant le cuivre jaune ou laiton y est rare, parce qu’on n’y trouve point de mine de zinc, et qu’on est obligé de tirer du Tunquin, ou d’encore plus loin, la calamine ou le zinc nécessaire à cet alliage[65].

Enfin, pour achever l’énumération des principales mines de cuivre de l’Asie, nous indiquerons celles de l’île Formose, qui sont si abondantes, au rapport des voyageurs, qu’une seule de ces mines pourrait suffire à tous les besoins et usages de ces insulaires ; la plus riche est celle de Peorko : le minéral est du cuivre rouge[66], et paraît être de première formation.

Nous ne ferons que citer celles de Macassar dans les îles Célèbes[67] ; celles de l’île de Timor[68], et enfin celles de Bornéo dont quelques-unes sont mêlées d’or et donnent du tombac, comme celles de la province de Surunga au Japon, et de Hu-quang à la Chine[69].

En Afrique, il y a beaucoup de cuivre, et même du cuivre primitif. Marmol parle d’une mine riche, qui était, il y a près de deux siècles, en pleine exploitation dans la province de Suz au royaume de Maroc, et il dit qu’on en tirait beaucoup de cuivre et de laiton qu’on transportait en Europe : il fait aussi mention des mines du mont Atlas dans la province de Zahara, où l’on fabriquait des vases de cuivre et de laiton[70]. Ces mines de la Barbarie et du royaume de Maroc fournissent encore aujourd’hui une très grande quantité de ce métal que les Africains ne se donnent pas la peine de raffiner, et qu’ils nous vendent en cuivre brut. Les montagnes des îles du cap Vert contiennent aussi des mines de cuivre ; car il en découle plusieurs sources dont les eaux sont chargées d’une grande quantité de parties cuivreuses qu’il est aisé de fixer et de recueillir par la cémentation[71]. Dans la province de Bambuk, si abondante en or, on trouve aussi beaucoup de cuivre, et particulièrement dans les montagnes de Radschinkadbar, qui sont d’une prodigieuse hauteur[72]. Il y a aussi des mines de cuivre dans plusieurs endroits du Congo et à Benguela : l’une des plus riches de ces contrées est celle de la baie des Vaches dont le cuivre est très fin[73] ; on trouve de même des mines de ce métal en Guinée, au pays des Insijesses[74]. et enfin dans les terres des Hottentots. Kolbe fait mention d’une mine de cuivre qui n’est qu’à une lieue de distance du Cap dans une très haute montagne, dont il dit que le minéral est pur et très abondant[75]. Cette mine, située dans une si haute montagne, est sans doute de première formation, comme celles de Bambuk, et comme la plupart des autres mines de cuivre de l’Afrique ; car, quoique les Maures, les Nègres, et surtout les Abyssins, aient eu de temps immémorial des instruments de ce métal[76], leur art ne s’étend guère qu’à fondre le cuivre natif ou celui de troisième formation, et ils n’ont pas tenté de tirer ce métal des mines pyriteuses de seconde formation, qui exigent de grands travaux pour être réduites en métal.

Mais c’est surtout dans le continent du nouveau monde, et particulièrement dans les contrées de tout temps inhabitées, que se trouvent en grand nombre les mines de cuivre de première formation ; nous avons déjà cité quelques lieux de l’Amérique septentrionale, où l’on a rencontré de gros blocs de cuivre natif et presque pur ; on en trouvera beaucoup plus à mesure que les hommes peupleront ces déserts, car, depuis que les Espagnols se sont habitués au Pérou et au Chili, on en a tiré une immense quantité de cuivre : partout on a commencé par les mines de première formation qui sont les plus aisées à fondre. Frézier, témoin judicieux, rapporte « que dans une montagne qui est à douze lieues de Pampas du Paraguay et à cent lieues de la Conception, l’on a découvert des mines de cuivre si singulières qu’on en a vu des blocs ou pépites de plus de cent quintaux ; que ce cuivre est si pur que, d’un seul morceau de quarante quintaux, on en a fait six canons de campagne de six livres de balle chacun, pendant qu’il était à la Conception ; qu’au reste, il y a dans cette même montagne du cuivre pur et du cuivre imparfait, et en pierres mêlées de cuivre[77]. »

C’est aux environs de Coquimbo que les mines de cuivre sont en plus grand nombre ; et elles sont en même temps si abondantes qu’une seule, quoique travaillée depuis longtemps, fournit encore aujourd’hui tout le cuivre qui se consomme à la côte du Chili et du Pérou. Il y a aussi plusieurs autres mines de cuivre à Carabaya et dans le corrégiment de Copiago[78] : ces mines de cuivre du Pérou sont presque toujours mêlées d’argent, en sorte que souvent on leur donne le nom de mines d’argent, et l’on a observé qu’en général toutes les mines d’argent du Pérou sont mêlées de cuivre, et que toutes celles de cuivre le sont d’argent[79] ; mais ces mines de cuivre du Pérou sont en assez petit nombre, et beaucoup moins riches que celles du Chili ; car M. Bowles les compare à celles qu’on travaille actuellement en Espagne[80]. Dans le Mexique, au canton de Kolima, il se trouve des mines de deux sortes de cuivre, l’une si molle et si ductile que les habitants en font de très beaux vases, l’autre si dure qu’ils l’emploient au lieu de fer pour les instruments d’agriculture[81] ; enfin l’on trouve des mines de cuivre à Saint-Domingue[82], et du cuivre en métal et de première formation au Canada[83] et dans les parties plus septentrionales de l’Amérique, comme chez les Michillimakinacs[84], et aux environs de la rivière Danoise, à la baie d’Hudson[85] ; il y a d’autres mines de cuivre de seconde formation aux Illinois[86] et aux Sioux[87] ; et, quoique les voyageurs ne disent pas qu’il se trouve en Amérique des mines de tombac comme en Asie et en Afrique, cependant les habitants de l’Amérique méridionale ont des anneaux, des bracelets et d’autres ornements d’une matière métallique qu’ils nomment caracoli, et que les voyageurs ont regardée comme un mélange de cuivre, d’argent et d’or produit par la nature ; il est vrai que ce caracoli ne se rouille ni ne se ternit jamais ; mais il est aigre, grenu et cassant ; on est obligé de le mêler avec de l’or pour le rendre plus doux et plus traitable ; il est donc entré de l’arsenic ou de l’étain dans cet alliage ; et, si le caracoli n’est pas du platine, ce ne peut être que du tombac altéré par quelque minéral, d’autant que le relateur ajoute : « Que les Européens ont voulu imiter ce métal en mêlant six parties d’argent, trois de cuivre et une d’or ; mais que cet alliage n’approche pas encore de la beauté du caracoli des Indiens, qui paraît comme de l’argent surdoré légèrement avec quelque chose d’éclatant, comme s’il était un peu enflammé[88]. » Cette couleur rouge et brillante n’est point du tout celle du platine, et c’est ce qui me fait présumer que ce caracoli des Américains est une sorte de tombac, un mélange d’or, d’argent et de cuivre, dont la couleur s’est peut-être exaltée par l’arsenic.

