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Œuvres d’histoire naturelle de Goethe/Additions (Géologie)

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Martins.
A. Cherbuliez et Cie (p. 398-399).

ADDITIONS.

(1820.)

Dans un de mes fréquents voyages à Carlsbad, je passai de nouveau par la ville d’Eger le 26 avril 1820. Le conseiller de police Grüner, homme aussi complaisant qu’instruit, m’apprit qu’on avait percé un puits, non loin de la coupe faite jadis pour la construction de la route près du Kammerberg, dans l’espoir de trouver de la houille. À mon retour des eaux, M. Grüner me fit l’historique des travaux entrepris, et me montra une collection des roches que le puits avait traversées. À la profondeur d’une toise et demie, on avait trouvé d’abord une lave (Lava) plus compacte que celle réduite à l’état de scorie (verschlackte) dont nous avons parlé ; elle était en morceaux d’une grandeur variable ; on rencontra ensuite une masse rougeâtre, friable, qui n’était que du sable micacé fin, modifié par le feu. Il se montrait mélangé avec de petits débris de lave ou intimement uni avec des blocs de lave. À la profondeur de deux toises on arriva sur du sable micacé (Glimmersand) très blanc et très fin. Une grande partie fut extraite, puis l’entreprise abandonnée. Si on avait pénétré plus avant, on serait, à coup sûr, arrivé sur des schistes micacés, ce qui eût confirmé l’opinion que nous avons émise. Un seul morceau de roche, long comme le doigt, avait quelque analogie avec du charbon de terre. En nous entretenant de ce sujet nous arrivâmes au pavillon, et, en regardant du haut de la colline dans la direction de Franzenbrunn, il nous fut aisé d’apercevoir que, là, le sable micacé blanc sur lequel on était arrivé en perçant le puits venait affleurer à la surface du sol. On pouvait en conclure que le volcan du Kammerberg reposait sur des roches micacées, en partie arénacées ou pulvérulentes, en partie schisteuses et solides ; mais ces schistes ne sauraient être considérés comme la base véritable de la montagne ; pour la rencontrer, il faudrait percer une galerie près du sable micacé de la pente, et se diriger en ligne droite vers l’élévation qui porte le pavillon et près de laquelle se trouve une excavation que l’on a toujours considérée comme étant la bouche du cratère. Cette galerie traverserait toutes les couches formées par le volcan et permettrait d’étudier le point de jonction entre les couches primordiales non altérées, et celles qui sont formées de matières modifiées par la fusion et le boursouflement qui en est le résultat. Ce travail serait unique dans son genre, et si, de l’autre côté, on ressortait là où se trouve la lave solide, il en résulterait pour le géologue un aperçu des plus instructifs. J’apprends en ce moment que ce projet doit s’exécuter sous la direction du comte Charles de Sternberg, auquel la science doit déjà tant de beaux travaux. Que chaque naturaliste rentre donc en lui-même, et se demande quels sont les problèmes que ce travail lui permettra de résoudre.