Œuvres de Albert Glatigny/Lydia

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Œuvres de Albert GlatignyAlphonse Lemerre, éditeur (p. 27-28).



Lydia.



Ô mon père, sous la feuillée,
J’ai vu Lydia qui dormait ;
Mon âme alors s’est éveillée
Avec l’amour qu’elle enfermait.



Mes yeux n’avaient jamais encore,
Sous le voile des vêtements,
Vu cette neige qui décore
Ses membres souples et charmants.

Que Lydia me semble belle !
Laissant flotter leur or vermeil,
Ses cheveux, dont ronde ruisselle,
Lui font un manteau de soleil.

Sa poitrine, comme la mienne,
Ne va pas en s’aplanissant,
Et sa gorge marmoréenne
Monte, monte en s’arrondissant :

C’est comme une double colline,
C’est comme un arc aventureux
Qu’un double bouton illumine,
Rose, à la bouche savoureux :

Et, sur son ventre dur qui brille,
Satyre aimé de Pan, je vois
Encor l’ombre qui s’éparpille
Comme la mousse au pied des bois !

Lydia s’éveilla confuse ;
Moi, je m’enfuis, le trouble au cœur ;
Depuis, le sommeil me refuse
Ses dons, et je tombe en langueur.