Les régions d’où l’on tire actuellement la plus grande quantité de cuivre sont le Chili, le Mexique et le Canada, en Amérique ; le royaume de Maroc et les autres provinces de Barbarie en Afrique ; le Japon et la Chine en Asie, et la Suède en Europe : partout on doit employer, pour extraire ce métal, des moyens différents, suivant la différence des mines ; celles du cuivre primitif ou de première formation par le feu, ou celles de décomposition par l’eau, et qui toutes sont dans l’état métallique, n’ont besoin que d’être fondues une seule fois pour être réduites en très bon métal ; elles donnent par conséquent un grand produit à peu de frais : après les mines primordiales qui coûtent le moins à traiter, on doit donc s’attacher à celles où le cuivre se trouve très atténué, très divisé, et où néanmoins il conserve son état métallique ; telles sont les eaux chargées de parties cuivreuses qui découlent de la plupart de ces mines. Le cuivre charrié par l’eau y est dissous par l’acide vitriolique, et cet acide s’attachant au fer qu’on plonge dans cette eau, et le détruisant peu à peu, quitte en même temps le cuivre et le laisse à la place du fer : on peut donc facilement tirer le cuivre de ces eaux qui en sont chargées en y plongeant des lames de fer, sur lesquelles il s’attache en atomes métalliques, qui forment bientôt des incrustations massives. Ce cuivre de cémentation donne, dès la première fonte, un métal aussi pur que celui du cuivre primitif : ainsi l’on peut assurer que, de toutes les mines de cuivre, celles de première et celles de dernière formation sont les plus aisées à traiter et aux moindres frais.

Lorsqu’il se trouve dans le courant de ces eaux cuivreuses des matières ferrugineuses aimantées ou attirables à l’aimant, et qui par conséquent sont dans l’état métallique ou presque métallique, il se forme, à la surface de ces masses ferrugineuses, une couche plus ou moins épaisse de cuivre ; cette cémentation, faite par la nature, donne un produit semblable à celui de cémentation artificielle ; c’est du cuivre presque pur, et que nos minéralogistes ont aussi appelé cuivre natif[89], quoique ce nom ne doive s’appliquer qu’au cuivre de première formation produit par le feu primitif. Au reste, comme il n’existe dans le sein de la terre que très peu de fer en état métallique, ce cuivre, produit par cette cémentation naturelle, n’est aussi qu’en petite quantité, et ne doit pas être compté au nombre des mines de ce métal.

Après la recherche des mines primitives du cuivre et des eaux cuivreuses qui méritent préférence par la facilité d’en tirer le métal, on doit s’attacher aux mines de troisième formation, dans lesquelles le cuivre, décomposé par les éléments humides, est plus ou moins séparé des parties pyriteuses, c’est-à-dire du soufre et du fer dont il est surchargé dans tous ces minerais de seconde formation. Les mines de cuivre vitreuses et soyeuses, celles d’azur et de malachites, celles de bleu et de vert de montagne, etc., sont toutes de cette troisième formation ; elles ont perdu la forme pyriteuse, et en même temps une partie du soufre et du fer qui est la base de toute pyrite : la nature a fait ici, par la voie humide et à l’aide du temps, cette séparation que nous ne faisons que par le moyen du feu ; et, comme la plupart de ces mines de troisième formation ne contiennent qu’en petite quantité des parties pyriteuses, c’est-à-dire des principes du soufre, elles ne demandent aussi qu’un ou deux feux de grillage, et se réduisent ensuite en métal dès la première fonte.

Enfin, les plus rebelles de toutes les mines de cuivre, les plus difficiles à extraire, les plus dispendieuses à traiter, sont les mines de seconde formation, dans lesquelles le minerai est toujours dans un état plus ou moins pyriteux : toutes contiennent une certaine quantité de fer, et plus elles en contiennent, plus elles sont réfractaires[90] ; et malheureusement, ces mines sont dans notre climat les plus communes, les plus étendues et souvent les seules qui se présentent à nos recherches : il faut, comme nous l’avons dit, plusieurs torréfactions avant de les jeter au fourneau de fusion, et souvent encore plusieurs autres feux pour en griller les mattes avant que par la fonte elles se réduisent en cuivre noir, qu’il faut encore traiter au feu pour achever d’en faire du cuivre rouge. Dans ces travaux, il se fait une immense consommation de matières combustibles ; les soins multipliés, les dépenses excessives ont souvent fait abandonner ces mines : ce n’est que dans les endroits où les combustibles, bois ou charbon de terre abondent, ou bien dans ceux où le minerai de cuivre est mêlé d’or ou d’argent, qu’on peut exploiter ces mines pyriteuses avec profit ; et comme l’on cherche, avec raison, tous les moyens qui peuvent diminuer la dépense, on a tenté de réunir les pratiques de la cémentation et de la lessive à celle de la torréfaction[91].

Nous ne donnerons point ici le détail des opérations du raffinage de ce métal[92] ; ce serait trop s’éloigner de notre objet, et nous nous contenterons seulement d’observer que le déchet au raffinage est d’autant moindre[93] que la quantité qu’on raffine à la fois est plus grande ; et cela par une raison générale et très simple, c’est qu’un grand volume offrant à proportion moins de surface qu’un petit, l’action destructive de l’air et du feu qui porte immédiatement sur la surface du métal emporte, calcine ou brûle moins de parties de la masse en grand qu’en petit volume : au reste, nous n’avons point encore en France d’assez grands fourneaux de fonderie pour raffiner le cuivre avec profit ; les Anglais ont non seulement établi plusieurs de ces fourneaux[94], mais ils ont en même temps construit des machines pour laminer le cuivre afin d’en revêtir leurs navires. Au moyen de ces grands fourneaux de raffinage, ils tirent bon parti des cuivres bruts qu’ils achètent au Chili, au Mexique, en Barbarie et à Mogador ; ils en font un commerce très avantageux, car c’est d’Angleterre que nous tirons nous-mêmes la plus grande partie des cuivres dont on se sert en France et dans nos colonies ; nous éviterons donc cette perte, nous gagnerons même beaucoup si l’on continue de protéger l’établissement que M. de Limare[95]. l’un de nos plus habiles métallurgistes, vient d’entreprendre sous les auspices du Gouvernement.


Notes de Buffon

    — Dans toutes ces montagnes, on trouve en général beaucoup de cuivre en azur. Idem, ibid. — Vers Buisse, il y a plusieurs filons de très bonne mine de cuivre qu’on avait ouverte il y a une quarantaine d’années, et qu’on a abandonnée en même temps que celle de Meissoux… Le minéral de ce canton renferme beaucoup de cette espèce de mine que les Allemands appellent Pech-erz, et que nous pouvons nommer mine de cuivre bitumineuse ; elle ressemble en effet au jayet et passe pour donner le plus beau cuivre connu. On y trouve aussi de la mine de cuivre pyriteuse jaune, et également de la mine de cuivre azur. Idem, p. 192 et 193. — On avait fait, il y a quelques années, plusieurs ouvertures sur une mine de cuivre, au lieu de Thines (diocèse du Vivarais) ; mais, outre qu’elle est très pauvre, c’est que le défaut de bois n’en permettait pas l’exploitation. Idem, t. III, p. 182 et 183. — Au bas du village de Saint-Michel, ou voit un filon de mine de cuivre. Idem, p. 197. — En descendant des montagnes vers Écoussains, on trouve près de ce dernier endroit d’assez belles veines de cuivre. Idem, p. 265.

  1. Lettres de M. Demeste au docteur Bernard, t. II, p. 355.
  2. Le cuivre se forme près de l’or et de l’argent, dans des pierres minérales de différentes couleurs, quoique toujours marquées de bleu et de vert. En suivant les veines de cuivre pur, on rencontre quelquefois de riches échantillons d’or très fin ; mais il est plus ordinaire de trouver de l’argent : quand on aperçoit quelques échantillons d’argent sur la superficie des veines de cuivre, le fond a coutume d’être riche en argent… La superficie de la mine d’Ostologué, au pays de Lipès, était de cuivre pur ; mais, à mesure qu’on creusait, elle se transformait en argent, jusqu’à devenir argent pur. Métallurgie d’Alphonse Barba, t. Ier, p. 107.
  3. Dans les montagnes à couches, le cuivre est ordinairement dans un composé d’ardoise gris, noir ou bleuâtre, dans lequel il y a souvent des pyrites cuivreuses, du vert-de-gris ou du bleu de cuivre parsemé très finement… Les ardoises cuivreuses, qu’on trouve communément dans les montagnes à couches, sont puissantes depuis quelques pouces jusqu’à un pied et demi, et rarement plus ; elles sont aussi très pauvres en métal, ne donnent que deux ou trois livres de cuivre par quintal ; mais ce cuivre est très bon. Instruction sur les mines, par M. Delius, t. Ier, p. 87 et 88.
  4. Lettres de M. de Morveau à M. de Buffon. Dijon, le 28 août 1781.
  5. « Rien n’est plus propre, dit-il, à démontrer le passage du cuivre natif aux mines secondaires que la jambe d’un cheval antique de bronze, trouvée dans une fouille faite à Lyon en 1771 : cette jambe, qui avait été dorée, offrait non seulement de la malachite et de l’azur de cuivre, mais on y remarquait aussi plusieurs cavités dont l’intérieur était tapissé de petits cristaux très éclatants, de mine rouge de cuivre, transparente comme la plus belle mine d’argent rouge… On peut donc avancer que l’azur et le vert de cuivre, ainsi que les cristaux rouges qui s’y rencontrent, sont autant de produits des différentes modifications que le cuivre en état métallique a subies dans le sein de la terre. » Lettres de M. Demeste, etc., t. II, p. 357 et 358.
  6. Lettres de M. Demeste, etc., t. II, p. 369 et suiv.
  7. Idem, t. II, p. 370.
  8. Les anciens se servaient beaucoup plus de cuivre que de fer ; les habitants du Pérou et du Mexique employaient le cuivre à tous les usages auxquels nous employons le fer. Métallurgie d’Alphonse Barba, t. Ier, p. 106.
  9. « Æri corinthio pretium ante argentum, ac pæne etiam ante aurum. » Plin. lib. xxxiv, cap. i.
  10. Selon M. Brisson, le pied cube de cuivre rouge, fondu et non forgé, ne pèse que 545 livres 2 onces 4 gros 35 grains, tandis qu’un pied cube de ce même cuivre rouge, passé à la filière, pèse 621 livres 7 onces 7 gros 26 grains. Cette grande différence démontre que de tous les métaux le cuivre est celui qui se comprime le plus ; et la compression par la filière est plus grande que celle de la percussion par le marteau. M. Geller dit que la densité de l’alliage, à parties égales de cuivre et de zinc, est à celle du cuivre pur comme 878 sont à 874. Chimie métallurgique, t. Ier, p. 265. — Mais M. Brisson a reconnu que le pied cube de cuivre jaune, fondu et non forgé, pèse 587 livres.
  11. Cet enduit ou patine est ordinairement verdâtre, et quelquefois bleuâtre, et il acquiert avec le temps une si grande dureté qu’il résiste au burin. Lettres de M. Demeste, t. II, p. 374.
  12. À Saint-Bel, l’eau qui traverse les mines de cuivre se sature en quelque sorte de vitriol de cuivre naturel ; il suffit de jeter dans les bassins où on reçoit cette eau une quantité de vieilles ferrailles ; on y trouve, peu de jours après, un cuivre rouge pur : c’est ce qu’on appelle cuivre de cémentation. Éléments de chimie, par M. de Morveau, t. II, p. 91.
  13. Dictionnaire de chimie, à l’article Cuivre jaune.
  14. Dictionnaire de chimie, à l’article Cuivre.
  15. Les lames de cuivre stratifiées avec le soufre forment une espèce de matte aigre, cassante, de couleur de fer… Cette opération réussit également par la voie humide, en employant le cuivre en limaille, et en détrempant le mélange avec un peu d’eau. Éléments de chimie, par M. de Morveau, t. II, p. 53.
  16. La marcassite ou pyrite cuivreuse est très pauvre en métal de cuivre ; mais elle contient beaucoup de fer, de soufre, et quelquefois même un peu d’arsenic… Elle est si dure qu’elle donne des étincelles avec le briquet. Lettres de M. Demeste, t. II, p. 367.
  17. Ces différentes mines de cuivre grises éprouvent dans le sein de la terre divers degrés d’altération, à proportion que leurs minéralisateurs se volatilisent ; elles passent alors par divers états successifs de décomposition, auxquels on a donné les noms de mine de cuivre vitreuse hépatique, violette ou azurée, de mine de cuivre vitreuse couleur de poix, d’azur et de vert de cuivre, de malachite, et enfin de bleu et de vert de montagne… Les couleurs rougeâtre, pourpre, violette, azurée, le chatoiement de l’espèce de glacé qu’on observe à la surface de la mine de cuivre hépatique, violette ou azurée, sont dues à la dissipation plus ou moins considérable des substances arsenicales et sulfureuses… Si la décomposition est plus avancée, les couleurs vives sont remplacées par une teinte d’un brun rougeâtre foncé. Idem, t. II, p. 364 et 365.
  18. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1770, p. 434 et 435.
  19. Dans la basse Navarre, à Baigorry, on découvrit, en 1746, cinq cent trente-trois pieds de filons, suivis par trois galeries et par trois puits ; ces filons avaient un, deux et trois pieds de largeur. Le minéral, tant pur que celui qu’il faut piler et laver, y est enveloppé dans une gangue blanche, du genre des quartz vitrifiables ; et il est à remarquer que la plupart des mines de cuivre de cette contrée sont mêlées de fer dans leur minerai, et que celle de Baigorry est la seule qui n’en contienne pas.

    Ce minéral de Baigorry est jaune quand on le tire d’un endroit sec de filon, et pour peu qu’il y ait d’humidité, il prend toutes sortes de belles couleurs… Mais ces couleurs s’effacent en moins de deux ans à l’air, et disparaissent même pour peu qu’on chauffe le minerai…

    En 1752, on découvrit dans la même montagne un filon de minéral gris, presque massif, contenant cuivre et argent : on a vu un morceau qui pesait vingt-sept livres sans aucune gangue, qui, par l’essai qu’en fit M. Hellot, donna dix-sept livres de cuivre et trois marcs deux onces trois gros d’argent par quintal fictif… Hellot, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1756, p. 139 et suiv.

  20. Lettres de M. Hettlinger à M. de Buffon ; Baigorry, le 16 juin 1774.
  21. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 11 et 12.
  22. Idem, p. 8 et 9.
  23. Idem, p. 13.
  24. Dans le bas Limousin, au comté d’Ayen, il y a plusieurs filons de cuivre en verdet et en terre verte, qui donnent, l’un dix-sept et l’autre vingt-deux livres de métal par quintal. Une autre mine que j’ai découverte est plus abondante que les précédentes ; le cuivre y est combiné avec le plomb, et donne vingt-trois livres de cuivre par quintal. Quoique ces mines soient médiocrement riches, elles peuvent être exploitées avec profit ; elles ne sont que des fluors, procédant de la décomposition des mines primitives, et infiltrées dans des masses de gros sable quartzeux, qui ont été entraînées des montagnes du haut Limousin. (Lettres de M. le chevalier de Grignon ; Paris, 29 juillet 1782.)
  25. En Dauphiné, il y a une mine de cuivre dans la montagne de la Coche, au revers de la vallée du Grésivaudan, du côté de l’Oisan, dont l’exploitation est abandonnée à cause de la difficulté des chemins… Il y a une autre mine de cuivre sur la montagne des Hyères, à cinq lieues du bourg d’Oisan ; elle est mêlée d’ocre, de quartz et de pyrite sulfureuse ; le filon a treize pouces de large… Dans la même province, il y a une autre mine de cuivre au-dessus des lacs de Belledonne… et des lacs de Brande… Une autre aux Acles, au-dessus de Plampines, dans le Briançonnais : cette dernière mine est un mélange de cuivre et de fer, dissous par un acide sulfureux que l’air a développé ; elle a rendu cinquante pour cent de beau cuivre rosette… Une autre au-dessus des bains du Monestier de Briançon, qui a donné quinze livres un quart de cuivre pour cent… Celle d’Huez, en haut Dauphiné, est sulfureuse et ferrugineuse, et donne treize livres de cuivre par quintal… Il y a encore beaucoup d’autres mines de cuivre dans la même province…

    En Provence, au territoire d’Hyères, il y a une mine de cuivre tenant argent et un peu d’or… Une autre au territoire de la Roque ; et dans celui de Sisteron il se trouve aussi du cuivre, ainsi qu’auprès de la ville de Digne…

    Dans le Vivarais, il y a des pyrites cuivreuses au vallon de Pourchasse, à deux lieues de Joyeuse… À Altier, en Gévaudan, à sept quarts de lieue de Bayard, il y a des pyrites blanches arsenicales qui contiennent du cuivre…

    À Lodève, près des Cévennes, il y a une mine de cuivre tenant argent… une autre à la Roquette, aux Cévennes, à quatre lieues et demie d’Anduse. De la fonte des mines, par Schlutter, traduit par M. Hellot, t. Ier, p. 16 et suiv.

  26. Idem, p. 60, 64 et 68.
  27. En revenant du Puits-Saint-Pons vers Riots et Oulargues (diocèse de Pons), nous avons trouvé au lieu de Casillac une mine de cuivre fort considérable ; on y a fait quelque travail… Le minéral y est répandu par petits blocs dispersés dans toute la masse de la veine, qui a plusieurs toises de largeur, et qui paraît au jour sur l’étendue d’un bon quart de lieue de longueur ; le minéral y est très arsenical, et contient depuis vingt-deux jusqu’à vingt-cinq livres de cuivre au quintal… Le minéral est de la nature des mines de cuivre grises, vulgairement appelées falerts

    Il y a une autre veine de cuivre au lieu appelé Lasfonts, paroisse de Mas-de-l’Église,… peu éloignée de celle de Casillac. Histoire naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. II, p. 213. — À une lieue de la ville de Marvejols en Gévaudan, dans le territoire de Saint-Léger-de-Poire, on trouve plusieurs sources d’eau cuivreuse, propre à donner du cuivre par cémentation ; elles coulent dans un vallon à un demi-quart de lieue de Saint-Léger. Les habitants de ce canton ont l’imprudence de boire de ces eaux pour se purger. Idem, t. II, p. 250.

    À la montagne de Fraisinet (diocèse d’Uzès), il y a deux filons de mine de cuivre… Le minéral est jaune, mêlé de mine hépatique ; il est de bonne qualité et passablement riche en argent. Idem, t. Ier, p. 164. — À la montagne de la Garde, il y a une veine considérable de mine de cuivre bitumineuse, connue en Allemagne sous le nom de Pech-erz : cette espèce de mine est fort estimée par la quantité du cuivre qu’elle donne, parce qu’outre sa grande ductilité, il a une très belle couleur d’or. Idem, p. 165. — Il y a deux filons de mine de cuivre à la montagne du Fort. Idem, p. 166. — Une autre à la montagne de Dévèse ; deux autres filons qui passent sous Villefort, et deux autres qui traversent la rivière immédiatement au-dessus du pont. Idem, ibid. — Au-dessus de Saint-André de Cap-Sèze, il y a de fort bonnes mines de cuivre. Idem, p. 167. — Au-dessus du village de Galuzières, dans le diocèse d’Alais, en montant directement au-dessus du château, il y a un filon considérable de mine de cuivre et d’argent qui a plus de quatre toises d’épaisseur, et qui s’étend de l’ouest à l’est sur une longueur de près d’une demi-lieue. On aperçoit dans ce filon plusieurs espèces de mine de cuivre ; il y en a de la jaune, de la grise, de bleu d’azur, de la malachite, de l’hépatique et autres. Idem, t. II, p. 225. — Aux environs de Saint-Sauveur, au lieu appelé Low-camp-des-Hûns, il y a un gros filon de cuivre et argent dont la gangue ou matrice a près de cinq toises de largeur. Idem, p. 230. — Dans le diocèse de Narbonne, il y a des mines de cuivre et argent aux lieux appelés la Cunale et Peyre-Couverte, et celles de Jasat-d’Empoix sont fort riches en argent : il y a un autre filon d’argent et cuivre à Peysegut. Idem, p. 187.

  28. Dans la montagne, du côté de Giromagny, est la mine de Saint-Daniel, qui a plus de deux cents pieds de profondeur. Le minéral domine en cuivre ; il rend un peu de plomb et d’argent : ce filon de Saint-Daniel est traversé par un autre, où les anciens ont fait des travaux. Le minéral est la plupart de mine d’argent… En remontant vers le sommet de la montagne de Saint-Antoine, il y a un filon de mine jaune de cuivre et de malachites…

    Toutes les montagnes qui séparent Plancher-lès-Mines, en Franche-Comté, de Giromagny sont entrelacées d’un nombre prodigieux de différents filons qui les traversent en tous sens : toutes ces mines donnent du cuivre, du plomb et de l’argent.

    À droite du village d’Orbey est Saint-Joseph, où l’on tire de très belles mines de cuivre de toute espèce ; une entre autres est d’un pourpre vif, tigré de jaune, et d’une matière blanche qu’on prendrait pour du spath, et qui est cependant de la pure mine de cuivre. Le filon est accompagné quelquefois d’une espèce de quartz feuilleté blanc très réfractaire, et qui, quoique pesant, ne tient point de métal.

    On trouve du cuivre dans plusieurs autres endroits des environs d’Orbey, comme à Storkenson, à la montagne de Steingraben ; celui-ci est enfermé dans un roc d’une espèce de quartz vert aussi dur que de l’acier ; la mine est partie bleu de montagne, quelque peu de mine de cuivre jaune, et la plus grande partie de mine bitumineuse. Le sommet du filon est une mine ferrugineuse brûlée, toute semblable au mâchefer ; et l’on voit assez souvent, pendant la nuit, sortir de grosses flammes de cet endroit : ce filon est traversé par un autre filon de mine de cuivre malachite et jaune, et quelquefois d’une belle couleur de rose et de lilas ; elle contient quelquefois un peu d’or. Sur l’exploitation des mines, par M. de Gensane, Mémoires des savants étrangers, t. IV, p. 141 et suiv.

  29. Les montagnes dont la plaine du Roussillon est environnée, surtout celles qui tiennent à la chaîne des Pyrénées, sont garnies, pour la plupart, de mines dans leur intérieur. Il y a quelques mines de fer ; mais les plus communes sont celles de cuivre, et on en exploite quelques-unes avec succès… Il y a une autre veine de cuivre fort riche au pied de la montagne d’Albert, tout proche du village de Soredde… Cette veine si abondante était accompagnée de feuilles de cuivre rouge très ductile, et formé tel par la nature ; on les trouvait répandues parmi le gravier, ou plaquées entre des pierres, et même le cuivre est ramifié dans d’autres en forme de dendrites… M. Le Monnier a observé que la mine tirée du puits Sainte-Barbe était mêlée avec une pyrite jaune pâle qui paraît sulfureuse et arsenicale. Celle du puits Saint-Louis, qui est voisine du premier, quoiqu’un peu moins pesante que celle du puits Sainte-Barbe, paraît meilleure et moins embarrassée de pyrites arsenicales, et elle est engagée dans une espèce de quartz qui la rend très aisée à fondre ; enfin celle du Corall semble être la meilleure de toutes, elle est de même intimement unie à du quartz fort dur. Observations d’hist. naturelle, par M. Le Monnier ; Paris, 1739, p. 209 et suiv.
  30. Les mines de cuivre de Catalogne ne sont qu’à une lieue de Corall… Celle qui donne du cuivre plus estimé que celui de Corall se trouve située précisément dans la colline de Bernadelle, sous la montagne qui sépare la France d’avec l’Espagne, entre la ville d’Autez et celle de Campredon. Il y a dans cette mine d’anciens et grands travaux, et l’on voit, dans les galeries et dans les chambres auxquelles elles aboutissent, des taches bleues et vertes, et même des incrustations de vert-de-gris, et aussi des filets de cuivre qui forment un réseau de différentes couleurs, rouges, violettes, etc., et ce réseau métallique s’observe dans toute l’étendue des galeries : « Je m’attendais, dit M. Le Monnier, à voir quelques filons cuivreux ; mais il paraît qu’il n’en a jamais existé d’autres, dans cette mine, que ce réseau métallique que j’ai vu presque partout… Toute cette mine, qui est d’une étendue très considérable, est dans une pierre dure qu’il faut faire éclater à la poudre ; et il y a dans quelques cavités de cette pierre du cuivre vert et soyeux, et dans quelques autres il y avait une poudre grumelée d’un très beau bleu d’outremer. » Observations d’histoire naturelle, par M. Le Monnier ; Paris, 1739, p. 209 et suiv.
  31. « À quelques lieues de Molina, il y a une montagne appelée la Platilla ; on voit au sommet des roches blanches qui sont de pierre à chaux, mêlées de taches bleues et vertes… Dans les galeries de la mine de cuivre, on voit que toutes les pierres sont fendillées et laissent découler de l’eau chargée de matière cuivreuse, et les fentes sont remplies de minéral de cuivre bleu, vert et jaune, mêlé de terre blanche calcaire. Ce minéral, formé par stillation, est toujours composé de lames très minces et parallèlement appliquées les unes contre les autres… La matière calcaire s’y trouve toujours mêlée avec le minéral de cuivre de quelque couleur qu’il soit… Il se forme souvent en petits cristaux dans les cavités du minéral même, et ces cristaux sont verts, bleus ou blancs… Le minéral commence par être fluide et dissous, ou au moins en état de mucilage qui a coulé très lentement, et que les eaux pluviales dissolvent de nouveau et entraînent dans les fentes ou cavités où elles tombent goutte à goutte et forment la stalactite… La mine bleue ne se mêle point avec le reste, et elles sont d’une nature très distincte ; car je trouvai que le bleu de cette mine contient un peu d’arsenic, d’argent et de cuivre, et le produit de sa fonte est une sorte de métal de cloche. La mine verte ne contient pas le moindre atome d’arsenic, et le cuivre se minéralise avec la terre blanche susdite, sans qu’il y ait la moindre partie de fer. Cette mine de la Platilla étant une mine de charriage ou d’alluvion, elle ne peut être bien profonde. » Histoire naturelle d’Espagne, par M. Bowles, p. 141 et suiv. — Je dois observer que cette mine, décrite par M. Bowles, est non seulement d’alluvion, comme il le dit, et comme le démontre le mélange du cuivre avec la matière calcaire, mais qu’elle est encore de stillation, c’est-à-dire d’un temps postérieur à celui des alluvions, puisqu’elle se forme encore aujourd’hui par le suintement de ces matières dans les fentes des pierres quartzeuses où se trouve ce minéral cuivreux qui se réunit aussi en stalactites dans les cavités de la roche.
  32. Histoire naturelle d’Espagne, p. 28 et 67.
  33. Les filons de cuivre de la province de Cornouailles sont dans une espèce de schiste nommé killas, dont la couleur est différente du schiste qui contient le filon d’étain : avec l’étain ce killas est brun, noir et bleuâtre, mais avec les minéraux de cuivre il est plutôt grisâtre, blanchâtre et rougeâtre. Il est très commun de rencontrer des filons qui produisent du minéral de cuivre et de celui d’étain en même temps, mais il y en a toujours un qui domine.

    Les matières qui accompagnent et annoncent les minéraux de cuivre, et qui en contiennent souvent elles-mêmes, consistent, proche la surface de la terre, en une espèce de minéral de fer décomposé en partie ou substance ocreuse, mêlée de quartz ou d’un rocher bleuâtre ; mais, dans la profondeur, ces matières sont un composé de quartz, de mica blanc sur une pierre en roche d’un bleu clair ; assez souvent de la pyrite, tantôt blanche, tantôt jaune ; quelquefois le tout est parsemé avec des taches de minéral de cuivre. Observations sur les mines, par M. Jars ; Mémoires de l’Académie des sciences, année 1770, p. 540. — Au-dessus de la ville de Redruth, on exploite une mine de cuivre très abondante… son filon est peu éloigné de celui de la mine d’étain de Peduandera ; il lui est parallèle… La largeur commune du filon peut être de quatre à cinq pieds ; il est composé d’un beau minéral jaune ou pyrite cuivreuse, point de blende, assez souvent du quartz et de la pyrite, surtout de la blanche qui est arsenicale… quelquefois du cristal de roche qu’on nomme diamant de Cornouailles… On trouve quelquefois du cuivre natif dans la partie supérieure du filon et dans les endroits où il n’est pas riche… Le filon est renfermé dans le rocher schisteux nommé killas… Le côté du mur du filon est tendre, souvent il est composé d’une matière jaune et poreuse, souvent aussi d’une espèce d’argile… Le filon est très riche et abondant dans la plus grande profondeur, qui est de soixante et quelques toises… À cinq milles de Redruth, on exploite encore plusieurs filons qui sont de la même nature et dans une roche de même espèce… Il y a entre autres, dans ce pays, une mine de cuivre vitrée extrêmement riche, mais très peu abondante… On trouve dans tout ce terrain une très grande quantité de puits jusqu’à Sainte-Agnès, où, particulièrement près de la mer, les filons de cuivre ne sont qu’en petit nombre, en comparaison des filons d’étain qui y sont beaucoup plus nombreux, tandis que c’était le contraire du côté de Redruth. Observations sur les mines, par M. Jars, dans les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1770, p. 540.

  34. Lettres sur la Minéralogie, par M. Ferber, p. 47 et 48.
  35. Mémoire de M. Guettard, dans ceux de l’Académie des sciences, année 1752, p. 323.
  36. Ces douze sortes de mines de cuivre sont :

    1o  Le cuivre natif ou mine de cuivre sous forme métallique ; il est rare et ressemble à celui qui a été raffiné ;

    2o  Le cuivre azur ou mine de cuivre vitrée, elle tient de l’arsenic et un peu de fer ;

    3o  La mine de cuivre jaune, qui est une espèce de pyrite composée de soufre, de beaucoup de fer et de peu de cuivre ;

    4o  La mine de cuivre fauve, qui tient du soufre, de l’arsenic, de l’argent et du cuivre en plus grande quantité que la précédente ;

    5o  Autre mine de cuivre différente de la précédente ;

    6o  La mine de cuivre bleu d’outremer (ultra marina), qui n’est autre chose que du cuivre dissous par les acides, et précipité et pénétré par l’alcali volatil. Comme elle ne tient ni soufre ni arsenic, elle n’a pas besoin, à la rigueur, d’être calcinée, non plus que la mine de cuivre verte, appelée malachite ; au petit essai on ne les rôtit pas, pour la fonte en grand on les rôtit fort peu ;

    7o  La mine de cuivre verte, nommée malachite ;

    8o  La mine de cuivre en sable, qui est composée de cuivre et d’arsenic, mêlé de sable ;

    9o  La mine d’argent, blanche (ou grise) tenant plus de cuivre que d’argent ; mais les mines portent ordinairement le nom du métal qui, étant vendu, produit une plus grande somme d’argent que l’autre, quoiqu’en plus grande quantité ;

    10o  La mine de cuivre en ardoise ou écailles cuivreuses : elle donne peu de cuivre aux essais, aussi bien que la précédente ;

    11o  Presque toutes les pyrites un peu colorées, parce qu’il n’y en a presque point qui ne contienne une ou deux livres de cuivre par quintal ;

    12o  Le vitriol bleu verdâtre natif se met au rang des mines de cuivre, parce que ce métal y sert en partie de base à l’acide qui s’est cristallisé avec lui et avec un peu de fer. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 190 et 191.

  37. Les mines de cuivre de Rammelsberg et celles du haut Hartz ne sont que des pyrites cuivreuses, et il n’est pas étonnant qu’on ait ignoré si longtemps l’art d’en tirer le cuivre : il y a peu de mines auxquelles il faille donner un aussi grand nombre de feux pour les griller et qui, dans la fonte, soient aussi chaudes et aussi rougeâtres. Idem, t. II, p. 426.
  38. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 206 et 207.
  39. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 209.
  40. Idem, ibidem, p. 461.
  41. Idem, ibidem, t. II, p. 491.
  42. Delius, Sur l’Art des mines, traduction française, t. Ier, p. 62.
  43. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762, p. 320.
  44. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 493.
  45. Journal étranger, mois d’août 1755.
  46. Mémoires des Savants étrangers, t. IX, p. 452.
  47. Histoire générale des Voyages, t. XIX, p. 30.
  48. Le premier minéral qu’on y trouve en creusant est une pierre ferrugineuse ; au-dessous on découvre une mine de plomb qui semble être mêlée avec de l’argile, mais qui donne beaucoup de plomb et peu d’argent, et plus bas, une mine pierreuse et brillante qui rend soixante-quinze onces d’argent par tonne de mine, et en outre une grande quantité de plomb le plus fin : après avoir percé quelques toises plus bas, on arrive à la veine de cuivre qui est très riche, et qu’on peut suivre jusqu’à une certaine profondeur. Journal étranger, mois de décembre 1754, p. 115, jusques et compris p. 120.
  49. Bibliothèque raisonnée, t. XLIII, p. 70.
  50. Les premiers ouvrages d’airain avaient, suivant la tradition des Grecs, été travaillés en Eubée, dans la ville de Chalcis, qui en avait tiré son nom. Solin, chap. xi.
  51. Description de l’Archipel, par Dapper, p. 329 et 445.
  52. Il y a des mines de cuivre aux environs de la ville de Cachem en Perse, où l’on fait commerce de ce métal. Voyage de Struys, t. Ier, p. 275. — À quelques lieues de la ville de Tauris, on trouve une mine de cuivre qui rapporte beaucoup au roi. Voyage de Gemelli Careri, t. II, p. 45.
  53. Voyage de Chardin, t. II, p. 23.
  54. Histoire générale des Voyages, t. XVIII, p. 370.
  55. Idem, ibid.
  56. À cinquante-deux verstes de Catherinbourg se trouve la mine de Polewai, qui n’est pas disposée par couches, mais par chambres, et qui ne donne qu’environ trois livres de cuivre par quintal. Histoire générale des Voyages, t. XVIII, p. 108. — Celles de Werchoturie ne rendent que deux pour cent, le minerai est une pyrite de cuivre mêlée de veines irrégulières de quartz noirâtre. Idem, p. 460.
  57. Histoire générale des Voyages, t. XIX, p. 47.
  58. Idem, ibid., p. 475.
  59. « Dans quelques endroits du Kamtschatka, on trouve dans le sable une si grande quantité de petits morceaux de cuivre natif, qu’on pourrait en charger des charrettes entières. » Le sieur Scherer, cité dans le Journal de physique, Juillet, 1781, p. 41 et suiv.
  60. Mednoi-ostroff ou l’île de cuivre qui se voit de l’île de Béring est ainsi appelée à cause des gros morceaux de cuivre natif qu’on trouve sur la grève… surtout à la pointe ouest de la bande méridionale. Maleviskoi en recueillit, entre les roches et la mer, sur une grève d’environ douze verges. Idem, ibid.
  61. L’aurichalcum de Pline paraît être une espèce de tombac, qu’il désigne comme un cuivre naturel, d’une qualité particulière et plus excellente que le cuivre commun, mais dont les veines étaient déjà depuis longtemps épuisées : « In Cypro prima æris inventio ; mox vilitas, reperto in aliis terris præstantiore, maximè aurichalco, quod præcipuam bonitatem admirationemque diù obtinuit ; nec reperitur longo jam tempore effœtâ tellure. » Lib. xxxiv, cap. ii.
  62. Histoire générale des Voyages, t. V, p. 484.
  63. Idem, t. X, p. 655.
  64. Histoire naturelle du Japon, par Kæmpfer, t. Ier, p. 94.
  65. Histoire naturelle du Japon, par Kæmpfer, t. Ier, p. 94.
  66. Description de l’île Formose, Amsterdam, 1705, p. 168.
  67. Histoire générale des Voyages, t. X, p. 458.
  68. Idem, t. XI, p. 552.
  69. Idem, t. V, p. 484 ; et t. IX, p. 307. « Le tombac, dit Ovington, est fort recherché aux Indes orientales ; on croit que c’est un mélange naturel d’or, d’argent et de cuivre, qui est de bon aloi dans de certains endroits, comme à Bornéo, et de beaucoup plus bas aloi dans d’autres, comme à Siam. » Voyage de Jean Ovington, t. II, p. 213. — Le tombac de Siam et de Bornéo ne nous laisse pas douter qu’il n’y ait dans ces contrées plusieurs autres mines de cuivre, dont les voyageurs ont négligé de faire mention.
  70. L’Afrique de Marmol, Paris, 1667, t. II, p. 35 ; et t. III, p. 8.
  71. Il y a des mines de cuivre dans les îles du cap Vert, et particulièrement dans l’île Saint-Jean, où le voyageur Roberts a remarqué des eaux cuivreuses, dans lesquelles il suffisait de tenir la lame d’un couteau pendant une minute ou deux, pour que cette lame fût incrustée de cuivre d’une belle couleur jaune… Il remarqua plusieurs fontaines dont les eaux produisaient le même effet, qui était toujours plus marqué à mesure qu’on s’approchait de la source. Histoire générale des Voyages, t. II, p. 399.
  72. Idem, t. II, p. 664 ; et t. IV, p. 486.
  73. Idem, t. IV, p. 483 ; et t. V, p. 66.
  74. Idem, t. IV, p. 344.
  75. Idem, t. V, p. 186.
  76. Il y a des mines de cuivre très abondantes dans un lieu nommé Soudi, qui n’est pas loin d’Abissina. Les forgerons nègres se rendent à Soudi vers le mois de septembre et s’occupent à le fondre jusqu’au mois de mai. Idem, t. IV, p. 592.
  77. Voyages à la mer du Sud. Paris, 1732, p. 76 et 77.
  78. Histoire générale des voyages, t. XIII, p. 412 et 414.
  79. Barba, Métallurgie, t. Ier, p. 107 et 108.
  80. La mine de cuivre de Carabaya, dans le Pérou, contient le même quartz, la même marcassite et la même matrice d’améthyste que la nouvelle mine de cuivre que l’on travaille à Colmenaoviejo, à six lieues de Madrid. — Celle de cuivre vert de Moquagna, dans le Pérou, est presque la même que celle de Molina d’Aragon. Histoire naturelle d’Espagne, par M. Bowles, p. 28.
  81. Histoire générale des voyages, t. XII, p. 648.
  82. Idem, ibid., p. 218.
  83. Sur les bords du lac Érié, au Canada, on a vu des blocs de cuivre rouge tout régulisé et qu’on a employé sans aucune préparation : on soupçonne que cette mine est dans le lac même. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 216.
  84. Il y a du cuivre presque pur et en grande quantité aux environs d’un grand lac, au pays des Michillimakinac, et même dans les petites îles de ce lac ; on a travaillé de ce cuivre à la mission du saut Sainte-Marie. Histoire de la Nouvelle-France, par Charlevoix, t. III, p. 281.
  85. Aux environs de la rivière Danoise, à la baie d’Hudson, il y a une mine de cuivre rouge, si abondante et si pure, que, sans le passer par la forge, les sauvages ne font que le frapper entre deux pierres, tel qu’ils le recueillent dans la mine, et lui font prendre la forme qu’ils veulent lui donner. Voyage de Robert Lade. Traduction, Paris, 1744, t. II, p. 316.
  86. Il y a aussi une mine de cuivre au pays des Illinois, qui est jointe à une mine de plomb, à lames carrées ; la partie cuivreuse est en verdet, et le total est mêlé d’une terre jaunâtre qui paraît ferrugineuse. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 216.
  87. Charlevoix rapporte que Le Sueur avait découvert une mine de cuivre très abondante dans une montagne près d’une rivière au pays de Sioux, dans l’Amérique septentrionale, et qu’il en avait fait tirer en vingt-deux jours trente livres pesant ; il ajoute que la terre de cette mine est verte et surmontée d’une croûte noire et aussi dure que le roc. Histoire et description de la Nouvelle-France. Paris, 1744, t. II, p. 413.
  88. Nouveau voyage aux îles de l’Amérique. Paris, 1722, t. II, p. 21.
  89. Lorsque ces eaux, qui tiennent du vitriol bleu en dissolution, rencontrent des molécules ferrugineuses (sans doute dans l’état métallique ou très voisines de cet état), il en résulte une espèce de cémentation naturelle qui donne naissance à du cuivre natif. Lettres de M. Demeste au docteur Bernard, t. II, p. 368.
  90. Toutes les mines de cuivre sulfureuses ou arsenicales contiennent toujours plus ou moins de fer… L’arsenic ne reste si opiniâtrement uni au cuivre que parce qu’il est joint avec le fer… Il faut donc, pour avoir du bon cuivre, séparer, autant qu’il est possible, toutes les parties du fer qui peuvent s’y trouver, et c’est par le moyen du soufre qu’on peut faire cette séparation. Voyez Delius, cité dans le Journal de physique, juillet 1780, p. 53 et suiv.
  91. Quand on veut avoir le cuivre des mines sans les fondre, il faut les griller et les porter toutes rouges, ou au moins très chaudes, dans une cuve où l’on aura mis un peu d’eau auparavant, pour empêcher qu’elles ne s’allument, ce qui arrive quand elles sont sulfureuses… Comme la mine s’y met presque rouge, l’eau s’échauffe et elle détache mieux la partie cuivreuse dissoute par l’acide du soufre, ce qu’elle fait en moins de deux jours si la mine a été bien grillée, car celle qui ne l’a point été n’abandonne pas son cuivre. Pour avoir encore ce qui peut être resté de cuivre dans la mine après cette première opération, on la grille une seconde fois et même on lui donne deux feux, parce qu’étant humide et presque réduite en boue, un premier feu la grille mal ; lorsqu’elle est bien grillée, on la remet dans la cuve sur la première lessive ; quand on veut l’avoir plus forte et plus chargée de cuivre, on l’y laisse quarante-huit heures.

    On peut employer cette lessive à deux usages : 1o  en l’évaporant pour en faire du vitriol bleu ; 2o  à en précipiter le cuivre… Quand la lessive s’est chargée de cuivre, on la retire de dessus son marc, et on la fait chauffer dans une chaudière de plomb. On a dans une cuve plusieurs barres de fer arrangées verticalement, et toutes séparées les unes des autres… ; on y verse ensuite la lessive toute chaude, et on couvre la cuve pour en conserver la chaleur, car, plus longtemps elle reste chaude, plus tôt le cuivre s’y précipite ; et, s’il y a assez de fer dans la cuve, tout le cuivre peut s’y précipiter dès la première fois, sans quoi il faudrait chauffer de nouveau la lessive ; car, quoique le cuivre se précipite aussi dans la lessive froide, la précipitation en est beaucoup plus lente…

    Pour connaître si tout le cuivre a été précipité, on trempe dans la lessive une lame de fer polie et qui ne soit point grasse, et on l’y tient quelque temps : si cette lame se couvre d’un enduit rouge, c’est une preuve qu’il y a encore du cuivre dans la lessive ; si elle n’y change pas de couleur, tout le cuivre est précipité.

    Lorsque tout le cuivre s’est précipité, on fait couler la lessive dans des baquets, en débouchant les trous qui sont à différentes hauteurs le long d’un des côtés de la cuve, afin de ne pas déranger les barres de fer ; il faut prendre garde aussi, lorsqu’on a débouché les trous d’en bas, que l’eau n’entraîne avec elle le limon cuivreux. Cette lessive, coulée et reçue dans les baquets, peut être employée à faire la couperose verte, puisqu’elle contient du fer dissous.

    Tant que les barres de fer ne sont pas entièrement rongées, elles peuvent toujours servir à précipiter, et il n’est pas nécessaire de les sortir souvent de la cuve pour les nettoyer : ainsi l’on peut verser de la nouvelle lessive chaude jusqu’à ce qu’elles soient presque détruites ; après quoi on les retire, on les racle et l’on met la matière cuivreuse qui en tombe dans de l’eau claire. On pourrait mettre d’abord ces barres de fer dans la chaudière de plomb où l’on fait bouillir la lessive cuivreuse ; la précipitation se ferait encore plus vite.

    La matière cuivreuse qui vient de cette précipitation contient beaucoup de fer, qu’on peut en séparer en partie par le lavage ; mais, comme le cuivre est réduit en un limon fort fin, il faut bien prendre garde que l’eau ne l’emporte avec elle. Lorsqu’on a rassemblé assez de ce limon pour en faire une fonte, on le grille si l’on veut, quoique cela ne soit pas nécessaire ; mais, comme il faut le sécher exactement avant de le fondre, on le met sur une aire couverte de charbon, qu’on allume pour qu’il rougisse : on répète cette manœuvre deux fois, parce qu’ainsi grillé il se fond plus aisément.

    Ce cuivre, ainsi précipité, est la même chose que le cément de Hongrie, et on le fond avec addition de scories qui ne rendent point de mattes, et mieux encore avec des scories de refonte de litharge ; alors on ne retire de la fonte que du cuivre noir et point de matte.

    Cette manière de retirer le cuivre de ses mines se fait avec des frais peu considérables, mais elle n’en sépare jamais tout le cuivre, et le minéral qui reste en contient encore assez pour mériter d’être fondu. Traité de la fonte des mines de Schlutter, traduit par Hellot, t. II, p. 502 et suiv.

  92. Le déchet au raffinage du cuivre noir de Saint-Bel est de huit à neuf pour cent. (Mémoires de M. Jars.) — Le déchet des cuivres bruts de Barbarie et de Mogador n’est que de cinq ou six pour cent. (Mémoires de M. de Limare.)
  93. Un raffinage de cinquante quintaux de cuivre noir rend ordinairement quarante-cinq à quarante-six quintaux de cuivre rosette, ce qui fait un déchet de huit ou neuf pour cent ; mais ce déchet n’est qu’apparent, puisque, par des essais réitérés, on a reconnu que son déchet réel n’était que de quatre et demi pour cent, parce qu’il reste toujours beaucoup de cuivre dans les crasses ; on sait que, dans quelques fourneaux que ce soit, les scories provenant du raffinage sont toujours riches en cuivre : il est prouvé que le cuivre fait environ un pour cent moins de déchet dans le fourneau à manche que sur les petits foyers, et on peut attribuer cette différence à ce que l’on perfectionne dans une seule opération une quantité de cuivre qui en exige au moins vingt sur le petit foyer ; on sait que l’on ne peut raffiner du cuivre sans qu’il n’y en ait toujours un peu qui se scorifie avec les matières qui lui sont étrangères : plus le volume est grand, plus la quantité qui se scorifie est petite à proportion… Il est prouvé que la dépense du grand fourneau est moindre de deux tiers de celle qu’exige en charbon le raffinage sur les petits foyers… Le fourneau de Chessy, dans le Lyonnais, à raffiner le cuivre, a plus de chaleur que n’en ont ceux d’Allemagne… Celui de Gruenthal, en Saxe, consomme quatre cent trente-huit pieds cubes de bois de corde, et environ vingt-quatre pieds de charbon pour raffiner quarante quintaux de cuivre noir ; à Tayoba, en Hongrie, on consomme deux cent vingt pieds cubes de bois de corde pour raffiner cinquante quintaux de cuivre noir, auxquels on ajoute trois ou quatre quintaux de plomb, qui se scorifient en pure perte : on sait encore que dix livres de plomb scorifient environ une livre de cuivre. M. Jars, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1769, p. 602 et 603.
  94. On raffine aujourd’hui le cuivre dans de grands fourneaux à réverbère, à l’aide du vent d’un soufflet qu’une roue hydraulique fait mouvoir ; on n’y emploie que du charbon de terre naturel. Chaque raffinage est de quatre-vingts quintaux, et dure quinze à seize heures. On fait ordinairement trois raffinages de suite dans le même fourneau par semaine ; on le laisse refroidir, et on le répare pour la semaine suivante. Quand les opérations sont considérables, il faut avoir trois de ces fourneaux, dont un est toujours en réparation lorsque les autres sont en feu. En se bornant à mille quintaux de fabrication par mois, il suffit d’un de ces fourneaux à réverbère. Mémoire sur l’établissement d’une fonderie et d’un laminoir de cuivre, communiqué à M. de Buffon par M. de Limare.
  95. Les ordres du ministre pour doubler les vaisseaux en cuivre, dit M. de Limare, font prendre le parti d’établir des fourneaux de fonderie et des laminoirs à Nantes, où l’on ferait amener de Cadix les cuivres bruts du Chili et de toute l’Amérique, ainsi que ceux de Mogador et de la Barbarie ; on pourrait même tirer ceux du Levant qui viennent à Marseille, car Nantes est le port du royaume qui expédie et qui reçoit le plus de navires de Cadix, de la Russie et de l’Amérique septentrionale ; il est aussi le plus à portée des mines de charbon de terre et des débouchés d’Orléans et de Paris, ainsi que des arsenaux de Rochefort, de Lorient et de Brest.

    La consommation du cuivre ne peut qu’accroître, avec le temps, par la quantité de nitrières qu’on établit dans le royaume, par le doublage des navires que l’on commence à faire en cuivre, etc., par les expéditions que l’on pourra faire pour l’Inde de planches de cuivre coulé, par la fourniture des arsenaux d’Espagne pour le doublement de leurs vaisseaux, en payement de laquelle on prendrait des cuivres bruts du Mexique, dont le roi d’Espagne s’est réservé la possession, et qui ne perdent que six à sept pour cent dans l’opération du raffinage…

    Les cuivres bruts de Barbarie ne coûteront pas davantage, soit qu’on les tire directement de Mogador et de Larrache par les navires hollandais, soit que l’on prenne la voie de Cadix par les vaisseaux mêmes de Nantes, qui font souvent le cabotage, en attendant leur chargement en retour pour la France. D’ailleurs, ces navires de Barbarie ne donnent que cinq à six pour cent de déchet au raffinage.

    On pourra aussi se procurer des cuivres bruts de la Russie, de la Hongrie, et surtout de l’Amérique septentrionale, qui a fourni jusqu’à ce jour la majeure partie des raffineries anglaises. Mémoire communiqué par M. de Limare à M. de Buffon, en novembre 1780.